dimanche 26 mai 2019

Plaidoyer pour la sauvegarde des forêts


Frauen im Park (mit weissem Schirm)
Femmes dans un parc (avec ombrelle blanche)
August Macke - 1913



Reboiser les forêts en grande partie détruites et sauvegarder celles qui restent, un objectif primordial qu'il est urgent de mettre en œuvre si nous voulons que nos enfants et petits-enfants puissent s'épanouir dans un monde vivable.




Les bûcherons dans la forêt
Gaston Vincke - 1937
Musée du quai Branly, Paris

Gaston Vincke (1882-1950) artiste peintre, décorateur et illustrateur, a participé en 1931 à l'expédition ethnographique Monteux-Richard en Guyane. Durant son séjour, il a peint plusieurs représentations de bagnards et d'indiens de Guyane. Sa peinture "Les bûcherons dans la forêt" a été réalisée pour le pavillon de la Guyane lors de l'Exposition internationale qui s'est tenue à Paris en 1937.



Pour freiner le réchauffement climatique, il faut stopper de toute urgence les déforestations.



Le Bûcheron et la Forêt
Illustration de Granville pour la Fable de La Fontaine





La morale de cette fable n'a rien perdu de sa pertinence et elle est malheureusement toujours d'actualité. Avant de devenir fabuliste, Jean de La Fontaine fut Maître des Eaux & Forêts.

En 1652, il achète la charge de "Maître particulier triennal des Eaux et Forêts" du duché de Château-Thierry. Charge qui, six ans plus tard, sera cumulée à celle de "Conseiller du Roi et Maître des Eaux et Forêts du duché de Chaury" qu'il acquiert par héritage lors du décès de son père en 1658.

Ainsi, Jean de La Fontaine connaissait bien nos forêts. Il les aimait et il a toujours pris leur défense.




Le bûcheron
Edvard Munch - 1913







Comme un écho au poème de Queneau, quatre ans après 1968 Jacques Dutronc chante Le Petit Jardin. Une chanson de Jacques Lanzmann qui dénonce l'envahissement des espaces verts par le béton. En 1973 Dutronc chante un autre texte de Lanzmann : La France défigurée, "Ma France des HLM et des forêts coupées".


Depuis les années soixante, en France rien n'a changé, ou presque... Quand retrouverons nous nos anciennes forêts, celles où l'on pouvait se promener tranquillement sans risquer d'être importuné par le bruit des tronçonneuses, ou par celui des coups de fusil ?...




"Spätsommertag" (Fin de journée d'été)
Fritz Ebel - 1885





Marjastajat (Cueilleurs de Baies)
Eero Järnefelt - 1888





Cerf et biches en Forêt
Heinrich Bohmer (1852-1930)






Bon dimanche électoral à toutes et à tous






©VesperTilia, échos-de-mon-grenier 2019

19 commentaires:

  1. L'homme ne respecte rien, chacun se dit écologiste ou défenseur de la biodiversité et continue sans vergogne à participer à cette œuvre de destruction massive, il abandonne le pouvoir à des société dont le seul objectif est de faire fructifier son capital, le soucis permanent est de savoir ou partir en vacances, que faire de ses loisirs, même tuer est considéré comme un loisir, si rien de cela ne change nos enfants seront condamné à réapprendre les gestes de nos ancêtres
    Amicalement
    Claude

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  2. Bravo pour ce plaidoyer en faveur des forêts que j'aime tant!
    Et notre La Fontaine toujours à la pointe de l'actualité... .

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  3. Merci pour ce très beau partage
    Un hymne a nos forets que nous aimons tant !
    Bises

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  4. Coucou ma chère Tilia. J'ai regardé un reportage il n'y a pas si longtemps sur des paysans à Bornéo qui tentaient par tous les moyens de se battre contre les grandes entreprises qui coupent des arbres. La déforestation est terrible car elle a des conséquences directement pour ces paysans qui voient leur habitat et leurs ressources mises à sac par ces entreprises de déforestation mais également pour le climat mondial.

