il les a immergés dans de grands seaux
pleins à ras bord de couleurs veloutées
pour teinter en majesté ses nuées.
SOLEILS COUCHANTS
Soleil couchant
V
V
Quelquefois, sous les plis des nuages trompeurs,
Loin dans l’air, à travers les brèches des vapeurs
Par le vent du soir remuées,
Derrière les derniers brouillards, plus loin encor,
Apparaissent soudain les milles étages d’or
D’un édifice de nuées !
Et l’œil épouvanté, par delà tous nos cieux,
Sur une île de l’air au vol audacieux,
Dans l’éther libre aventurée,
L’œil croit voir jusqu’au ciel monter, monter toujours,
Avec ses escaliers, ses ponts, ses grandes tours,
Quelque Babel démesurée !
Victor Hugo, Les Feuilles d'Automne, septembre 1828
Soleil couchant
I
J'aime les soirs sereins et beaux, j'aime les soirs,
Soit qu'ils dorent le front des antiques manoirs
Ensevelis dans les feuillages ;
Soit que la brume au loin s'allonge en bancs de feu ;
Soit que mille rayons brisent dans un ciel bleu
À des archipels de nuages.
Soit qu'ils dorent le front des antiques manoirs
Ensevelis dans les feuillages ;
Soit que la brume au loin s'allonge en bancs de feu ;
Soit que mille rayons brisent dans un ciel bleu
À des archipels de nuages.
Oh ! regardez le ciel ! cent nuages mouvants,
Amoncelés là-haut sous le souffle des vents,
Groupent leurs formes inconnues ;
Sous leurs flots par moments flamboie un pâle éclair.
Comme si tout à coup quelque géant de l'air
Tirait son glaive dans les nues.
Le soleil, à travers leurs ombres, brille encor ;
Tantôt fait, à l'égal des larges dômes d'or,
Luire le toit d'une chaumière ;
Ou dispute aux brouillards les vagues horizons ;
Ou découpe, en tombant sur les sombres gazons,
Comme de grands lacs de lumière.
Puis voilà qu'on croit voir, dans le ciel balayé,
Pendre un grand crocodile au dos large et rayé,
Aux trois rangs de dents acérées ;
Sous son ventre plombé glisse un rayon du soir ;
Cent nuages ardents luisent sous son flanc noir
Comme des écailles dorées.
Puis se dresse un palais. Puis l'air tremble, et tout fuit.
L'édifice effrayant des nuages détruit
S'écroule en ruines pressées ;
Il jonche au loin le ciel, et ses cônes vermeils
Pendent, la pointe en bas, sur nos têtes, pareils
À des montagnes renversées.
Oh ! contemplez le ciel ! et dès qu'a fui le jour,
En tout temps, en tout lieu, d'un ineffable amour,
Regardez à travers ses voiles ;
Un mystère est au fond de leur grave beauté,
L'hiver, quand ils sont noirs comme un linceul, l'été,
Quand la nuit les brode d'étoiles.
Victor Hugo, Les Feuilles d'Automne, juin 1829
photos ©VesperTilia, échos-de-mon-grenier 2011
EDIT du samedi 6 août
Les Soleils Couchants de Victor Hugo faisant partie de son recueil intitulé Feuilles d'Automne.
Les Feuilles d'Automne d'Alphonse Hasselmans font une illustration musicale bien dans la note, ne trouvez-vous pas ?
L'image n'est pas parfaite, mais le son est bon
et la harpiste charmante
et la harpiste charmante
Un Victor Hugo bien illustré....
RépondreSupprimerBelle journée Bises
J'ose: T'as de beaux cieux tu sais!
RépondreSupprimerBon sang ! cette langue de Victor Hugo qu'est ce que c'est beau ! On n'écrit plus comme cela mais si on a la curiosité de lire à haute voix ça transporte ! et avec tes photos, c'est magnifique ...
RépondreSupprimerUn beau texte bien mis en valeur par ces vues de ciels. On ne se lasse pas de regarder le ciel, il a toujours un éclat pour nous surprendre, nous enchanter.
RépondreSupprimerRares ces mois dits d'été sont les couchers de soleil. Rien pour nous enflammer : que de la grisaille, de l'atone, chaque soir. Hier, une tentative comme le ferait un peintre, une ébauche
RépondreSupprimerque tu as saisi comme je l'ai tenté mais avec patience et le soutien des poétes. Ce qui nous réjouit. Merci.
Ah Hugo ! The best ! Magnfiques ces ciels, il n'y a que la nature pour bnous offrir ces couleurs, ces bleus, ces parmes, ces roses, des ors... du grand Art...
RépondreSupprimeril y a quelques années, je n'arretais pas de photographier le ciel, je gardais les meillerus clichés de nuages, jour comme crépuscule, ils m'enchantent toujours autant...
Bisous et bravo pour ces superbes photos.
Belle journée ! (il pleut j'adore !)
Oops... pardon pour les fautes de "frappe-trop-vite" lol
RépondreSupprimerBisous Tilia
Victor Hugo au firmament.Quelle verve sublime en harmonie parfaite avec tes couchers de soleil, ton coucher de soleil d'une soir d'été !
RépondreSupprimerBonne journée Tilia !
@ PATRIARCH
RépondreSupprimerLes vers de Victor Hugo sont déjà bien imagés, mes photos font juste un contrepoint.
