jeudi 31 octobre 2013

L'Apothéose des Chats noirs


Portrait d'un chat
Julius Adam - 1900
Städtische Galerie Karlsruhe, Allemagne



Petite fille avec un chat
Théophile-Alexandre Steinlen - 1889



À la porte du jardin
Helen Paterson-Allingham - vers 1916



Chat noir sur un coussin rouge
André Dignimont (1891-1965)
Palais des Beaux-Arts, Lille



Chat noir sur une chaise
Andrew L. von Wittkamp - 1850
Museum of Fine Arts, Boston (notice)



Intérieur aux deux verres
Marius Borgeaud - 1923
Musée cantonal des Beaux-Arts, Lausanne



Le dîner
Jules-Alexandre Grün - 1911



Nature morte avec un chat noir
Thomas Hart Benton - 1958



Femme accroupie offrant du lait à un chat
Félix Vallotton - 1919



Olympia
Édouard Manet - 1896
Musée d'Orsay (notice)



Femme au lit jouant avec son chat
Félix Vallotton
Félix Vallotton, Le Feu sous la Glace, exposition du 2 octobre 2013 au 20 janvier 2014



Étude de femme
Tancrède Synave - 1909
Musée d'Art et d'Histoire Marcel Dessal, Dreux (notice)



Marchands de fourrure descendant le Missouri
George Caleb Bingham - 1845
Metropolitan Museum of Art, New-York (lire la notice)

En réponse à la devinette posée à la fin de ce billet, ci-dessus, c'est un ourson, et non un chat, qui est enchaîné à la proue de l'embarcation. Ce tableau n'a donc pas lieu de se trouver parmi une série de peintures consacrée aux chats noirs (voir l'explication en cliquant sur le lien vers la notice du musée).


Pour compenser l'exclusion de ce tableau, en voici deux autres, récemment découverts. Le Boldini m'a été signalé par Nathanaëlle, merci à elle.


Fille avec un chat noir
Giovanni Boldini - 1885



Honorable Mr Cat
Helen Hyde - 1903
Art Institute of Chicago (notice du musée)

Après cet intermède, la série continue


Le Pont
Carl Larsson - 1912



Autoportrait au collier d'épines
Frida Kahlo - 1940
Harry Ranson Center, Austin,Texas (lire la notice)



Sita et Sarita
Cecilia Beaux - 1893
Musée d'Orsay (lire la notice)



La vierge au chat
Adolphe Willette - 1881



La robe verte
John White Alexander - 1896



Noir et Rouge
John White Alexander - 1896



Dans le boudoir
Lucius Rossi (1846-1913)
(notice de Christie's)



Femme assise au chat
Pierre Bonnard - 1891
Musée d'Orsay (notice)



Marguerite au chat noir
Henri Matisse - 1910
Centre Pompidou, (acquisition récente)



Chats à la fenêtre
Nicolas Tarkhoff - 1903
Musée du Petit Palais, Genève (crédit)



Chinatown
Stuart Davis - 1910Amon Carter Museum of American Art, Fort Worth, Texas (crédit)



Chatte et plateau
Nathalie Gontcharoff - 1910
Centre Pompidou, Paris



Une mère chatte se reposant tandis que ses chatons jouent
Henriëtte Ronner-Knip - 1896
(crédit)



Les céramistes
Victor Marec - 1896
Musée d'Orsay (notice)



Her first place
George Dunlop Leslie -
Christopher Wood Gallery, Londres (notice)



Portrait de jeune femme avec un chat noir
Giuseppe de Nittis  - 1882
Musée De Nittis, Barletta, Italie



Jeune ballerine tenant un chat noir
Pierre Carrier-Belleuse - 1895



Danseuse au chat noir
Pierre Carrier-Belleuse - 1895



Femme mince avec un chat
Géza Faragó - 1913
(notice)



La lecture
Kees van Dongen



La Sorcière au chat noir
Paul Ranson - 1893
Musée d'Orsay (notice)



L'Apothéose des Chats à Montmartre
Théophile-Alexandre Steinlen - 1905
Musée de Montmartre

Dans l'Antiquité, l'apothéose désignait la déification des empereurs, un acte de divinisation par lequel leur personne devenait l'objet d'un culte officiel. Ci-dessus ce sont les chats de Montmartre qui ont élu leur Dieu.