    Leurs moyens de lutte sont dérisoires: construire des maisons en plein milieu des routes qu'empruntent les bulldozers pour aller en forêt. Et pour se battre à une grande échelle, ils doivent avoir des papiers d'identité (ce qu'ils n'ont pas) pour être reconnus. La plupart ne savent pas lire et c'est difficile pour eux d'utiliser les réseaux sociaux pour être entendus à grande échelle.

    Nous sommes tous responsables de ce qui se passe ici et ailleurs. J'espère que l'être humain trouvera la sagesse de dénoncer de plus en plus ces massacres.

    Merci pour ton reportage, je ne savais pas tout cela concernant Jean de la Fontaine. Je connaissais ces fables mais pas sa vie.

    Bises alpines depuis ma forêt et mes montagnes.

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  5. Pour la "journée" de la nature (N majuscule ?), voilà un superbe plaidoyer, avec des textes pertinents, à travers les siècles, et de magnifiques illustrations .

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  6. Et déjà, au XVIème siècle:

    Pierre de RONSARD
    1524 - 1585

    Contre les bucherons de la forest de Gastine
    Elégie


    Quiconque aura premier la main embesongnée
    A te couper, forest, d'une dure congnée,
    Qu'il puisse s'enferrer de son propre baston,
    Et sente en l'estomac la faim d'Erisichton,
    Qui coupa de Cerés le Chesne venerable
    Et qui gourmand de tout, de tout insatiable,
    Les bœufs et les moutons de sa mère esgorgea,
    Puis pressé de la faim, soy-mesme se mangea :
    Ainsi puisse engloutir ses rentes et sa terre,
    Et se devore après par les dents de la guerre.

    Qu'il puisse pour vanger le sang de nos forests,
    Tousjours nouveaux emprunts sur nouveaux interests
    Devoir à l'usurier, et qu'en fin il consomme
    Tout son bien à payer la principale somme.

    Que tousjours sans repos ne face en son cerveau
    Que tramer pour-neant quelque dessein nouveau,
    Porté d'impatience et de fureur diverse,
    Et de mauvais conseil qui les hommes renverse.

    Escoute, Bucheron (arreste un peu le bras)
    Ce ne sont pas des bois que tu jettes à bas,
    Ne vois-tu pas le sang lequel degoute à force
    Des Nymphes qui vivoyent dessous la dure escorce ?
    Sacrilege meurdrier, si on prend un voleur
    Pour piller un butin de bien peu de valeur,
    Combien de feux, de fers, de morts, et de destresses
    Merites-tu, meschant, pour tuer des Déesses ?

    Forest, haute maison des oiseaux bocagers,
    Plus le Cerf solitaire et les Chevreuls legers
    Ne paistront sous ton ombre, et ta verte criniere
    Plus du Soleil d'Esté ne rompra la lumiere.

    Plus l'amoureux Pasteur sur un tronq adossé,
    Enflant son flageolet à quatre trous persé,
    Son mastin à ses pieds, à son flanc la houlette,
    Ne dira plus l'ardeur de sa belle Janette :
    Tout deviendra muet : Echo sera sans voix :
    Tu deviendras campagne, et en lieu de tes bois,
    Dont l'ombrage incertain lentement se remue,
    Tu sentiras le soc, le coutre et la charrue :
    Tu perdras ton silence, et haletans d'effroy
    Ny Satyres ny Pans ne viendront plus chez toy.

    Adieu vieille forest, le jouët de Zephyre,
    Où premier j'accorday les langues de ma lyre,
    Où premier j'entendi les fleches resonner
    D'Apollon, qui me vint tout le coeur estonner :
    Où premier admirant la belle Calliope,
    Je devins amoureux de sa neuvaine trope,
    Quand sa main sur le front cent roses me jetta,
    Et de son propre laict Euterpe m'allaita.

    Adieu vieille forest, adieu testes sacrées,
    De tableaux et de fleurs autrefois honorées,
    Maintenant le desdain des passans alterez,
    Qui bruslez en Esté des rayons etherez,
    Sans plus trouver le frais de tes douces verdures,
    Accusent vos meurtriers, et leur disent injures.