Bonne fin de semaine avec bises
@ CHRI
RépondreSupprimerÇa c'est bien vrai ! j'ai une belle vue depuis mon septième ;-)
@ ARTEMISIA
RépondreSupprimerIl s'y entendait, le père Hugo, pour tourner ses métaphores. Avec une collection de photos plus étendue j'aurais pu piocher des images plus adaptées, mais là je débute presque !
Beau temps chez toi, Artemisia
Bisous
@ FARDOISE
RépondreSupprimerContempler le ciel, souvent le seul lien avec la nature pour certains citadins. Encore faut-il penser à lever les yeux de son traintrain pour jouir d'un spectacle sans cesse renouvelé.
@ JEANDLER
RépondreSupprimerOui, le ciel d'hier soir valait bien Victor Hugo. J'aurais dû penser à faire une petite vidéo. Des pans de nuée se déplaçaient assez rapidement devant la grande masse opaque qui masquait en grande partie les rayons du couchant. C'était vraiment spectaculaire.
@ NATHANAËLLE
RépondreSupprimerUn spectacle grandiose, je le disais à l'instant. Tant que l'ascenseur fonctionne, je m'estime chanceuse d'habiter au septième. J'ai une vue très dégagée sur le couchant en toutes saisons. Du côté du levant, c'est plus encombré et j'avoue que je ne suis pas souvent debout à l'aurore (à moins d'avoir passé une nuit blanche!).
Bisous, passe un bon week-end
@ ENITRAM
RépondreSupprimerTu me donnes une idée, je vais voir s'il n'y aurait pas des fois de la musique pour accompagner la poésie de tonton Hugo et mes photos des couleurs du ciel.
Belle et bonne fin de semaine, Enitram
Je reviendrai voir avec la musique! mais les vers de Hugo en sont déjà une et tes photos aussi! Bon week end!
RépondreSupprimer@ CLAUDIALUCIA
RépondreSupprimerMerci ClaudiaLucia. Tu peux revenir, la musique est là !
Bises et bon dimanche
Cela m'arrive aussi des nuits blanches à travailler derrière l'ordi, et au petit matin, la lumière toute neuve d'un jour qui commence... Elle me charme moins que celle du soir, quand on voit arriver les étoiles une à une... J'aime les soirs qui se couchent tôt, car je peux me décrocher le cou à les regarder, ces étoiles. A la fin de l'automne et en l'hiver, avec l'étoile du Berger..waouh ! C'est beau, elle est là le matin aussi...
RépondreSupprimerj'ai habité un 7e étage aussi à Paris, c'était génial, j'avais l'impression d'être plus près du ciel, je baissais un peu la tête, mes yeux se posaient sur Montmartre, Eiffel au loin, je voyais jusqu'au Mont Valérien par temps clair. Puis j'ai habité vers Saint-Augustin, vue moins dégagée mais j'étais plus près du Palais Garnier et lui, je l'adore.
Allez, au dodo tu as vu l'heure ! lol :D
Bisous Tilia
bonjour chère Tilia, c'est magnifique cette série de photo elles vont merveilleusement ensemble.
RépondreSupprimerElles sont tendres et douces comme ton âme.
Bravo pour le choix de la harpe ! Quel beau mouvement du bras et la gestuelle des doigts ou le contraire !
RépondreSupprimerBonne soirée
Une bien belle série avec les mots qui la complètent. Une vue dégagée qui vaut se prête à la photo.Pourvu que ça dure ;-)
RépondreSupprimer@ NATHANAËLLE
RépondreSupprimerQuelle chance tu as eue d'avoir une telle vue sur Paris ! Quand j'habitais St Cloud j'aurais pu l'avoir aussi, mais ce n'était pas le cas et je ne voyais guère les étoiles depuis mon second étage sur jardin.
À propos de l'étoile du berger, connais-tu ses autres noms ? Lucifer le matin et Vesper le soir.
Vénus domine mon ciel de naissance, c'est une des raisons pour lesquelles j'ai choisi Vesper Tilia comme pseudo.
Tu as raison, il est tard je vais aller dormir !
Bisous et douce nuit étoilée
@ MIRAE
RépondreSupprimerBonsoir chère Mirae, merci pour ton si gentil message. Je t'envoie une grande volée de bisous par dessus la grande mare ♥
@ ENITRAM
RépondreSupprimerNon seulement Chloé excelle à la harpe, mais de plus, elle a une belle voix !
Bon lundi Enitram, bisous
@DETAILS
RépondreSupprimerTu veux dire "pourvu que le ciel dégagé dure" je pense ? ça me paraît compromis !
Cette semaine, on a encore rendez-vous avec madame la Pluie ! Il ne reste plus qu'à chanter !
Bonjour Tilia
RépondreSupprimerUn coucher de soleil, c´est une pause en fin de journée qui réconforte, ressource.
Accompagné par la harpe, encore plus romantique.
Merci
Hello l'artiste, un petit prix t'attend sur VenetiaMicio, bravo pour tous ces superbes couchers de soleil.
RépondreSupprimerbaci
Danielle
Regarde le ciel! Il offre des nuages aux formes étranges, où ton imaginaire reconstruit des paysages, des formes animales ou humaines. Certains jours ce sont les traces des avions qui ont dessiné des tracés de croix, de panaches blancs, d'intersections.
RépondreSupprimerSi tu t'ennuies, le ciel te tiendra compagnie...
En effet, une belle musique et la harpe est parfaite pour traduire les sentiments suscités par la lecture du poème.
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