mardi 15 septembre 2015

Jardins après la pluie



Dans les derniers commentaires du précédent billet, j'annonçais la publication de mes nouvelles photos du site de la source de l'Orbiquet, à la Folletière-Abenon. Cependant, la procrastination aidant, j'ai pris du retard. Dernièrement, on m'a soufflé dans l'oreillette que mon blog reste un peu trop longtemps bloqué sur la même page !

Le petit orage d'hier après-midi est tombé à pic pour me fournir l'idée d'un billet chargé de "meubler" le grenier, le temps de mener à bien celui qui est en cours d'élaboration.




Après l'orage































Cet arc-en-ciel, apparu hier alors qu'il pleuvait encore un peu, est une bonne entrée en matière pour vous présenter une demeure d'Orbec, dont j'ai révélé la particularité à Nathanaëlle et à Enitram en répondant à leurs commentaires dans mon avant-dernier billet.





7 Rue Grande à Orbec



Ma photo de l'hôtel de Croisy a été prise en avril 2012, lors de notre première visite à Orbec, cette jolie petite ville du Calvados arrosée par l'Orbiquet.

Avez-vous remarqué la plaque apposée sur la façade de cette demeure classée monument historique ?








Lorsque j'ai fait mes photos, j'ai eu la chance que le portail et sa petite porte soient ouverts. Mais la voiture garée sous le porche et la présence des habitants à proximité ne m'ont pas permis d'avoir une vue plus étendue sur le jardin de cette demeure privée ayant accueilli Debussy en 1894, il y a à peu près 120 ans.

Claude Debussy n'aimait pas les déplacements et le mot "villégiature" sonnait désagréablement à ses oreilles. Aux palaces de la Côte Fleurie, tel le Grand Hôtel d'Houlgate dans lequel il a séjourné à plusieurs reprises quand il composait "La Mer", le compositeur eut  certainement préféré le "Vieux Logis" d'Orbec. 





L'hôtel de Croisy dans les années 1970
(crédit photo)




« Une petite maison dans un grand parc où l’on a peur, voilà ce qu'il me faudrait  » disait-il dans les années 1903 en parlant des conditions idéales pour composer. Sans doute Debussy repensait-il à son bref séjour à l'hôtel de Croisy à la Pentecôte 1894.

Peut-être en chemin vers Lisieux, c'est lors d'une étape à Orbec en compagnie de la danseuse Gabrielle Dupont, sa « Gaby aux yeux verts » qui était originaire de Lisieux, que Debussy a eu l'occasion de se promener dans le parc de l'Hôtel de Croisy un jour de pluie.




Parc de l'Hôtel de Croisy
(crédit photo)



Imaginez les jardins de ce parc sous la pluie, le crépitement des gouttes percutant le feuillage et le sol, les brèves accalmies ensoleillées suivies des reprises de l'averse redoublant de force, les chants d'oiseaux au moindre rayon de soleil...

Ce sont ces images qui ont inspiré à Debussy un thème rapidement noté sur le papier à musique au retour de sa promenade, une fois confortablement installé devant la cheminée dans le grand salon du "Vieux Logis".

Ce n'est que neuf ans plus tard, lors de la composition de ses "Estampes" pour piano, que Debussy reprendra ses notes du thème inspiré par le parc de l'Hôtel de Croisy




Impressionnante interprétation de Jardins sous la pluie par
Sonosuke Takao, un jeune pianiste des plus talentueux



En 1903, lorsque Debussy reprend son idée pour la développer, il retranscrit sur le piano les chants de la pluie et des oiseaux auxquels il mêle des emprunts à deux chansons bien françaises « Nous n'irons plus au bois » et « Dodo, l'enfant do » afin de différencier « Jardins sous la pluie » des deux autres "Estampes", exotiques celles-là, « Pagodes » et « La soirée dans Grenade » .




Hôtel de Croisy, cour intérieure et jardin
(crédit photo)




En fait de "petite maison" favorable à l'inspiration, selon le souhait de Debussy, l'hôtel de Croisy tient davantage du manoir normand que de la maison de campagne.

Ce "Vieux Logis" a été construit entre le XVIe et le XVIIe siècle pour Robert de Croisy, vicomte d’Orbec, écuyer et conseiller du roi Louis XIV.




Jardins après la pluie, vus de ma lucarne



Météo France annonce pour cette nuit et demain matin le retour des averses orageuses sur ma région, un temps de saison alors que l'Automne frappe à la porte.






