Avec le peintre Johan Barthold Jongkind, ce billet inaugure une série consacrée aux artistes qui ont croqué Avignon.
Avignon (détail) huile sur toile, 46x33 cm Johan Barthold Jongkind - 1873 Musée Marmottan, Paris |
Bien que sur cette peinture de 1873 le clocher de l'ancien couvent des Augustins soit un peu trop étiré en hauteur, les avignonnais l'auront sans doute reconnu. Cliquez ici pour voir le tableau en entier.
Avant le XIXe siècle, très peu d'œuvres représentent Avignon.
Auparavant, la notion de paysage urbain n'existait pour ainsi dire pas. À part Tolède par El Gréco aux alentours de l'an 1600, la peinture d'une ville s'inscrivait uniquement dans le cadre d'un tableau religieux ou historique et, pour une moindre part, dans celui de travaux topographiques ou architecturaux.
Auparavant, la notion de paysage urbain n'existait pour ainsi dire pas. À part Tolède par El Gréco aux alentours de l'an 1600, la peinture d'une ville s'inscrivait uniquement dans le cadre d'un tableau religieux ou historique et, pour une moindre part, dans celui de travaux topographiques ou architecturaux.
Vue du Palais des Papes d'après Étienne Martellange - 1617 Cabinet des Estampes, Bibliothèque Nationale |
De 1348 (date d'acquisition d'Avignon par Clément VI) jusqu'en 1791 (date de son rattachement à la France) Avignon étant territoire papal, les peinture de la ville se limitent pour la plupart au Palais des Papes, ou à la place du Palais.
Cortège du vice-légat François-Marie de Manzi revenant à Avignon après six ans d'occupation française Claude-Marie Gordot - 1774 Musée Calvet, Avignon |
Le paysage, en tant que genre pictural, exempt de toute référence religieuse, mythologique ou historique, ne prend vraiment son essor en France que dans la seconde moitié du dix-huitième siècle, avec le début de l'ère des voyages d'agrément. Conjointement à l'avènement du chemin de fer, la mode du tourisme s'intensifie rapidement et depuis lors, Avignon n'a cessé d'inspirer les peintres qui l'ont visitée.
Johan Barthold Jongkind (1819-1891) est un peintre néerlandais qui fit toute sa carrière en France et qui, selon la mention portée sur cette plaque, fut le précurseur de l'impressionnisme.
Johan Barthold Jongkind vers 1875 Photographié par Jules Fesser (crédit photo) |
Le jeune Monet fut un temps l'élève de Jongkind. Plus tard, en parlant de lui, Monet dira : "C'est à lui que je dois l'éducation définitive de mon oeil…".
Selon sa biographie détaillée, lorsqu'en 1873 Jongkind arrive pour la première fois à Avignon, il voyage en compagnie de sa chère Joséphine Fesser, l'amie qu'il a rencontré une douzaine d'années auparavant à Paris, chez le marchand de tableaux Pierre-Firmin Martin.
Joséphine Fesser vers 1875 Photographiée par Jules Fesser (crédit photo) |
Partis en septembre 1873 de La Côte Saint-André, où ils séjournent chez Jules Fesser, le fils de Joséphine (cuisinier pour l'heure, mais futur photographe) Jongkind et sa compagne ont fait halte à Avignon. Une simple étape sur la route de Marseille, la cité phocéenne étant le but de leur excursion, car l'inspiration de Jongkind est surtout aquatique. Les marines, les ports, les grands voiliers abondent dans son œuvre, alternant avec fleuves, rivières ou canaux, bien souvent baignés par le clair de lune.
Le port de Marseille (gouache, aquarelle, crayon noir) JB Jongkind - 1873 Musée du Louvre (voir la notice) |
À cet amour que Jongkind éprouve pour l'eau, s'ajoute celui des vieilles pierres. Celles des maisons et commerces bordant les rues des villes et villages qu'il a traversés ou habités. Vue d'une place à Avignon avec une droguerie entre dans cette catégorie.
À l’automne 1880, Jongkind et Joséphine quittent la Villa Beauséjour que Jules Fesser a acheté pour lui et sa famille à La Côte Saint-André, où ils habitent depuis deux ans. Attirés par la lumière du Sud qui les avait séduits sept ans plus tôt lors de leur premier séjour en Dauphiné, ils partent cette fois vers Narbonne, passant à nouveau par Avignon et Marseille. L'aquarelle ci-dessous atteste de cette nouvelle étape avignonnaise.
Vue d'une place à Avignon avec une droguerie, aquarelle et pierre noire JB Jongkind - 1880 Musée du Louvre, département des Arts graphiques (notice du musée) Crédit photo : RMN (Musée d'Orsay) / Thierry Le Mage |
Les amoureux d'Avignon auront reconnu dans cette aquarelle la place du Portail Matheron. Une photographie de cette place, avec la droguerie Pally, figure dans les Archives Municipales d'Avignon, la voici :
Inondations : la rue du Portail-Matheron notice (il arrive que le lien ne fonctionne pas, dans ce cas réessayez plus tard) cliquer sur la photo pour l'agrandir |
Une autre vue de la place du Portail Matheron, avec la rue Carreterie et le clocher des Augustins, se trouve dans la collection de cartes postales anciennes des Archives Municipales :
Avignon : La place du Portail Matheron et la rue Carreterrie notice (il arrive que le lien ne fonctionne pas, dans ce cas réessayez plus tard) cliquer sur la photo pour l'agrandir |
Sur cette carte postale, on voit une partie de la droguerie Pally ainsi que la boutique voisine, celle du marchand de sabots et galoches Enault. En agrandissant la photo, on distingue vaguement une inscription au dessus de la droguerie, entre les deux fenêtres du premier étage. Il me semble lire "Bleu de Prusse". Voilà peut-être un indice qui pourrait apporter une réponse à la question que je me suis posée en voyant cette aquarelle de Jongkind pour la première fois. « Mais pourquoi donc Jongkind a-t-il choisi cette vue (somme toute banale, si ce n'était le clocher des Augustins) ? ».