*****

Pour clore cette apothéose des chats noirs en peinture, je propose aux passionné(e)s de devinettes de dénicher l'intrus qui s'est subrepticement glissé parmi toutes ces peintures...


et je vous souhaite à toutes et à tous
une joyeuse Halloween !






EDIT du lundi 4 novembre 2013

La solution de l'énigme posée par le tableau intrus est à découvrir dans le cours du billet.

Deux lectrices ont mentionné le tableau en question.

Josette a été la première à en parler, sans toutefois donner la bonne raison pour laquelle ce tableau de George Caleb Bingham n'a pas sa place dans cette série de tableau consacrée aux chats noirs.

Nathanaëlle l'a également mentionné une première fois (sans avoir trouvé pourquoi il n'a pas sa place ici) ensuite elle a été la première (après avoir suivi mon conseil de lire les notices des musées) a mentionner l'ourson.

Est-ce volontairement, ou non, que le peintre lui a fait des oreilles de chat ?.. À moins de faire une séance de spiritisme, il est un peu tard pour lui poser la question !


©VesperTilia, échos-de-mon-grenier 2013

vendredi 25 octobre 2013

Je suis le diable !


Chat noir (détail)
Hishida Shunsō (1874-1911)
estampe entière cliquer ici



Je suis le diable. Le diable. Personne n'en doit douter. Il n'y a qu'à me voir, d'ailleurs. Regardez-moi, si vous l'osez ! Noir, — d'un noir roussi par les feux de la géhenne. Les yeux vert poison, veinés de brun, comme la fleur de la jusquiame.



Pierrot et le Chat
Théophile-Alexandre Steinlen - 1889
Poppenspel Museum,Vorchten, Pays-Bas



J'ai des cornes de poils blancs, raides, qui fusent hors de mes oreilles, et des griffes, des griffes, des griffes. Combien de griffes? je ne sais pas. Cent mille, peut-être. J'ai une queue plantée de travers, maigre, mobile, impérieuse, expressive, — pour tout dire, diabolique.



Affiche du Chat Noir
Théophile-Alexandre Steinlen - 1896
BNF



« Je suis le diable, et non un simple chat. Je ne grandis pas. L'écureuil, dans sa cage ronde, est plus gros que moi. Je mange comme quatre, comme six, — je n'engraisse pas.



Automne
Hishida Shunsō - vers 1910



« J'ai surgi, en mai, de la lande fleurie d'œillets sauvages et d'orchis mordorés. J'ai paru au jour, sous l'apparence bénigne d'un chaton de deux mois. Bonnes gens ! vous m'avez recueilli, sans savoir que vous hébergiez le dernier démon de cette Bretagne ensorcelée. « Gnome », « Poulpiquet », « Kornigaret », « Korrigan », c'est ainsi qu'il fallait me nommer, et non « Poum » ! Cependant, j'accepte pour mien ce nom parmi les hommes, parce qu'il me sied.



Chat Noir (Kuroki Neko)
Hishida Shunsō - 1910
Musée Eisei Bunko, Tokyo (notice)



« Poum ! » le temps d'une explosion, et je suis là, jailli vous ne savez d'où. « Poum !  j'ai cassé, d'un bond exprès maladroit, le vase de Chine, et « poum ! » me voilà collé, comme une pieuvre noire, au museau blanc du lévrier, qui crie avec une voix de femme battue... « Poum ! » parmi les tendres bégonias prêts à fleurir, et qui ne fleuriront plus...



Chat et bambou - Chat et cyclamen
Hishida Shunsō - vers 1910
crédit images : 菱田 春草 (page longue à charger, mais qui vaut la peine d'être vue)



« Poum ! » au beau milieu du nid de pinsons, qui pépiaient, confiants, à la fourche du sureau... « Poum ! » dans la jatte de lait, dans l'aquarium de la grenouille, et « poum ! » enfin, sur l'un de vous.


 
Des chats: images sans paroles
Théophile-Alexandre Steinlen - 1898
The Metropolitan Museum Of Art (voir la notice)



« En trois secondes, j'ai tiré une mèche de cheveux, mordu un doigt, marqué quatre fleurs de boue sur la robe blanche, et je m'enfuis... N'essayez pas de me retenir par la queue, ou je jure un mot abominable, et je vous laisse dans la main une pincée de poils rêches, qui sentent le brûlé et donnent la fièvre !