EDIT du Dimanche 20 septembre 2015

Dans les commentaires, Claude, qui en a assez de la pluie de ces jours derniers, m'a demandé l'air de rien, si par hasard Debussy n'aurait pas composé un morceau ensoleillé !...
Comme je n'en connais pas, j'ai trouvé un substitut parmi les œuvres pour piano de Déodat de Séverac : les Baigneuses au Soleil.

 Le 28 août 1905, dans sa lettre à Louis Laloy, à propos de Déodat de Séverac, Debussy écrivait  "sa musique sent bon : on y respire à plein cœur". 




Baigneuses au Soleil, œuvre de Déodat de Séverac composée en 1908


Cette jeune pianiste possède un joli talent. Seul petit défaut dans la vidéo, le siège grince un peu au rythme des mouvements de la pianiste, mais il suffit d'imaginer que ce sont les chaises longues des baigneuses prenant leur bain de soleil qui font ce bruit !






©VesperTilia, échos-de-mon-grenier 2015

21 commentaires :

  1. juste un petit coucou avant l'orage....du sud

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  2. Tu as attrapé l'arc en ciel ♥ Il faut toujours se dépêcher, avoir un appareil à portée de main. C'est très fugace comme tout ce qui touche à la lumière et d'autant plus, ce phénomène si particulier.
    J'aime écouter tomber la pluie ! Écouter Debussy en même temps, ajoute à ce bonheur enfantin de se sentir en sécurité :-)
    Bravo pour le jeune et talentueux pianiste !
    Bisous de bonne nuit, Tilia

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  3. Un mois de septembre pluvieux et orageux, ici c'est fréquent et les orages sont violents. Mais si c'est pour avoir un aussi bel arc en ciel...

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  4. Coup de coeur pour ta deuxième image ou l'ombre et la lumière se disputent la vedette avec la porte rouge :-)
    As-tu reçu la porte-tilleul de chez Peter Pan ?

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  5. Coucou Tilia !
    P:us le temps ce soir, je repasserai demain.
    Bisous mouillés.

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  6. Comme c'est joli, ce Jardin sous la Pluie joué par ce jeune prodige (sans partition !).
    C'est donc à cet endroit que le virtuose a composé son oeuvre... Il a dû rester sous la pluie dans ce jardin...

    Quelle jolie photo, cet arc en ciel !
    Bisous Tilia et douce nuit/journée (des orages sporadiques éclatent sur ma région, mais ils ne durent pas ça va lol j'ai pu rebrancher l'ordi, et il pleut à torrent, mais comme tu le sais, j'adooooore ! )

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  7. Un billet tout en douceur, il n’y a plus qu’à entrouvrir la fenêtre pour mêler le son de la pluie à l’audition de « Jardins sous la pluie » ce que j’ai pu faire d’autant plus facilement que la maison s’aère des bon matin ici. Seul le bruit des enfants manque...

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  8. Intéressante cette publication, Tilia !
    L'enfant au piano, quel talent !
    Joli le parc de l'Hôtel de Croisy.
    Bien capté l'arc en ciel.
    Ici, j'entends la pluie depuis deux jours.
    Dis moi Debussy il n'a pas fait un truc sur le soleil.
    Quand je pense que c'est bientôt l'automne, ça me dépime.
    Bises trempées.

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  9. Toujours précieux sont les lieux qui inspirerent les artistes ils font mieux ressurgirent les sensations merci pour cet arc qui relie nos pensées et nos échanges amicaux et passionnants

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  10. Bonjour Tilia, la vu de ta lucarne après la pluie avec ou sans arc en ciel ressemble furieusement à celle depuis les fenêtres vers la vallée de ma fille. Un spectacle sans cesse renouvelé au fil des heures et des saisons
    Si j'avais le temps et le talent, j'approfondirais à propos de Debussy qui est catalogué comme musicien impressionniste, la Mer étant le morceau de référence :

    http://heroux.free.fr/petitca3/?page_id=10

    Musique, peinture impressionnistes. L'instant saisi sur le vif...

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  11. En réécoutant cette partition je me mettrai presque à aimer la pluie de ce mois de septembre pluvieux !
    Un jardin qui a dû effectivement inspirer Debussy ! Orbec, cache des trésors, merci de nous les faire découvrir !
    Un arc en ciel qui annonce le soleil ! Chic !
    Belle soirée Tilia ! Bises

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  12. J'ai enfin eu le temps de m'occuper des "flûtes", flûte alors !
    Réponse à ta devinette :
    La prof de musique qui court parce qu'elle a oublié d'acheter son pain
    (agiter ses flûtes=courir)
    J'ai quand même dû demander à Robert pour trouver :-)

    Tu es imbattable, Tilia ! Je ne savais que nos bouteilles de bons vins d'Alsace s’appelaient des flûtes :-(

    Bisous de bon week-end,Tilia !!