Pourquoi avoir peint ce clocher par deux fois, en 1873 et en 1880, plutôt que le Palais des Papes, par exemple, ou bien le Pont Saint Bénezet ?...
Seul Jongkind pourrait donner la vraie réponse à cette question. Mais il est un peu tard pour aller l'interroger.
Stèle à la mémoire de Jongkind Artiste peintre (1819-1891) (crédit photo) |
Stèle à la mémoire de Joséphine Borrhée, Artiste peintre (1819-1891) (crédit photo) |
Les tombes de J.B. Jongkind et de Joséphine Borrhée, veuve d'Alexandre Fesser, se trouvent au cimetière de La Côte Saint-André. Nés la même année en Hollande (avec cependant des enfances bien différentes) le destin a réuni ces deux artistes et Joséphine a suivi de peu son bon ami parti pour l'au-delà. Lieu où je les imagine peindre de concert les merveilleux nuages.
Pour ne pas terminer sur cette note mélancolique, je voudrais revenir un instant sur le tableau que Jongkind a peint lors de son premier passage à Avignon en 1873. Au début de ce billet, je disais que sur cette huile le clocher des Augustins me semblent un peu trop étiré en hauteur.
Avignon huile sur toile, 46x33 cm Johan Barthold Jongkind - 1873 Musée Marmottan, Paris |
notice des Archives Municipales |
Cela est sans doute dû à la façon de procéder de Jongkind, qui travaillait souvent de souvenir. Aquarelliste hors pair, il exécutait rapidement sur le terrain un croquis, auquel il ajoutait des touches d'aquarelle, notant ainsi les teintes fugitives. Au besoin, il complétait son esquisse par des annotations écrites sur les mouvements de la scène qu'il peindrait plus tard à l'huile, dans son atelier.
Dernière chose avant de terminer. Pour moi, sur son aquarelle de 1880, Jongkind a peint la droguerie Pally (portait-elle déjà ce nom en 1880 ?) peut-être tout simplement parce que c'est là qu'il est venu s'approvisionner en couleurs et que la mention "Bleu de Prusse" inscrite sur sa façade l'aura inspiré...
EDIT du 19 août
Pour comparaison, voici le dessin de Signac (représentant le clocher des Augustins) dont il est question dans les commentaires. Merci à Michel Benoit qui me l'a indiqué.
Avignon (Lavis sépia) Paul Signac (ni date, ni localisation) (crédit photo) |
Les autres dessins et peintures de Signac qui représentent Avignon feront l'objet d'un billet à venir.
EDIT du 22 août
À la réflexion, la mention figurant sur la façade de la droguerie n'est sans doute pas "Bleu de Prusse". Cela ressemble plutôt à "Bleu de lavage".
Le bleu de lavage est un produit encore utilisé de nos jours pour azurer le linge. Il a été inventé dans les années 1827-1828 par Jean-Baptiste Guimet, ingénieur chimiste, époux de Rosalie Bidauld, fille et nièce de peintres et artiste peintre elle-même. C'est elle qui a encouragé son époux à inventer, puis fabriquer l'outremer artificiel. Un produit réclamé en 1824 par la Société d’Encouragement pour l’Industrie Nationale et doté d'une belle récompense pour celui qui trouverait un procédé économique de fabrication de l’outremer. Le bleu artificiel mis au point par Jean-Baptiste Guimet (père d'Émile Guimet fondateur du musée du même nom) s'appelle comme son inventeur, c'est le Bleu Guimet. Pour tout savoir sur ce produit extraordinaire, lire l'histoire complète du Bleu Guimet.
Sources pour Jongkind et Avignon :
Biographie de Jongkind sur le site de la Société des amis de JB Jongkind (si la page du document PDF est noire, cliquez sur l'icône "pages" tout en haut de sa colonne de gauche).
Dossier complet du Musée Berlioz, réalisé à l'occasion de l'exposition Jongkind en 2009 (si vous aimez la peinture de Jongkind, vu la richesse des informations et des illustrations contenues dans ce fichier PDF, je ne saurais que trop vous conseiller de l'enregistrer).
Le site de l'association "Dans les pas de Jongkind en Dauphiné" (là aussi, une somme d'informations, d'images et de commentaires passionnants).
Bonne lecture et à bientôt pour d'autres tableaux d'Avignon vue par les peintres.
©VesperTilia, échos-de-mon-grenier 2011
Ça y est, ton blog a trouvé sa voie avignonnaise !
RépondreSupprimerMais palsambleu, où avez-vous trouvé que la papauté s'est installée à Avignon en 1274 ???
RépondreSupprimerLa comparaison entre les peintures et les photographies est bien intéressante chère amie.
RépondreSupprimer@ AVIGNON
RépondreSupprimerMerci Michel ! erreur rectifiée.
Désolé : 1348 !!!
RépondreSupprimerEt Paul Signac !
RépondreSupprimerSur Ebay !
RépondreSupprimer@ AVIGNON
RépondreSupprimerDésolée Moutardier ! sur la date incriminée, j'ai mis le lien vers la citation dans le dico (irraisonné ?) de Viollet... Serait-ce lui qui aurait fauté ?...
