dimanche 23 octobre 2011

Teofil en Provence

Au cours de mes recherches sur les artistes qui ont représenté Avignon, j'ai fait une belle découverte. Mais les précisions concernant le séjour du peintre dans la cité des papes se trouvant dans un livre que j'ai dû commander, il m'a fallu attendre de le recevoir pour la publier.

Paysage d'Avignon (détail) 1850

Un peintre polonais plantant son chevalet à Avignon, au milieu du Rhône et du dix-neuvième siècle, voila de quoi surprendre !
Si vous vous intéressez de près à la peinture et si vous avez une bonne mémoire, son nom vous dira peut-être quelque chose. Et encore, ce n'est pas sûr... Teofil Kwiatkowski étant plus connu pour sa "Polonaise de Chopin", ou pour ses "Sirènes", que pour l'ensemble de son œuvre picturale.

Polonaise de Chopin ou Bal à l’hôtel Lambert
Aquarelle et gouache sur papier marouflé sur toile, 53,5 x 119 cm
Teofil Kwiatkowski - 1859
Musée national, Poznań (crédit photo)

Le cheminement par lequel un peintre polonais s'est retrouvé à Avignon passe par son histoire personnelle, qui va se trouver étroitement liée à celle de son pays.

Teofil Antoni de Jaxa Kwiatkowski est venu au monde en 1809 dans une famille appartenant à la noblesse polonaise de Pułtusk, une petite ville située au nord-est de la Pologne. Petit rappel historique, à partir de 1772 et durant tout le XIXe siècle, la Pologne n'est plus qu'un simple territoire écartelé entre la Russie, la Prusse et l'Autriche. Lorsque l'insurrection polonaise de novembre 1830 contre les occupants russes éclate, Teofil vient de passer cinq ans dans la section peinture du département des Beaux-Arts de l’Université de Varsovie, où il a eu pour professeur Antoni Brodowski, ancien élève de David. Et c'est à ce moment précis que s'enclenche le processus qui va aboutir aux séjours de Teofil Kwiatkowski à Avignon.

Paysage d'Avignon
Huile sur panneau, 21,5 x 32 cm
Teofil Kwiatkowski - 1850
Musée national, Cracovie (lire la notice)

En janvier 1831, l'armée polonaise doit faire face aux troupes russes venues mater l'insurrection qui avait pris une dimensions nationale. L'engagement de Teofil dans ses rangs va être l'élément déterminant de son destin. Les dissensions entre "Blancs" et "Rouges" parmi les insurgés ayant entraîné la défaite de l'armée polonaise, les Russes envahirent Varsovie. La répression qui s'ensuivit fut féroce : confiscations, déportations, dissolution de l'armée, fermeture de l'Université et des écoles supérieures.

Autoportrait
Teofil Kwiatkowski - vers 1855
Bibliothèque Polonaise de Paris
La mainmise des Russes sur les fonctions importantes, ainsi que les menaces de châtiment exemplaire en cas de récidive, furent à l'origine de la "grande émigration". 

En 1832, ce sont près de sept mille membres de la noblesse et de la bourgeoisie, avec parmi eux des officiers de l'armée, qui fuient la Pologne pour venir s'installer en France.

Cependant, pour Louis Philippe la présence de polonais sur le territoire français constituait une menace politique. En outre, l'épidémie de choléra partie des Indes en 1926, après avoir frappé la Pologne, venait d'atteindre la France au début du printemps.

Concernant tous les polonais arrivant en France, le mot d'ordre fut donné de les cantonner n'importe où, sauf à Paris ! Pour les héberger des dépôts furent créés à Avignon, Bergerac, Besançon, Bourges, Châteauroux, Le Puy, Lunel, Mont-de-Marsan, et les polonais y furent assignés à résidence. Les dépôts d'Avignon et de Besançon étaient réservés aux militaires.

C'est ainsi que Teofil Kwiatkowski, sous-lieutenant issu de la noblesse polonaise, se retrouva à Avignon au début de l'année 1832. Une modeste pension ayant été allouée aux réfugiés pour leur permettre de survivre, en tant qu'officier Teofil recevait 53 francs par mois. Selon leurs ressources, les officiers comme lui prenaient pension dans des hôtels garnis, ou chez des particuliers.

