Mon ami K

Oui, je l'avoue, j'aime les cailloux !

Est autorisé(e) à me jeter la première pierre, celui, ou celle, qui n'a jamais au cours d'une promenade en montagne, en bordure de rivière ou sur une plage, ramassé un caillou pour sa beauté ou son étrangeté.

Le Shintoîsme, une des religions traditionnelles du Japon, est issu en partie de l'Animisme. L'Animisme repose sur le culte des esprits de la Nature. Dans le Shinto, ces esprits sont dénommés "Kami".
Ainsi, les kamis sont des forces de la nature personnifiées. Soleil, lune, ou encore la tempête, sont des kamis. Les kamis peuvent aussi résider dans une cascade, un arbre ou un rocher aux formes étranges, ou même dans une simple pierre à l'allure singulière.

Il y a de ça une bonne vingtaine d'années, j'ai rencontré une drôle de bestiole sur une plage de la baie de l'Aiguillon.

C'est mon kami à moi,  mon ami K.

Depuis cette époque, K vit dans la maison et m'accompagne dans la salle de bain ou le salon. Il se déplace librement du bureau à la bibliothèque selon son humeur, ou ma fantaisie !

Dans la bibliothèque, K a parfois de longues conversations avec Koâ, un autre kami, qui réside également ici depuis longtemps.

Koâ est une petite grenouille en fonte japonaise, entrée un jour dans la maison à la suite d'un coup de coeur dont j'ai oublié les circonstances, alors chut ! en dire plus risquerait d'être vexant pour elle. Une chose est sûre, j'adore l'art japonais, la poésie japonaise, le respect, voire la vénération, que bien des japonais montrent envers la nature. Bref, il est temps maintenant de vous présenter mes deux petits kamis et une partie de leurs amis.

K dormant sur le canapé

Lorsque je range le fatras de paperasses de mon bureau, K quitte le dessus de la pile pour aller faire un somme sur le canapé, le temps que le calme revienne sur son lieu de prédilection.

Quand je vais prendre un bain, il arrive que K m'accompagne, histoire de se rafraîchir le museau et de retrouver un peu l'élément d'où il est sorti. Bien souvent, je jette une poignée de gros sel dans l'eau du bain, alors l'illusion est presque parfaite !

K sortant de son bain

Mais il arrive que K s'ennuie sur mon bureau, dans ce cas il part rejoindre Koâ dans les rayons de la bibliothèque. L'autre soir, je les ai surpris en grand conciliabule dans le rayon  réservé au tourisme. Comment étaient-ils arrivés là ? on ne demande pas ça à des kamis !

K et Koâ surpris en flagrant délit de projet d'escapade

Kamis, ou pas, ils n'avaient rien à faire là. Après avoir interrogé Koâ, elle m'a avoué qu'ils étaient occupés à tirer des plans en vue d'aller retrouver l'océan. Retenant mon envie de rire, j'ai sérieusement sermonné Koâ, et grondé K pour lui avoir mis cette folle idée en tête.

Leur tentative d'évasion était vouée à l'échec. Koâ l'a très bien compris et ne m'en veux nullement. Mais K m'en a tenu rigueur et m'a tourné ostensiblement le dos, préférant aller bouder sur le canapé plutôt que de regagner sa place sur les papiers de mon bureau.

K boudant sur le canapé

Koâ elle, est allée retrouver Koki, la kokeshi qui, telle une gardienne du temple, ne quitte jamais le rayon Zen et Japon de ma bibliothèque. J'aime bien Koki, non seulement parce que c'est une de mes petites-filles qui me l'a offerte, mais aussi parce qu'elle est très jolie. D'ailleurs, Koâ l'aime beaucoup aussi.

Koâ s'apprétant à sauter vers Koki pour aller la réveiller 

Depuis l'épisode de l'évasion manquée, je vois bien que K conserve une attitude réservée à mon égard. Et cela m'ennuie un peu. Comme il est encore trop tôt en saison pour que je l'emmène faire un tour avec nous à la mer, en cherchant ce qui pourrait lui faire plaisir, ou du moins le distraire, d'ici que revienne le beau temps j'ai trouvé Naya.

Naya découvrant K

La chevelure verte de Naya atteste de sa lointaine origine, dans la lignée des Naïades, dont certaines sont couronnées de plantes aquatiques. Cependant, tout comme K, Naya est dotée de très grands yeux, ce qui l'apparente aux poupées "Blythe" (inspirées des dessins d'enfants aux yeux immenses de Margaret Keane) bien qu'elle n'en soit qu'une pâle imitation. Si on veut absolument trouver une filiation à cette petite poupée à la tête trop grande par rapport à son corps et aux yeux démesurément agrandis, c'est du côté du style de dessin super deformed (SD pour les connaisseurs) des mangas, qu'il faudrait la chercher. Mangas... voilà qui établit un lien entre ma bonne vieille Koâ, sa copine Koki et ma récente découverte de Naya.

K et Naya le jour de leur rencontre

Naya est arrivée à la maison tout à fait par hasard. C'est en descendant mon panier de bouteilles et d'emballages à recycler au sous-sol de la résidence, là où se trouve les poubelles destinées à cet usage, que j'ai aperçu dans un coin un sac contenant une quantité phénoménale de petits jouets et gadgets de toutes sortes, du genre de ceux que les restos de hamburgers offrent aux enfants. Naya était noyée parmi eux et je l'ai tirée de là. Après l'avoir nettoyée et coiffée, je l'ai adoptée comme dame de compagnie sur mon bureau. J'en viens à présent à sa relation avec mon ami K.

C'est tout naturellement sur le bord de la baignoire que Naya a rencontré K. Et depuis ce jour-là, ils se retrouvent régulièrement pour aller se baigner et jouer ensemble.

Naya et K, amis pour la vie

Pour en revenir à mon amour des cailloux, il est à rapprocher du “Suiseki”, un art d'origine chinoise qui s'est progressivement répandu et perfectionné au Japon.

©VesperTilia, echos-de-mon-grenier 2011