Gramaci pour le dessin de Paul Signac. Ses vues d'Avignon pixélisées sont dans les prévisions de ma série, ainsi que toutes les représentations d'Avignon par des peintres des XIXe et XXe siècles. J'ai déjà une belle collection en réserve. Prochain sur la liste : Isabey, le maître de Jongkind à Paris.
Merci aussi pour le Kuony (quel drôle de nom !) je le publierai avec celui-ci que j'ai déjà repéré.
Ceci dit, il est bien difficile de trouver des peintures représentant Avignon qui ne soient pas des palais des papes ou des ponts d'Avignon...
RépondreSupprimerLes livres d'histoire d'Avignon qui font référence citent plusieurs dates du mois de juin 1348 quant à la vente d'Avignon par la Reine Jeanne au pape Clément VI (80 000 florins).
RépondreSupprimer@ AVIGNON
RépondreSupprimerBinbin si, il y en a ! pas des masses, mais ça existe. Pour sûr que dans une vue générale de la ville, on aperçoit presque toujours le palais ou/et le pont. Obligé :-)
Renseignement pris, Viollet a fauté (nul n'est parfait). 1348 donc !
je connais jongkind avec ses tableaux.. mer , les voiliers..
RépondreSupprimeret isabey me parle... pinceau !
on apprend toujours!
:))
@ ELFI
RépondreSupprimerCoucou Elfi !
Je trouve le personnage Jongkind attachant et l'histoire de sa vie passionnante.
Les pinceaux Isabey c'est le must, certains valent une fortune !
Excellente initiative ! J'avais vu le premier Jongkind mais ne connaissais pas le deuxième. J'ai dans mes notes (source un probable annuaire qu'il me faudra retrouver) l'existence d'une librairie-dépôt de journaux Montagard au 14 Portail Matheron,vers 1914. J'ai fait le rapprochement ensuite avec la photo (que j'ai datée par erreur de 1909, lisant trop rapidement ce qu'écris Sylvestre Clap, elle est postérieure) "à la charrette". En fait il devait y avoir la droguerie Pally, le sabotier Enault et Montagard ensuite. Je vais rechercher ce fameux annuaire...La droguerie de Jongkind existait donc peut-être encore avant la dernière guerre car la photo d'inondations a l'air d'être 1935.Encore bravo pour l'initiative, on attend la suite...
RépondreSupprimerBelle initiative en effet et que j'encourage. Les "erreurs" en peinture ne sont pas vraiment importantes, seule compte l'ambiance. Un peintre reste avant tout un artiste, en aucun cas un "reporter" ni un technicien chargé de faire des relevés.
RépondreSupprimerCe qui me frappe ce n'est pas tant l'étirement du clocher en hauteur que l'aspect " neigeux " de la vue. Elle ne donne pas l'impression d'une ville de soleil, il s'en faut !
RépondreSupprimerMB nous fair remonter le temps: avant Pally, Fabre. Le mystère de la raison de la représentation de ce quartier par Jongkind demeure. Est-ce une carotte de débit de tabac que l'on voit sur le tableau ? JJ Camille Kuony: une autre toile (vers la porte de l'Oulle) en vente sur ebay, trop cher, 250 €, car ce naïf me paraît parfaitement inconnu. Il y a une vingtaine d'années une huile de même facture (le café chez Calixte, place Crillon) était en vente chez Martial Hanoun, rue Carreterie. Peut-être saurait-il qq chose ?
RépondreSupprimer@LOU RAVI
RépondreSupprimerRavie de vous accueillir ici. Merci pour les informations issues d'une précieuse documentation que j'envie, mais ne pourrai sans doute jamais posséder les ouvrages étant épuisés...
Carotte de débit de tabac ? cette enseigne est obligatoire depuis 1906, mais existait-elle déjà sous cette forme en 1880 ? Sur le côté droit de cette aquarelle, il y a une grande enseigne qui ressemble à deux clés entrecroisées. Une idée de ce à quoi elle correspond ?...
Ce détail du Kuony est intéressant, il prouve que l'octroi existait encore en 1948 (date du tableau).
@LOU RAVI again
RépondreSupprimerÀ la réflexion, j'ai un gros doute sur la date de ce tableau de Kuony, je pense que ce genre de voitures n'existait pas en 48 !
@ FARDOISE
RépondreSupprimerTout à fait de ton avis, l'artiste est entièrement libre d'interpréter la réalité comme bon lui semble, il n'est absolument pas tenu de la reproduire telle qu'elle est.
@ JEANDLER
RépondreSupprimerC'est vrai que l'étirement ne frappe que les gens qui connaissent les lieux.
L'aspect neigeux est sûrement dû à la mauvaise qualité de la reproduction. J'irai faire un tour à Marmottan dès que je pourrai, histoire de vérifier. Cependant, d'après la biographie de Jongkind, ce tableau a été peint en septembre. Il se peut que cette année là l'automne ait été plutôt hivernal, la fumée qui s'échappe du toit au premier plan semble le prouver...
Une meilleure repro ici, mais hélas taguée (!)
Il y avait aussi au début du siècle les enseignes en former de pipe :
RépondreSupprimerhttp://avignon.midiblogs.com/media/00/00/1271195733.jpg
Il est fort possible que le petit bâtiment de l'Octroi ait encore existé en 1948. J'ai même l'impression de l'avoir connu. À chercher...
Par contre, je suis d'accord pour situer le tableau plutôt dans les années soixante (voitures, panneaux).
Que faut-il demander à Martial Hanoun ? (S'il n'est pas parti en vacances...)
Pour la signature du tableau de Jongkind, je lis "30 Sept 1873".