Le 21 avril, le gouvernement édicta une "loi sur les résidents étrangers" qui visait essentiellement les Polonais. Cette loi limitait leurs déplacements en les soumettant aux contrôles de police. Néanmoins, dès la fin de cette année 1832, Teofil obtint l'autorisation de quitter Avignon pour se rendre à Paris.

Du premier séjour de Teofil à Avignon, on ne sait pas grand chose. Encore moins concernant ses premières peintures sur le sol français. Tant que le catalogue raisonné de ses œuvres ne sera pas établi, on ne pourra émettre que des suppositions. C'est le cas pour le très beau portrait au fusain conservé au Louvre. Le visage est assurément celui d'une jeune méditerranéenne, mais ce dessin n'est pas daté...

Femme orientale
Teofil Kwiatkowski
Musée du Louvre (voir la notice)
On peut néanmoins penser que ce portrait fait partie des études que Téofil exécuta lors de ses séjours  en Provence, principalement Marseille et Avignon, entre 1840 et 1848. La communauté de pêcheurs catalans établie à Marseille depuis 1720 lui a fourni maints modèles, les jeunes femmes qui attendent le retour des pêcheurs sur l'aquarelle ci-dessous, par exemple.

En attendant le bateau
Teofil Kwiatkowski - 1845
Aquarelle et gouache
collection privée (notice)

Lorsqu'en 1850, Teofil peint à l'huile son Paysage d'Avignon (voir plus haut) il place sur la rive de la Barthelasse (l'île entre les bras du Rhône) les personnages de l'aquarelle qu'il avait réalisée en 1841.

Avignon, pêcheuse et ses enfants
Aquarelle, 17 x 20,5 cm
Teofil Kwiatkowski - 1841
Musée national, Varsovie (notice du musée)

La même année, Teofil représente une jeune marseillaise :

Jeune catalane des environs de Marseille
Teofil Kwiatkowski - 1841
aquarelle et crayon, collection privée (notice)

Deux ans plus tard, il fait le portrait d'une jeune Avignonnaise. Un dessin effectué avec une toute autre technique et dans un style différent de la jeune marseillaise ci-dessus, mais où l'on reconnaît la même influence "Ingresque" dans la position des bras. En 1836, Teofil fut élève de Léon Cogniet, un grand admirateur d'Ingres. Ceci explique sans doute cela...

Portrait d'une Avignonnaise
Teofil Kwiatkowski - 1843
pastel et gouache, collection privée (notice)
Dans le même genre et la même année, c'est une Marseillaise et son bébé que Teofil, cette fois, a croqués :

Portrait d'une Marseillaise avec son enfant
Teofil Kwiatkowski - 1843
pastel et gouache, collection privée (notice)

L'année suivante, en 1844, Teofil est encore à Marseille et peint un groupe de jeunes femmes à l'entrée d'un port – celui de la cité phocéenne sans aucun doute – avec la même technique d'aquarelle gouachée que pour l'attente du retour de pêche qu'il peindra l'année d'après (vue plus haut). On y reconnait la pêcheuse avignonnaise de l'aquarelle de 1841, reprise dans son tableau à l'huile de 1850 Paysage d'Avignon (vu au début de ce billet).

Jeunes femmes à l'entrée d'un port
Teofil Kwiatkowski - 1844
Aquarelle et gouache, collection privée (notice)
Il est temps maintenant de passer à une période ultérieure de la vie de Teofil Kwiatkowski et de vous présenter les vues d'Avignon et de ses environs qu'il a réalisées dans un genre très différent, son style ayant beaucoup évolué au cours des années (son acuité visuelle aussi).

Enfants d'Avignon
Teofil Kwiatkowski - 1864
aquarelle, musée national, Varsovie (notice)
Ce groupe d'enfant que l'on voit ci-dessus devant le palais des papes est une vue d'artiste. Pour Teofil, elle fera office d'aide-mémoire pour son Souvenir d'Avignon peint à l'huile seize ans plus tard (voir plus bas).