Chat au clair de lune
Théophile-Alexandre Steinlen



« Et gardez-vous, si je chante trop haut, cette nuit, de mettre le nez à la fenêtre : vous pourriez mourir soudain de me voir, sur le faîte du toit, assis tout noir au centre de la lune !... »

Colette, « Poum » La Paix chez les bêtes
Éditions George Crès et Cie, Paris, 1916

Vous pouvez continuer la lecture de cette nouvelle de Colette (dans l'un des volumes d'origine) en cliquant ici.

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Comme vous l'avez peut-être deviné, ce billet sur le chat noir n'est pas sans rapport avec l'approche de la fête d'Halloveen. La mauvaise réputation des chats noirs ne date pas d'hier. Depuis le Moyen-Âge jusqu'au siècle dernier, toutes sortes de superstitions collent aux pattes de ces infortunés félins. Accusés de servir de déguisement aux sorcières en partance pour le Sabbat, tout comme les Cathares accusés d'adorer le diable, moults chats noirs finirent sur les bûchers de l'Inquisition ou de l'obscurantisme populaire.


En 1958, le chat noir a été remis à l'honneur, sous forme de Bagheera miniature, avec la création de la race Bombay.


Dans l'attente d'un prochain billet présentant des chats noirs peints par des artistes plus ou moins connus, je vous propose une petite mosaïque mystère. Si cela vous tente, à vous de reconnaître (ou pas !) les peintres des tableaux dont les détails ci-dessous sont issus.














































Et pour terminer en musique cette courte apologie du chat noir, voici un extrait de la célèbre comédie musicale du début des années quatre-vingt...CATS !






Bonne fin de semaine
à bientôt



©VesperTilia, échos-de-mon-grenier 2013

mardi 15 octobre 2013

EL Henry, peintre de l'authentique


The 9:45 A.M. Accommodation Stratford, Connecticut (détail)


Comme suite au billet précédent, voici la présentation du peintre de la "grosse frayeur", cette devinette picturale qui a tant fait cogiter certaines lectrices du grenier !

A Moment of Peril
Edward Lamson Henry - 1890
(collection privée)


Edward Lamson Henry, s'est toujours appliqué à représenter avec une grande fidélité les scènes anecdotiques de la vie américaine à son époque. La majeure partie de son œuvre foisonnante est faite de scènes de genre finement observées, ce qui constitue un véritable fond documentaire sur les usages de la vie courante au dix-neuvième siècle en Amérique du Nord.
Voir ci-dessous l'ingénieuse technique utilisée pour le battage du fourrage.


The hay trasher
Edward Lamson Henry - (non daté)
(crédit image)

Outre les débuts du chemin de fer et les croisières fluviales, ses sujets de prédilection étaient les chevaux et les véhicules hippomobiles, tous rendus avec force détails et beaucoup de minutie. Des sujets auxquels il convient d'ajouter quelques reconstitutions historiques de la guerre d'Indépendance et des souvenirs de la guerre de Sécession, ainsi que quelques portraits et intérieurs de maison.


Station on the Morris and Essex Railroad
Edward Lamson Henry - 1864
(collection privée)


The 9:45 A.M. Accommodation Stratford, Connecticut
Edward Lamson Henry - 1867
MetMuseum New-York (notice)


Parmi ses reconstitutions de scènes à l'époque de la guerre d'Indépendance, le tableau ci-dessous mêle astucieusement le penchant accusé du peintre pour les voitures attelées avec le thème historique.


Passing the Outposts on the Old Kingsbridge Road
Edward Lamson Henry - 1903
(crédit image)



EL Henry par John George Brown en 1868
Edward Lamson Henry, plus couramment appelé EL Henry, est né en Caroline du Sud le 12 janvier 1841, mais il a été élevé à New-York. Il avait dix-sept quand il est allé étudier à la Pennsylvania Academy of Fine Arts de Philadelphie. C'est là qu'il a rencontré un antiquaire avec lequel il s'est lié d'amitié. Une amitié qui fut à l'origine de la véritable passion qu'éprouvait Henry pour les objets anciens.




Couple on a horse and buggy
Edward Lamson Henry - (non daté)
(crédit image : Christie's)


Depuis le simple objet utilitaire jusqu'au horse and buggy (représenté ci-dessus tiré par un Morgan) en passant par le mobilier, toute sa vie, EL Henry a collectionné les antiquités. Les éléments de sa collection lui ont très souvent servi de modèles et ils figurent dans ses peintures.