RépondreSupprimerJe n'ai aucun tailleur (cf les ciseaux) ni débit de tabac (la carotte existe depuis longtemps si j'en crois ce que j'ai lu sur le net) là où Jongkind les signale. C'est donc le fruit de son imagination semble-t-il. Son voyage en Avignon n'est pas signalé par l'association ad hoc (http://jongkind.free.fr/v02/index.php?l=fr&p=1-1), son président saurait-il quelque chose ? Ses ciels sont en général tourmentés, et font penser à ceux de Casile.
RépondreSupprimerKuony: illustre inconnu, proposé à des prix ahurissants. Son "style" me fait penser à un tableau vu chez Hanoun, il y a fort longtemps (+ 20 ans ???) qui représentait le café chez Calixte place Crillon (aujourdui disparu, il était à gauche en entrant, après là où il y a Ferrari). Martial H. ne doit guère s'en souvenir, la peinture avait l'avantage de représenter un lieu fréquenté disparu. C'est pourquoi j'avais gardé cette toile (ou panneau)en mémoire.
Sûr que ce n'est pas 1948 (voitures, habits des joueurs et même look du TVbien. L'octroi a été supprimé en 1949.
@AVIGNON
RépondreSupprimerOui je me souviens de ces enseignes en forme de pipe, il me semble bien qu'il y en avait une rue Saint-Agricol...
30 septembre 1873... exact ! aucun doute là-dessus.
@LOU RAVI
RépondreSupprimerEt pourtant cette enseigne (ciseaux ou clés) me dit quelque chose. Il me semble l'avoir vu ailleurs, mais pas forcément sur cette place...
Pour le passage de Jongkind à Avignon à l'automne 1880, voir sa biographie sur le site de la "Société des amis de JB Jongkind" (le lien se trouve à la fin de mon billet, le premier dans "Sources")
Autre Kuony sur cette page.
Moi aussi je croyais bien me souvenir de l'octroi... Démoli en 1949 ? alors c'est pas possible, j'ai dû rêver !
Qu'est-ce qui a bien pu amener Jongkind à venir dans ce quartier ? Le choix d'un hôtel ? Ou la présence de quelque personnalité ? Parmi elles je ne vois guère que Mallarmé (ami des impressionnistes). Mais en 1873 il a quitté son meublé du Portail Matheron. J. est-il venu en 1871 (Mallarmé encore prof à Avignon) ? Il aurait réalisé quelques croquis puis cette huile en 1873 ? Mais alors pourquoi une datation (jour, mois) aussi précise ? Quel mystère !
RépondreSupprimerL'octroi: c'est le droit qui a été supprimé en 1949, pas le bâtiment. Il a pendant longtemps servi d'abri aux voyageurs qui empruntaient les cars Bouisse pour aller dans le Gard.L'association des amis de J. n'évoque pas de déplacement à Avignon du peintre.
RépondreSupprimerLes enseignes: moi je n'ai rien, mais peut-être MB ?
@LOU RAVI
RépondreSupprimerIl faut cliquer sur le lien "Biographie de Jongkind" (c'est un PDF)
L'octroi pas démoli si tôt que ça, voilà qui me rassure !
Dans la mémoire cache de gougueul il y a une nature morte de Kuony, avec une photo de sa signature suivie de 84. Il y a aussi une photo du dos du tableau où est collée sa carte de visite :
J.J. Camille Kuony - Artiste peintre, sociétaire des Artistes français
Galerie exposition Balance, 23 rue de la Balance 84 Avignon (mention barrée)
et son adresse : 1 résidence Diderot bd Diderot, 30 Les Angles
J'ai mis en lien plus haut un dessin de Paul Signac représentant le même angle de vue, mais plus près du clocher. L'hypothèse de visites chez Mallarmé est intéressante, mais il part s'installer à Paris en 1871.
RépondreSupprimerEn 1873 il y a le jeune Paul Saïn qui remporte le prix du musée Calvet. La bijouterie Saïn n'est pas loin.
La carotte est mal placée. Elle devrait se trouver telle quelle, mais plus loin, là où il y a encore un tabac aujourd'hui, juste avant la pharmacie dont on voit l'enseigne sur le dessin de Signac.
Quant à l'enseigne aux ciseaux elle me dit aussi quelque chose ! Il y avait un tailleur par là, juste avant la rue du Chapeau-Rouge. Le dernier connu s'appelait Hiény.
Mais je n'ai pas eu le temps de fouiller dans les CPA...
Nous avons donc bien des souvenirs flous d'enfance du bâtiment de l'octroi, et la fonction d'abri pour attendre le car me parle également.
@ AVIGNON
RépondreSupprimerMoi aussi j'avais pensé à Mallarmé, mais il était parti d'Avignon depuis deux ans.
Comme Lou Ravi je me disais aussi qu'il avait peut-être son hôtel dans ce quartier là.
Finalement, j'ai pensé que Jongkind n'était pas du genre à faire comme tout le monde et que c'est pour ça qu'il a choisi le clocher des Augustins plutôt que le palais des papes !
En tout cas, je trouve l'hypothèse Paul Saïn super intéressante.
Au fait, Jongkind aimait bien les drogueries, je crois :)
Pour l'enseigne aux ciseaux, Lou Ravi va sûrement nous retrouver ça.
Très agaçante cette histoire, car, rentrant à peine, me voici sur ce blog en pleine nuit...sourire...J. n'a pas pu peindre sur le motif: même s'il étire parfois ses sujets, le clocher est vraiment un peu trop déformé. Ou alors il met beaucoup de fantaisie dans ses représentations. A vérifier avec d'autres tableaux. Mais surtout: le tableau de la place avec la droguerie paraît bien un travail de mémoire d'après croquis: le tailleur, Sapène (sic..) était en face et plus loin, au 11 (actuel photographe), la place est trop large, à gauche il représente l'entrée du couvent des Carmes (aujourd'hui Essaïon Théâtre, ex-Gilgamesh) qui est bien plus loin, rue Carreterie.