Enfants d'Avignon
Teofil Kwiatkowski - 1869
aquarelle, musée national, Varsovie (notice)
Ci-dessus, toujours le même groupe d'enfants, le garçon et un gros chien tirant le chariot où sont assis les deux petits, la fille le poussant, deux autres chiens jappant joyeusement autour d'eux. Mais cette fois ils vont dans l'autre sens et c'est Villeneuve-lez-Avignon (sur la rive opposée du Rhône) que l'on voit derrière eux, avec la tour Philippe-le-Bel et le fort St André.


Souvenir d'Avignon
Teofil Kwiatkowski - 1880
Huile sur panneau, musée national, Poznan (crédit photo)
Là Teofil reprend le thème de son aquarelle de 1864 pour en faire un tableau à l'huile où il accorde plus d'importance au palais des papes, le situant cette fois avec plus de précision et de rigueur. Le rocher des Doms sur sa gauche et le beffroi de Jaquemart à sa droite étant bien identifiables. Tout comme le sont les remparts en bordure du Rhône.


Avignon vue de l'île de la Barthelasse
Teofil Kwiatkowski - 1885
Huile sur panneau, SHLP - Bibliothèque Polonaise, Paris (crédit photo)
cliquez sur l'image pour l'agrandir
Point d'orgue à ce billet, cette ultime vue d'Avignon et du pont St Bénezet peinte par Teofil, du temps où l'on pouvait encore se baigner dans le Rhône...

En conclusion, après qu'il eut quitté Avignon en 1832 peu après y être arrivé, Teofil Kwiatkowski est revenu plusieurs fois tout au long de sa vie vers cette ville qui l'avait accueilli et dont il a fidèlement gardé le souvenir.

Sources :
Un peintre polonais sur les bords du Cousin
Pologne. L'insurrection de 1830-1831 : sa réception en Europe
Bicentenaire de la naissance du peintre Teofil Kwiatkowski


©VesperTilia, échos-de-mon-grenier 2011

33 commentaires :

  1. Je ne connaissais pas, merci. C'était un artiste de grand talent !

    Bon dimanche avec bises de nous deux.

    RépondreSupprimer
  2. À rapprocher de cette gravure :
    http://avignon.midiblogs.com/media/02/00/804796276.jpg
    sous-titrée "Plac Ratusza w Awenijonie" (Place de l'Hôtel de ville à Avignon) et mentionnant "Lithographié par un réfugié polonais", dont le mât pavoisé situe la date au début des années 1830.

    RépondreSupprimer
  3. Une découverte... et un article qui fera date.

    Quelle passion, amie, quel talent, quel goût pour la peinture! On lit cela comme de source. Fluide comme lumineuses sont les oeuvres de cet artiste.

    RépondreSupprimer
  4. Je suis toujours fasciné par la façon dont tu traites les sujets et par ton travail de recherche !

    Je découvre et j'admire

    RépondreSupprimer
  5. Beau travail de recherche, bravo et une découverte pour moi aussi. Un témoignage sur une époque, la grande émigration des Polonais et la formidable adaptation de cet artiste. Témoignage aussi sur la ville et la vie à cette époque. Merci

    RépondreSupprimer
  6. @ PATRIARCH

    Oui, un véritable artiste, autant doué pour la musique que pour la peinture, injustement oublié faute d'avoir voulu se hausser du col !...
    Beau temps chez vous et bises à vous deux

    RépondreSupprimer
  7. @ AVIGNON

    Gramaci ! Intéressant document que cette litho, on y voit toutes sortes d'uniformes. Peux-tu me dire si parmi eux tu reconnais des polonais ? Certaines casquettes me semblent étranges pour faire partie d'uniformes français, mais c'est toi le connaisseur en la matière...

    RépondreSupprimer
  8. @ JEANDLER

    Merci pour ton appréciation, c'est vrai qu'avec les peintres qui ont croqué Avignon, j'ai enfourché un sacré dada ! Sûr que ce billet va rester dans ma mémoire, vu la profondeur des fouilles que j'ai dû entreprendre dans les replis de la toile pour y dénicher les œuvres de Teofil en rapport avec Avignon.

    Avec la documentation accumulée, j'ai de quoi faire un billet sur l'amitié entre Chopin et Teofil, mais ce ne sera pas dans l'immédiat.