    Adieu Chesnes, couronne aux vaillans citoyens,
    Arbres de Jupiter, germes Dodonéens,
    Qui premiers aux humains donnastes à repaistre,
    Peuples vrayment ingrats, qui n'ont sceu recognoistre
    Les biens receus de vous, peuples vraiment grossiers,
    De massacrer ainsi nos peres nourriciers.

    Que l'homme est malheureux qui au monde se fie !
    Ô Dieux, que véritable est la Philosophie,
    Qui dit que toute chose à la fin perira,
    Et qu'en changeant de forme une autre vestira :
    De Tempé la vallée un jour sera montagne,
    Et la cyme d'Athos une large campagne,
    Neptune quelquefois de blé sera couvert.
    La matiere demeure, et la forme se perd.

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  7. Version abrégée , et en Français modernisé :


    Pierre de Ronsard (1524-1585)
    Elégies, XXIV
    "Contre les bûcherons de la forêt de Gastine"

    Écoute, bûcheron, arrête un peu le bras;
    Ce ne sont pas des bois que tu jettes à bas;
    Ne vois-tu pas le sang lequel dégoutte à force
    Des nymphes qui vivaient dessous la dure écorce ?
    Sacrilège meurtrier, si on pend un voleur
    Pour piller un butin de bien peu de valeur,
    Combien de feux, de fers, de morts et de détresses
    Mérites-tu, méchant, pour tuer nos déesses ?
    Forêt, haute maison des oiseaux bocagers !
    Plus le cerf solitaire et les chevreuils légers
    Ne paîtront sous ton ombre, et ta verte crinière
    Plus du soleil d'été ne rompra la lumière.
    Plus l'amoureux pasteur sur un tronc adossé,
    Enflant son flageolet à quatre trous percé,
    Son mâtin à ses pieds, à son flanc la houlette,
    Ne dira plus l'ardeur de sa belle Janette.
    Tout deviendra muet, Echo sera sans voix ;
    Tu deviendras campagne, et, en lieu de tes bois,
    Dont l'ombrage incertain lentement se remue,
    Tu sentiras le soc, le coutre et la charrue ;
    Tu perdras le silence, et haletants d'effroi
    Ni Satyres ni Pans ne viendront plus chez toi.
    Adieu, vieille forêt, le jouet de Zéphire,
    Où premier j'accordai les langues de ma lyre,
    Où premier j'entendis les flèches résonner
    D'Apollon, qui me vint tout le coeur étonner,
    Où premier, admirant ma belle Calliope,
    Je devins amoureux de sa neuvaine trope,
    Quand sa main sur le front cent roses me jeta.
    Et de son propre lait Euterpe m'allaita.
    Adieu, vieille forêt, adieu têtes sacrées,
    De tableaux et de fleurs autrefois honorées.
    Maintenant le dédain des passants altérés,
    Qui, brûlés en l'été des rayons éthérés,
    Sans plus trouver le frais de tes douces verdures,
    Accusent tes meurtriers et leur disent injures.
    Adieu, chênes, couronne aux vaillants citoyens.
    Arbres de Jupiter, germes Dodonéens,
    Qui premiers aux humains donnâtes à repaître ;
    Peuples vraiment ingrats, qui n'ont su reconnaître
    Les biens reçus de vous, peuples vraiment grossiers
    De massacrer ainsi leurs pères nourriciers !
    Que l'homme est malheureux qui au monde se fie !
    Ô dieux, que véritable est la philosophie,
    Qui dit que toute chose à la fin périra,
    Et qu'en changeant de forme une autre vêtira !
    De Tempé la vallée un jour sera montagne,
    Et la cime d'Athos une large campagne ;
    Neptune quelquefois de blé sera couvert :
    La matière demeure et la forme se perd.

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  8. et j'aime beaucoup ce tableau de Heinrich Bohmer. On dirait presque une photo!