RépondreSupprimerSaïn: d'après "La Saga des Saïn" de Raphaël Mérindol, en 1873 le jeune Paul (il a 20 ans) reçoit le prix biennal de dessin du Musée Calvet: 100 F "aussitôt dépensés en toiles et pinceaux". Il n'a encore aucune notoriété marquée. Il ne part à Paris qu'en 1877 et ne "perce" vraiment qu'à partir de 1880.
Les recherches continuent...
Bonjour Tilia.
RépondreSupprimerMerci de votre passage chez moi. Pas trop le temps ce matin pour m'intéresser à votre long post qui semble fort intéressant. Je repasserai demain.
L'autre Kuony qui montre les remparts est plutôt fantaisiste. Preuve encore une fois qu'un peintre n'est en aucun cas un reporter. Ensuite, le ciel n'est pas toujours bleu à Avignon... Je laisse la question des dates aux experts :-)
RépondreSupprimerBonjour Tilia,
RépondreSupprimerJ'ai beaucoup apprécié la richesse de ce billet sur un peintre que je ne connaissais que de nom. Merci aussi pour la mention des sources. À ce sujet, je ne sais pas si c'est un problème avec mon propre ordinateur, mais le lien sur le dossier complet du Musée de Berlioz ne semble pas activé. Je vais vérifier sur mon autre poste, mais pourriez-vous aussi jeter un coup d'oeil lorsque vous en aurez la possibilité? Je vous souhaite une très belle fin de semaine!
J'ai retrouvé le tailleur de sapes dénommé Sapène il s'agit d'une photo de Michel Gromelle notre roi de la CPA. Elle est datée de 1908. On peut toutefois penser que la boutique existait au siècle passé, avec son ciseau-enseigne que Jongkind a fait passer côté pair de la rue. L'Institut néerlandais, rue de Lille, où je me rends presque à chaque fois que je vais à Paris (remarquables expos)a une bibliothèque assez bien fournie. Avec de probables choses intéressantes sur Jongkind.
RépondreSupprimerLa saga continue...Me suis souvenu à midi que Jongkind avait peint le port de Marseille. Me suis mis à chercher de ce côté là. Passé un coup de fil à une amie parisienne qui me dit de chercher du côté des peintres provençaux que J. aurait pu rencontrer. Pas Saïn. Pour Mallarmé elle me confirme qu'il avait quitté Avignon dès juin 1871. Elle cherche de son côté, moi du mien. Voici la moisson du jour: J avait de la famille (ou des amis) à Sorgues (les Messager). Il s'est surtout attardé à Avignon fin août 1880. Il descend à l'hôtel Saint-Yves (prés les halles) et reviens en octobre. Il aurait, en 1880, à nouveau peint le clocher et, séparément, le portail Matheron. Puis il aurait réalisé une aquarelle imaginaire à partir de ces deux précédentes. Mon amie me dit que sur cette dernière oeuvre (je lui ai parlé de la droguerie)il y aurait aussi indiqué "Epicerie" ??? A suivre...
RépondreSupprimerSuite et fin...suis distrait, le port de Marseille par Jongkind est signalé ici même dans ce blog...Pour le reste on me dit de lire :"J d'après sa correspondance". J'ai vu que, comme d'autres ouvrages de Victorine Hefting il est à Ceccano (et à l'Institut néerlandais, je viens de vérifier, leur catalogue est en ligne). Le peintre provençal pourrait être J-B Olive. Le mystère des motifs peints (le portail Matheron)demeure. J (qui connaissais Mallarmé) a-t-il écouté ce dernier qui lui a parlé de son quartier avignonnais ? Autre hypothèse: il a pu découvrir ce coin d'Avignon dans l'attente de quelque voiture à cheval pour Sorgues ? (trajet par la Carreterie ?).
RépondreSupprimerBravo pour cette note et tous ces brillants commentaires! C'est un régal!
RépondreSupprimer@LOU RAVI
RépondreSupprimerPas persuadée que ce qui se trouve à gauche de l'aquarelle de 1880 représente l'entrée du couvent des Carmes.
On dirait plutôt un store, ou l'auvent d'un commerce. C'est vrai que la place est étirée en largeur, mais c'est une vue d'artiste !
Jongkind a été un des maîtres d'Alfred Casile et Casile était un ami de Paul Saïn, ensemble Casile et Saïn ont fait une grande virée en Italie. Donc l'idée de Michel se confirme.
Sorgues est mentionnée dans la bio de Jongkind (le PDF de la Société des Amis de Jongkind) comme une des étapes de son périple de 1880 : "Voyage dans le midi : excursions à Marseille, Avignon, Sorgues, Nîmes, Narbonne, Béziers, Sète, La Ciotat, Port-Vendres, Toulon."
Génial d'avoir trouvé où il est descendu, je m'étais bien creusée la tête sur cette question ! l'hôtel Saint-Yves prés des Halles, ça colle impeccable.
De plus, ça me fait penser à cette autre droguerie (également pharmacie herboristerie) qu'il a peinte dans un quartier des Halles, dont la notice de la base Joconde ne précise pas si c'est à Paris ou ailleurs.
Est-ce qu'il pourrait s'agir de l'angle de la rue Bonneterie avec la rue de la Petite Meuse et y avait-il une pharmacie à cet endroit là ?...
Jusqu'ici je n'ai pas trouvé trace d'autre peintures du clocher des Augustins ou du portail Matheron. Si elles sont dans des collections particulières, on n'est pas prêts de les voir :(
Épicerie ? c'est possible, il semble y avoir quelquechose d'écrit sur le store...