    RépondreSupprimer
  9. @ PAT

    Le partage d'une découverte double, que dis-je ? décuple ! le plaisir de l'avoir faite. Et je suis heureuse que tu apprécies ce partage.
    J'essaie de traiter les sujets le plus simplement possible, tels que je les perçois.

    RépondreSupprimer
  10. @ FARDOISE

    Pour ce qui est du séjour des officiers polonais à Avignon et des relations de Teofil avec les habitants, Marc Rozanski (l'auteur du seul livre entièrement consacré à Teofil) dit dans son bouquin qu'il y a des traces le concernant aux archives municipales, notamment au sujet du paiement de sa pension.

    RépondreSupprimer
  11. Je deviens plus savante en lisant tes billets ! Celui-là est encore fouillé au maximum,concernant ce peintre que je découvre grâce à toi !
    Bel hommage à ta ville chérie et à Teofil ! Bravo !

    RépondreSupprimer
  12. @ ENITRAM

    Figures-toi que moi aussi j'apprends plein de chose au cours de mes recherches. Je ne savais rien du séjour des officiers polonais à Avignon, suite à l'insurrection de 1830 dont j'ignorais tout. Et à ma grande honte, bien qu'ayant un oncle polonais (que je n'ai pas connu, il est vrai) les raisons de l'émigration polonaise m'échappaient totalement !

    Merci pour tes félicitations,
    à bientôt, bises et bonne semaine

    RépondreSupprimer
  13. Merci Tilia ! J'en sais un peu plus sur le pourquoi et le comment du séjour de Kwiatkowski en Avignon, j'aime bien cet artiste, mais il faut que je comprenne comment tu fais pour t'immiscer dans mon cerveau ! lol Télépathie ? Tu m'avais déjà "fait le coup" lol pour l'Ukiyo-e...Et là, je prépare un billet sur Kwiatkowski, (mais, outre une imagerie fournie dont le portrait de 1835 ! lol, j'avais peu de choses sur lui mis à part sa bio sur Beskid, je recherchais plus de documentation) Donc ben, je passe à un autre artiste ! lol Merci pour ce billet, toujours très complet et bien construit.

    Bisous Tilia et belle semaine !

    Nath.

    RépondreSupprimer
  14. Bonjour Tilia !
    Je viens de prendre un cours formidable.
    Entre la connaissance de ce peintre,ses oeuvres, l'histoire en Pologne et une vue de la vie en Avignon de son époque. Quel régal !
    Merci Tilia.

    RépondreSupprimer
  15. @ NATHANAËLLE

    Désolée de t'avoir devancée pour ton billet sur Teofil, j'avais le mien "sous le coude" depuis deux mois ;-)

    Le portrait de 1835 dont tu parles m'intrigue beaucoup. D'après Marc Rozanski, le premier portrait peint en France par Kwiatkowski date de 1838...

    Mon article sur Teofil en Provence n'évoque qu'une toute petite partie de l'œuvre et de la vie de Kwiatkowski. Rien ne t'empêche de faire ton propre billet, je suis certaine qu'il sera, comme toujours, passionnant et je m'en délecte par avance.

    Merci pour ta fidélité,
    bisous et à tout de suite, je file à l'Opéra.

    RépondreSupprimer
  16. @ CLAUDE

    C'est ce qu'il y a de passionnant dans les échanges rendus possibles par la magie de la toile. Que ce soit chez toi ou chez d'autres, j'apprends toujours moi aussi des choses que j'ignorais !

    Bonne semaine, Claude, entre ton four et ton jardin ;-)

    RépondreSupprimer
  17. Oui,un billet très fouillé et très intéressant. Pour moi aussi le peintre est une découverte. j'aime voir Avignon telle que la ville était au XIX ème siècle.
    J'essaie de voir dans ces tableaux, mais ce n'est pas visible, si la Barthelasse était déjà une île d'un seul bloc ou une série d'îlots autour desquels s'amoncellent les alluvions.

    RépondreSupprimer
  18. @ CLAUDIALUCIA

    Pardonne moi de répondre tardivement, j'ai pris le temps de vérifier dans la documentation que j'ai accumulée en prévision des futurs billets de ma série "Avignon vue par les peintres" (essentiellement des artistes de XIXe et XXe siècles). Il y a un tableau, datant des années 1830 et peint depuis Villeneuve, sur lequel on voit très bien la Barthelasse. Elle présente sensiblement le même aspect qu'aujourd'hui.