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  13. Merci à TOUTES pour vos échos, que je lis avec toujours autant de plaisir.
    Pas souvent chez moi en ce moment, j'ai moins de temps pour commenter sur les blogs de mes amies.
    Claude demande du soleil. Je vais donc éditer ce billet à son intention en ajoutant une vidéo à la fin.
    Bisous, et encore merci pour votre fidélité

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  14. je reviens de dessous le soleil breton (eh oui !) pour écouter Debussy en voilà une musique qui fait dire comme le poète "c'est merveilleux il pleut..."
    je te souhaite des bises du patrimoine...musical

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  15. Tu es une procrastinatrice de génie. Qui se plaint de ton travail? Toi? Ne t'en fais pas, il fait des heureux. Merci pour cette superbe série de photos.
    Amitiés.

    Roger

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  16. D'abord, Tilia je te réponds ici / les moulins et le manège :
    Petit Garçon a chanté la chanson que tu m'as indiquée bien entendu. J'aime bien la version de Rémi. Je me souviens de lui plus petit dans son bain chantonnant "bateau sur l'eau..." il a toujours des nouveautés à son répertoire. Il a beaucoup aimé papa où t'es à une époque
    En juillet je lui avais installé une couverture dans notre entrée sur laquelle il jouait avec les legos de son papa petit et il chantait en boucle :
    "... pas de tourments
    ...
    De sentiments..."


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    1. Fin août c'était :
      "Feel the magic in the air,
      Allez, allez, allez
      Levez les mains en l'air
      Allez, allez, allez" que lui ont appris deux petits copains d'école
      Et on reprend sans se lasser

      https://www.youtube.com/watch?v=BAkqJT_sMKQ

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    2. Quand aux moulins... C'est une spécialité de mon mari dans les petits ruisseaux de montagne avec des petits bouts de bois... Autrefois pour nos enfants, à présent pour nos petits enfants

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    3. Je suis contente que tu aies vue l'alignement du mât du parasol sur l'axe du manège. Je m'en suis aperçue moi-même seulement lorsque j'ai publié la photo. Mais cela conforte mon idée que parfois on est juste à l'endroit qu'il faut. C'est une question d'équilibre du monde...

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    4. Personnellement je ne suis pas très inspirée par le soleil sauf lorsqu'il donne des contrastes et des ombres intéressants... En découvrant le porche ce cet hôtel on pense tout d'abord à une grosse ferme. Nous avons des amis qui ont une grosse ferme avec écurie etc en Vendée, il y a des raccourcis à travers les murs qui font d'ailleurs penser à des poternes. Debussy aurait composé dans le jardin ? Je veux bien le croire mais j'ai un peu de mal à l'imaginer dépeignant la pluie assis dehors... En ce moment nous avons l'horrible craquètement des pies. Je ne sais pas ce qui leur prend, ce qui les préoccupe...

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    5. À propos de Debussy, si l'on en croit les informations incluses dans cette page : "Le Pays d’Auge est pourtant au centre d’une des compostions de Debussy : une halte à Orbec (il y vint trois fois), un jour de pluie, une promenade dans le jardin clos et secret de l’hôtel de Croisy, il en restera un thème musical noté rapidement, dont naîtra, en 1903 le Jardin sous la Pluie, inclus dans Les Estampes." il est clair que Debussy a eu l'idée d'un thème musical lors d'une promenade dans le parc de l'hôtel de Coissy mais que, contrairement à ce qui est écrit sur la plaque, c'est seulement plusieurs années après qu'il a repris son "brouillon" pour le mettre au propre et composer Jardins sous la Pluie en 1903.
      Jardins au pluriel, comme sur cette vieille partition ; et non pas au singulier, comme gravé sur la plaque.
      Plaque précisant 1895 (M DCCC XC V) comme date de l'inspiration de Debussy dans cet hôtel, au lieu de 1894 comme l'indiquent les sources biographiques telle que celle qui est mentionnée ici, dans la note n°3.

      Comme quoi, la plaque apposée à l'entrée du "Vieux Logis" est un peu "à côté de la plaque" :-D

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