J'ignore si on peut demander à voir l'aquarelle "Vue d'une place à Avignon avec une droguerie" (la droguerie Fabre) au département des Arts graphiques du musée du Louvre, mais je tenterais bien le coup... quand la météo n'annoncera plus 30° sur Paris !
Pas étonnée que Jongkind connaisse Mallarmé, il avait Zola comme relation commune (entre autres).
Merci pour toutes ces informations passionnantes c'est un plaisir de vous lire.
@ CLAUDE
RépondreSupprimerÀ bientôt alors. Il va y avoir de la lecture en supplément, les commentaires vont bon train en ce moment !
@ FARDOISE
RépondreSupprimerTu veux parler du Kuöny qui représente la porte de la République ? non, ça doit être celui du Tout Va Bien, mais je ne le trouve pas si fantaisiste que ça...
La base Joconde précise : Paris, Halles.
RépondreSupprimer@ MARIE-JOSÉE
RépondreSupprimerLe PDF du musée Berlioz sur Jongkind est assez long à télécharger, mais il fonctionne. J'ai oublié de mentionner que c'est comme pour celui de sa biographie, il suffit de cliquer sur l'icône "pages" en haut de la colonne de gauche pour faire apparaître le texte (au lieu d'avoir une page noire).
Maintenant si c'est réellement un problème de téléchargement, il se pourrait que ce soit une histoire de domaine internet, mais là, je suis malheureusement incompétente :(
J'espère que vous allez tout de même réussir à obtenir ce document qui est vraiment très riche.
Bonne fin de semaine à vous aussi et à bientôt.
@ CHRI
RépondreSupprimerMerci ! l'aventure continue... restez à l'écoute ;-)
@ AVIGNON
RépondreSupprimerMerci ! va falloir que je fasse réviser ma vue :(
Dommage tout de même !
Je me suis fait communiquer par mon amie l'extrait d'une lettre de J adresée depuis Tournabelle, le 27 septembre 1880 "nous nous remettons en route pour Marseille et si on peut faire une visite à Olive mais il se peut aussi que nous retrournons directement par avignon par la Côte St André" (fautes d'origine). Je ne vois qu'Olive JB.
RépondreSupprimerLa "vue générale" (avec cette trop grande place) a été réalisée par juxtaposition de deux autres aquarelles (cité dans "Jongkkind, sa vie son oeuvre son époque"). La bâche plutpot que l'entrée du cloître ? why not ? demandons à notre spécialiste MB d'arbitrer !
Saïn: la première représentation du clocher est de 1873. Et je le répète Saïn est alors, hors le cercle avignonnais des profs et élèves des Beaux-Arts d'Avignon, un illustre inconnu (il est surtout connu comme horloger métier auquel le forme son père). Casile et Saïn ne se connaissent pas à l'époque (sources les bouquins de Raphaël Mérindol et le "Casile" de Gérald Schurr que j'ai sous la main à la maison.
Les voitures et messageries pour Sorgues avaient, au début du XXème leur départ principal à l'hôtel de la Croix Blanche (écuries probables à ce qui fut ensuite le garage de cet hôtel, le couvent des carmes).
"L'autre droguerie", c'est manifestement les halles de Paris, comme l'indique la notice.
Il serait intéressant d'en savoir plus sur cette famille Messager...
Merci, j'ai effectivement réussi à télécharger ce dossier. C'est mon impatience qui était en cause, car je n'avais pas songé à regarder la barre du bas qui affichait la progression du téléchargement;0)
RépondreSupprimerArbitrer ? Impossible !
RépondreSupprimerC'est effectivement sans doute un mélange, mais cette pointe, c'est quoi ? C'est beaucoup trop haut pour être une bâche, alors l'ancienne entrée du couvent des Carmes ? Alors le peintre n'est pas doué pour le style gothique ! Mais il y a une diligence devant...
J'ai été en contact téléphonique avec François Auffret, l'actuel président de la Société des Amis de Jongkind, qui est extrêmement bien renseigné sur le sujet.
RépondreSupprimerEffectivement, Jongkind dessinait sur place mais peignait dans son atelier de Paris. Il datait son tableau de la date du dessin.
Selon M. Auffret, sa présence sur Avignon serait simplement due à un transit entre deux trains.
Belle enquête ! Effectivement à voir ses oeuvres avignonnaises on se doute bien que Jongkind n'a guère travaillé ses sujets sur place. On peut l'imaginer crayonnant rapidement quelques motifs puis réalisant des aquarelles bien plus tard, avec des ajouts de fantaisie, selon sa mémoire et son envie.. C'est flagrant avec la carotte du Tabac (voire avec le ciseau du tailleur et l'entrée du couvent dont il avait un souvenir probablement incertain).
RépondreSupprimerJe me suis fait envoyer des documents biographiques: contrairement à ce que dit M. Auffret, J. a bien séjourné à Avignon. D'abord on voit mal pourquoi, entre deux trains il serait allé croquer uniquement le quartier Matheron. Ensuite il y a ses lettres. Le 20 septembre 1880 il écrit à Jules Fesser de l'hôtel St Yves "Nous avons reçu votre lettre à Avignon que vous avez bien fait d'écrire, avant l'envoye de M. Messager.." . J. avait donc bien prévu de s'arrêter à Avignon (puisqu'il s'y fait adresser du courrier), ville où il séjournera à nouveau en octobre (hôtel, idem ?).
Le 18 septembre il était arrivé à Sorgues extrait: "Je vous écrit de nouveau parceque nous somme été chez M. Messager... ...Mr Messager...c'est absolument à la campagne...MR Messager dirige un établissement important..."