    Par contre, il y a au musée Calvet une vue d'Avignon aux alentours de 1700 (peinte par Robert Bonnart) et là, on voit très bien la séparation entre l'île Piot et la Barthelasse proprement dite.

    Plus de précisions sur cette page.

    RépondreSupprimer
  19. Bonne idée que nous faire découvrir ou redécouvrir ce peintre peu connu. Je ne sais pas grand chose de lui et ce billet est fort instructif.
    Théophile Gautier avait une de ses oeuvres dans sa chambre. Il en parle dans son recueil de poésies "Emaux et Camées". Mais je ne sais plus dans laquelle. Je crois qu'il y a deux "Paysages d'Avignon". Celui de 1850 a dû être terminé hors le motif: ces rochers au premier plan ne pourraient se trouver, au mieux qu'à Villeneuve, et encore...

    RépondreSupprimer
  20. @ LOU RAVI

    L'aquarelle de Théophile Gauthier est le sujet de mon billet précédent, un peu d'attention SVP ;-)

    Il est vrai que la roche au premier plan du "Paysage d'Avignon" de 1850 ne peut qu'appartenir au "Rocher de la Justice". Mais dans ce cas, la Barthelasse est passée à l'as, ou bien sous les eaux !!!

    RépondreSupprimer
  21. Je suis impardonnable...Le type toujours pressé que je suis devrait, effectivement, être plus attentif. "Téofil" m'avait accroché et j'ai négligé "Correspondances". J'ai donc la réponse à mon interrogation avant même de m'être interrogé sur cette poésie ! Un de nos spécialistes de la peinture provençale, Raphaël Mérindol a écrit quelques lignes sur T. K dans les Mémoires de L'Académie de Vaucluse. Je dois encore avoir ce n° puisque les notes que j'ai en sont extraites. Je me demande si je n'ai pas vu ce peintre exposé, il y a bien longtemps, au centre culturel polonais qui était dans le quartier latin, peut-être Bd St Germain. Bon, pour faire amende honorable après mon lamentable raté du billet précédent je vais aller faire pénitence dans mon grenier où j'ai une collection, incomplète des Mémoires de l'Académie...

    RépondreSupprimer
  22. Merci à vous d'avoir déroulé ce Téofil là, Tilia. Bravo pour vos savantes recherches et ce que nous apprenons grâce à vous!

    RépondreSupprimer
  23. Bjr, j'ai du me planter hier ayant probablement oublié d'enregistrer. Je disais en effet avoir retrouvé l'article de Mérindol dans les Mémoires de 2007. Il signale qu'il existe deux versions de Paysage d'Avignon: 1840 et 1850, et deux aussi de Souvenirs d'Avignon: 1864 et 1869. Il trouve un intérêt essentiellement historique et non artistique à ces aquarelles dont il doute qu'elles aient été réalisées toutes sur place. S'agissant de ces deux dernières il écrit qu'elles ont été "possiblement exécutées dans la capitale par un artiste vieillissant et nostalgique". Il donne la date du premier départ des polonais d'Avignon: mai 1833 (remerciements du colonel Bréaski, journal l L'Echo de Vaucluse 19 mai 1833). TK revient et repart à Paris le 23 novembre 1843. Il revient encore et réalise en 1845 le portrait d'Eulalie Lagier (je ne sais qui elle était). Il serait aller peindre à Fontaine de Vaucluse. Au sujet de ce retour dans les années 45 (?) Raphaël Mérindol écrit: "Sans doute lui était-il possible de trouver sur place un hébergement dans une ville qu'il connaissait bien et où il avait su tisser un réseau d'accointances".
    Je vais essayer d'en savoir plus sur cette Eulalie Lagier (qui ne serait donc pas cette femme du "Portrait d'une avignonnaise" puisque ce tableau est daté de 1843).

    RépondreSupprimer
  24. @ CHRI

    L'écheveau est passablement emmêlé et Lou Ravi vient de tirer sur un autre bout !