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  9. Troisième force du pays, dépêchons nous, dépêchons nous!

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  10. Coucou Tilia.
    Il y a toujours des trouvailles dans ton grenier qui savent être en accord avec l'actualité.
    La preuve que les greniers peuvent ne pas être poussiéreux...
    Très Bonne semaine, A +

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  11. August Macke le retour, à moins que je me trompe, je n'ai pas toujours la mémoire des noms mais tu nous a un peu laissés sur notre faim. J'aime bien cette peinture en aplat. Quant aux cueilleurs de baies, ils me rappellent nous enfants dans les brimbelles des Vosges (on en a cueillies aussi avec l’aînée de nos petites-filles il n'y a pas si longtemps au Kastelberg

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  12. Jean de la Fontaine avait sans aucun doute un amour pour la nature. Mais il a une vision assez angélique de la forêt et puis il s'était contenté d'acheter sa charge !
    La forêt peut vivre seule sous certaine latitudes mais pas chez nous, on voit ce qu'ont donné les tempêtes qui ont favorisé la pullulation des sangliers grâce aux taillis non nettoyés...

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  13. Mon père était conservateur des Eaux et Forêts d'Outremer, j'ai montré autrefois sur Cergipontin ce petit papier, la PRIERE DE LA FORET retrouvée dans son secrétaire après son décès, il l'avait corrigé pour l'adapter à la forêt tropicale. Le respect de l'arbre mais son exploitation aussi...

    Bonne semaine, Tilia !

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  14. Ton billet est malgré tout une note d'espoir et nous rappelle à chaque tableau que nous devons faire plus. Beaucoup de jeunes de notre connaissance font une marche arrière, sans le savoir, par rapport à nos pratiques anciennes ou récentes ou toujours présentes dans notre vie de tous les jours. Le dialogue s'instaure entre la nature et nous, un peu plus chaque jour. L'exemple est clé, la lutte est clé.
    Je pense à notre aîné qui me demandait il y a deux mois à peine d'aller simplement marcher dans l'herbe d'Arizona car chez lui à L.A. il n'y a que du faux gazon... et à notre plus jeune en visite d'AZ qui faisait des galipettes il y a encore deux jours dans un espace rempli de pâquerettes...
    Un grand faible pour August Macke. Merci pour cette piqûre de rappel.

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  15. J'aime beaucoup tes trois dernières illustrations.
    Il me semble qu'on fait du papier avec du bois et quand on voit le gâchis de papier pour ces dernières élections, on se dit quand même qu'il y a mieux à faire.
    Ici dans notre belle forêt de Bercé, ils abattent des vieux chênes pour faire des tonneaux.
    Il faut penser aussi à ce qui se passe en Amazonie.
    Bises

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  16. Le plaisir de retrouver ta sélection de tableaux selon les thèmes. Un tableau est bien plus "vivant" qu'une photo, les couleurs,les contrastes, les nuances, les mouvements agissent comme des vibrations.
    C'est très mystérieux la fascination qu'opèrent certains tableaux. Ici, particulièrement celui d'Evard Munch : "Le bûcheron" moins anxiogène que "Le cri" mais ce n'est peut être qu'une apparence, trompeuse au départ.

    Par contre, "Cerf et biches en forêt" respire la sérénité et c'est bien cela qu'on recherche.
    J'ai une frousse bleue d'attraper des tiques lors de promenades en forêts. Mais me voilà bien loin de ton sujet...
    Suis en train de faire ma valise pour aller garder nos petits garnements, donc je reviendrai plus tard.

    Si tu as le temps; le blog de Maïté L qui parle d'un sujet qui lui tient à coeur

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  17. Sujet très important dont la vie des générations futures dépend. L'homme est fou mais il semblerait que certains pays commencent a réagir et reboiser.

    https://www.purprojet.com/fr/why-save-the-forest/

    Passe un bon long week-end, bisous.

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  18. Beau plaidoyer sur les forêts. On devrait retrouver le sens du sacré en interdisant de couper les arbres.
    Bon week end.

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