J. fait envoyer à Fesser, par l'intermédiaire de ce Messager (pépiniériste ???) des "greve de peche" (greffes de pêchers). J. fait aussi envoyer des plans de safran pour Mme Perron (?). Et encore "nous avons reçu votre lettre jeudi soir (à chercher: un calendrier de 1880) en rentrant à l'hôtel..." etc.
Victorine Hefting nous dit encore que Jongkind à fait cet envoi à J Fesser arce qu'il sait que ce dernier a un faible pour l'arboriculture.
M. Auffret n'a plus dû se souvenir des ouvrages de V. Hefting qui est, à ce que j'ai lu, une spécialiste de Jongkind ?
Sur Mallarmé: nous avons un spécialiste de Mallarmé (et des manifs pour la FSU, il ne s'en cache pas c'est pourquoi je le dit..ayant fait pas mal de manifs avec lui, il y a longtemps il est vrai) sous la main, à portée de souris: Pierre-Marie Danquigny. Il futt prof de lettres à Aubanel. Pourquoi ne pas l'interroger ? (taper son nom sur Google).
Je crois que l'on fantasme un peu avec cette histoire de Mallarmé. La réalité est peut-être beaucoup plus simple. Je connais très peu Jongking, mais je commence à m'y interresser...Il se baladait donc, comme de nombreux impressionnistes, avec carnet et crayons. Il resta peu de temps à Avignon mais on l'imagine mal ne pas visiter ses principaux monuments lui qui écrit être allé voir les monuments de Nîmes, Narbonne etc. Il n'a pas "croqué" par exemple le Palais des papes parce qu'il l'a visité de façon programmée, dans un parcours de journée organisée. Arrive le moment de prendre "l'omnibus" pour Sorgues (dans une lettre il dit qu'il suffit d'une heure pour aller d'une ville à l'autre, durée qui excède celle d'un transport par train mais qui correspond à celle d'un déplacement en véhicule à cheval). Et là, il doit attendre. Donc il sort ses crayons et nous fait quelques croquis autour du point de départ de la "diligence" c'est-à-dire l'hôtel de la Croix Blanche. Lors de la réalisation de l'aquarelle, plus tard, il mettra en scène cette diligence et se souviendra vaguement de l'architecture de l'ancienne entrée du couvent des Carmes. Pour accréditer cette hypothèse: les erreurs de motifs, la fumée qui se couche vers l'ouest, on est donc le matin. Les personnages qu sont dans une agitation "matinale" (paniers, enfants etc.). Dans une aquarelle représentant le même portail Matheron J. a ajouté "épicerie" et quelque chose comme "produits..." sous droguerie. Probable produit de pure imagination ou mélange des souvenirs car, sauf erreur, il n'y avait pas d'épicerie à cette adresse.
RépondreSupprimerJean-Baptiste Olive: se mit lui aussi à peindre des "soleils levants" (ou plutôt "couchants"). J. devait le connaître pour cette même passion pour l'impressionnisme et le monde des ports.
Simples hypothèses.
Une ville où j'ai séjourné, il y a longtemps mais un peintre que je connais mal, je vais lire les liens ! Merci et bon dimanche
RépondreSupprimer@ LOU RAVI
RépondreSupprimerBravo pour la récolte d'informations. Les résultats de cette enquête sont extrêmement intéressants.
Juste une précision pour résumer : l'aquarelle de 1880 est donc un "montage" du n°31 de l'actuelle rue Carreterie représentant l'hôtel de la Croix Blanche (aujourd'hui Théâtre Essaïon) accolée à la place du portail Matheron qui là, représente assez fidèlement la droguerie de l'époque (J. Fabre sans doute) et le commerce voisin (Enault déjà ? ou son prédécesseur).
@ AVIGNON STANDARDISTE
RépondreSupprimerMerci beaucoup pour ton concours et bravo pour les renseignements obtenus. Le succès de cette enquête dépasse de loin mes espérances. J'étais loin de m'attendre à un tel résultat en publiant ce billet. Voilà une formidable réponse à mon interrogation sur le choix du sujet de Jongkind !
@ ENITRAM
RépondreSupprimerAvignon est ma ville natale et j'y suis demeurée fort attachée malgré l'éloignement.
Ici le temps se gâte, l'orage gronde au loin, je vais devoir fermer l'ordinateur.
Bonne lecture et bon dimanche à toi aussi.
Il existe deux aquarelles "larges" tirées de deux autres resserées. La deuxième est dans un des livres de V. Hefting. Je ne l'ai pas trouvée sur le net. Effectivement Jongkind a fait une sorte de montage ce qui donne un Portail Matheron "élargi". Il a peint avec ses aquarelles réalisées et ses propres "souvenirs-impressions". J'ai regardé attentivement ses oeuvres (sur le net: base Joconde, musées et fondations diverses). Il semble peindre d'ordinaire en respectant le sujet (proportions, conformation etc.). Pourquoi le clocher des Augustins est-il ainsi déformé ? Quelqu'un m'a dit que c'était parce qu'il n'est pas facile à dessiner (clocheton sur tour, style atypique -avignonnais-)il faut du temps pour en saisir la complexité architecturale. J. a dû le croquer rapidement, debout, en souligant le côté "tranchant" du clocher par rapport à la ligne de fuite. Lorsqu'il réalise l'aquarelle il reprend ces traits ce qui donne un clocher maladroit qu'il ne peut rectifier puisq'il ne l'a plus sous les yeux. En 1880, il reprendra la même forme,sans rectif puisque l'aquarelle "Portail Matheron" est directement inspirée de celle de 1873 et qu'il n'a, semble-t-il, plus "recroqué" le seul clocher mais s'est attardé au Portail Matheron et ses commerces (réels ou imaginés). L'enseigne au ciseau est probablement placée sur la façade de l'immeuble où habitait Mallarmé ? A voir ....