In Sight of Home
Edward Lamson Henry - 1882
The Johnson Collection (notice)



The country store
Edward Lamson Henry - 1885
The Smithsonian American Art Museum (lire la notice)



The latest village scandal
Edward Lamson Henry - 1885
(collection privée)


Carriage ride
Edward Lamson Henry - 1886
(notice de christie's)



Peint spécialement pour une exposition qui eut lieu à Chicago en 1893, le tableau ci-dessous commémore un évènement qui s'était déroulé soixante ans plus tôt : le premier voyage utilisant une locomotive à vapeur sur la route d'Albany à Schenectady.


The First Railroad Train on the Mohawk and Hudson Road (détail)
Edward Lamson Henry - 1892
Albany Institute of History and Art
cliquer ici pour lire la notice, voir le tableau entier et admirer la finesse de ses détails


Même lorsqu'il peignait un sujet anecdotique, EL Henry restait fidèle à la source principale de son inspiration, celle des promenades et voyages sur terre et sur eau et ce, quel que soit le mode de transport, animal ou mécanique, telle la bicyclette de la jeune femme ci-dessous.


The New Woman
Edward Lamson Henry - 1892
(collection privée)


En 1860 le jeune Henry se rendit à Paris pour suivre les cours de Charles Gleyre aux Beaux-Arts, ce qui l’amena à côtoyer les peintres de l'École de Barbizon. Après deux années d'études de la peinture en France, EL Henry retourna aux États-Unis, où la guerre de Sécession était entamée depuis un an. Souhaitant voir "le côté pictural" du conflit, il s'engagea en tant que commis aux écritures sur un navire de transport de l'Union.


The old Westover House
Edward Lamson Henry - 1869
Corcoran Gallery and College of Art, Washington (notice)

La demeure de la plantation Westover (représentée ci-dessus) a été le quartier général du Ve Corps de l'armée de l'Union, durant la guerre de Sécession. Elle est un exemple typique de l'architecture georgienne coloniale.


À la fin de la guerre de Sécession, le peintre reprit ses pinceaux et loua un atelier dans le prestigieux Tenth Street Studio Building de New York. Il y exécuta quelques œuvres inspirées par son vécu durant les hostilités. Cependant, EL Henry a plus souvent dépeint une Amérique idyllique et agraire, relativement peu perturbée par la guerre civile ou par les problèmes liés à l'industrialisation et à l'urbanisation qui n'ont cessé de croître au cours de la période où il a vécu.



At the watering trough
Edward Lamson Henry - 1900
(collection privée)


En 1869, EL Henry fut élu à la National Academy of Design de New York. Ses scènes de genre et ses tableaux sur l'histoire des États-Unis, considérés par ses contemporains comme d'authentiques reconstitutions historiques, lui ont également ouvert les portes de la New-York Historical Society.



Entering the lock
Edward Lamson Henry - 1899
Albany Institute of History and Art (notice du musée)


En 1875 EL Henry a épousé Frances Livingston Wells, qu'il avait rencontrée deux ans plus tôt lors d'une réception au Tenth Street Studio Building. Entre 1875 et 1879 Henry et son épouse ont vécu à Londres, où il a exposé à la Royal Academy and Suffolk Street Gallery. Il a également présenté des tableaux à Paris lors de l'Exposition Universelle de 1878, ainsi qu'à celle de 1889 où il a obtenu une mention honorable.



Waiting for the Ferry
Edward Lamson Henry - 1906
(collection privée)


En 1884, Henry et son épouse ont déménagé pour la ville de Cragsmoor dans les Catskill Mountains où ils ont été parmi les fondateurs de la New York Cragsmoor Art Colony, une communauté d'artistes établie près d'Ellenville.



Delaware and Hudson Canal, Ellenville New York
Edward Lamson Henry - 1906
Collection privée (notice de la galerie)




Bear Hill
Edward Lamson Henry - 1908
(collection privée)



Edward Lamson Henry est décédé le 11 mai 1919 à Ellenville et il a été enterré dans le caveau de famille de son épouse, au Johnstown Cemetery de New York, où une pierre tombale en forme de palette marque sa tombe. Dans son éloge funéraire, on pouvait lire que nul mieux que lui n'a su préserver les aspects pittoresques d'une vie provinciale américaine avant qu'elle ne disparaisse totalement.


The floating Bridge
Edward Lamson Henry - 1917
The Long Island Museum of American Art, History & Carriages (notice du musée)










©VesperTilia, échos-de-mon-grenier 2013