    RépondreSupprimer
  25. @ LOU RAVI

    Dans son bouquin, Marc Rozanski parle du portrait d'Eulalie Lagier :
    D'autres portraits datent de cette époque : une jeune Avignonnaise en 1843 dont la position des mains est typique de l'école d'Ingres, une femme et son bébé la même année à Marseille, enfin un dessin qui, pour une fois, porte à la fois la mention de la personne représentée, le lieu et la date. Il représente une tête de jeune femme vue de trois quarts dos. L'artiste a particulièrement travaillé la coiffure nouée en chignon. Le dessin porte la mention « madame Oulalie Lagie, Avignon 1845 », Si « Oulalie » signifie évidemment « Eulalie », pour le nom il faut tenir compte du fait que la lettre « e » se prononce « é » en polonais. Cette subtilité a permis de retrouver dans les archives d'Avignon une Eulalie Lagier, rentière, décédée le 10 janvier 1882.

    Les archives municipales ont mis en ligne les registres de cette époque et lorsque j'ai rédigé ce billet j'ai pu voir l'acte de décès de cette Eulalie Lagier (veuve Bouvier) née à Paris en 1832.
    Le lien pour accéder au registre est celui-ci, mais depuis quelques jours le site est en carafe (ce qui me fait copieusement enrager). Néanmoins, quand il voudra bien fonctionner, l'acte d'Eulalie Lagier porte le n° 31 et se trouve sur la seizième page du registre numérisé des décès de l'année 1882.

    RépondreSupprimer
  26. @ LOU RAVI again !

    Pour les "paysages" d'Avignon, il est tout à fait probable qu'il existe un tableau ou une aquarelle de 1840. Il faudrait que j'aille voir à la bibliothèque Polonaise (dans l'Île Saint-Louis). Concernant les deux "souvenirs d'Avignon" de 1864 et 1869 dont parle Mérindol, il sont reproduits tous les deux dans mon présent billet.

    Si celui de 1864 parait être (comme je l'ai écrit) une "vue d'artiste", dans le sens où ce tableau ne semble pas correspondre à la réalité, le second, par contre, représente assez bien la rive de Villeneuve, avec notamment la Tour Philippe le Bel.

    RépondreSupprimer
  27. @ LOU RAVI, one more time

    À propos d'Eulalie, je viens de retrouver un bout de papier sur lequel j'avais noté des précisions relevées dans son acte de décès.
    Elle s'appelait Eulalie Philippine Lagier (rentière, comme le mentionne Rozanski) et elle est morte à son domicile, 8 rue de la République.

    RépondreSupprimer
  28. Bigre, bravo pour toutes ces recherches !

    RépondreSupprimer
  29. Je vous arrive avec un peu de retard, mais je voulais avoir du temps devant moi pour lire attentivement votre billet.

    Je ne connaissais pas plus les événements que le peintre que vous évoquez. Merci donc pour cette incursion dans une page de l'histoire de France qui m'avait échappée! Vous me donnez envie d'entreprendre une série de publications qui s'organiseraient moins autour d'une thématique que d'une localisation des tableaux. Notre Musée vient en effet de réouvrir ses portes, agrandi d'un nouveau pavillon, et j'ai bien envie de me familiariser avec les nouvelles oeuvres qui sont ainsi sorties des réserves. Dès que je suis à nouveau capable de gambader, je vous en reparle!

    RépondreSupprimer
  30. @ MARIE-JOSÉE

    Alors je vous souhaite d'être rapidement sur pied, j'ai hâte de découvrir vos futures trouvailles.
    Le musée dont vous parlez, j'imagine que c'est le musée des Beaux-Arts de Montréal ? J'aperçois là des choses qui me font saliver !

    RépondreSupprimer
  31. Effectivement, Tilia, c'est bien le Musée des Beaux-Arts de Montréal. Notre nation est jeune et, hormis le Musée d'art contemporain qui, je dois l'avouer, m'attire un peu moins, le MBAM est notre seul grand musée encyclopédique.

    Au plaisir, donc, de vous faire découvrir certains peintres d'ici!

    RépondreSupprimer
  32. Excellente découverte pour moi également et une mise en scène réussie qui attire et guide le lecteur jusqu'à la fin du billet.

    RépondreSupprimer
  33. Comme toujours je retrouve avec plaisir tes billets si riches en documentation.
    Bon dimanche

    RépondreSupprimer