RépondreSupprimer@ LOU RAVI
RépondreSupprimerMallarmé habitait le n°8, la fameuse "maison du crime" (je mets le lien pour les lecteurs qui ne seraient pas forcément au courant).
Si l'entrée de la maison de Mallarmé sur la place du Portail Matheron ne paie pas de mine, par contre elle a un jardin et une façade arrière bien plus agréables.
Pierre-Marie Danquigny (cité plus haut dans vos commentaires) l'a fort bien décrite dans l'un de ses articles sur le séjour avignonnais de Mallarmé.
@ LOU RAVI derechef
RépondreSupprimerSans aller jusqu'à la précision de Signac, qui a quasiment décalqué le clocher des Augustins, celui de Jongkind sur son aquarelle de 1880 me parait tout de même plus ressemblant que celui de sa toile de 1873.
Les ciseaux semblent situés au-dessus d'un commerce qui pourrait bien être l'épicerie de Pierre Bourgeois, citée par P-M Danquigny dans son article "Mallarmé à Avignon 1867-1871" (voir le lien dans mon commentaire précédent).
Il s'agirait alors sans doute d'un tailleur en chambre...
J'ai signalé les travaux de Danquigny, mais j'avoue ne les avoir guère lus. Je vais m'y mettre.
RépondreSupprimerA l'occasion j'essaierai de savoir qui était cette famille Messager de Sorgues. Un tailleur en chambre ? pourquoi pas ? Le 8 a été aussi occupé il y a qq années par Jean Yvan qui y avait son atelier de reliure. Ce quartier a bien mal évolué...
Bientôt Signac ? sourire...
Coucou Tilia,
RépondreSupprimerPardon pour le retard à découvrir ce passionnant billet. J'aime particuièrement les argentés de Jongking, il les a réussis avec le bleu et le gris mais le brun n'est pas en reste. j'adore la "Vue d'une place à Avignon avec une droguerie", cette aquarelle est splendide.
Je crois que tu as raison, on dirait bien "Bleu de Prusse" sur la façade...J'ai pris une loupe lol
Je suis ravie d'être venue me balader en Avignon lol j'ai rencontré Jongking qui a eu ce coup de coeur célèbre pour le Dauphiné qu'il a immortalisé sous tous ses paysages...
Bisous à presto !
Belle semaine,
Nath.
@ LOU RAVI
RépondreSupprimerDes Pépinières Messager existent bien actuellement, mais... en Finistère !
Signac n'est pas le prochain sur ma liste, mais son tour viendra.
@ NATHANAËLLE
RépondreSupprimerJe pense aller faire un tour au Louvre, j'aimerais bien voir en vrai cette fameuse aquarelle.
En examinant plus objectivement la photo de la carte postale (celle où l'on voit une partie de la façade de la droguerie) je pense que je me suis laissée emporter par mon idée de couleurs pour la peinture et je suis moins sûre à présent de lire "Bleu de Prusse".
En fait, il me semble qu'on pourrait plutôt lire "Bleu de Lavage".
Sans doute celui que les blanchisseuses utilisaient pour azurer le linge depuis son invention en 1827-28 par Jean-Baptiste Guimet (le père d'Émile Guimet, fondateur du musée du même nom) le fameux Bleu Guimet. Un bleu également utilisé en peinture, tout se tient !
Bonne semaine Nathanaëlle, bisous et à bientôt.
Coucou Tilia et Nathanaëlle !
RépondreSupprimerJe dois avoir un problème de vision car ces aquarelles avignonnaises (qui me ne paraissent pas, par ailleurs, parmi les plus réussies de Jongkind, il a fait beaucoup mieux) ne me semblent pas avoir une dominante "bleue". Les photographies seraient-elles à ce point trompeuses ? Merci.
Te voilà revenue, bienvenue Tilia.
RépondreSupprimerPlaisir de retrouver tes billets si bien documentés et de de nous faire partager tes découvertes.
Bon week-end
Je reviens de voyage et pour m'accueillir dans ton blog un tableau sur Avignon! Que peut-on souhaiter de mieux? j'habite tout près de ce clocher. Bravo pour cette série sur notre ville. Je pense que cela va t'amener à parler des peintres, hélas! trop peu connus (et pourtant de talent)de l'école avignonnaise, XIXème au XX ième.
RépondreSupprimerDe retour , c'est avec grand plaisir que je découvre Avignon et ses peintres
RépondreSupprimerBonne journée
Je viens de lire avec passion non seulement le billet mais tout l'échange avec Lou Ravi et MB, quels fabuleux développements ! Merci à tous pour vos contributions, le progrès de l'enquête se lit comme un roman !
RépondreSupprimerBonjour, je suis de la famille de J.J. Camille KUONY, nous avons encore certaines de ses peintures. Il a séjourné longtemps en Avignon, mais était aussi allé auparavant en Normandie si je ne m'abuse. Il a fini ses jours à La Rochelle.
RépondreSupprimerBonjour Anonyme et merci pour l'information.
SupprimerJe pense publier prochainement un billet avec les peintures que votre parent a faites à Avignon et que j'ai pu trouver sur l'internet.
Si vous en avez d'autres représentant Avignon, ou bien Villeneuve, et que souhaitiez les montrer aux amateurs, vous pouvez m'envoyer des photos par courriel, mon adresse se trouve dans mon profil (en haut à gauche de cette page). Encore merci pour votre message.