samedi 25 septembre 2010

La main sur le choeur

Si vous suivez régulièrement mes billets, vous savez déjà que je (alias "yvelinoise", alias "Tilia") me trouvais à Avignon lors des Journées du Patrimoine. Ce n'était pas le motif de mon voyage vers le Sud, puisque je "descendais" pour répondre à une invitation familiale, mais j'ai grandement apprécié la coïncidence de date.

Le foisonnement des accès aux édifices d'ordinaires fermés au public a attiré nombre de visiteurs. Et le temps clément de l'été finissant a fortement contribué à faire de ces journées une totale réussite.

Parmi la vingtaine de bâtiments religieux d'Avignon que l'on pouvait visiter librement durant ces deux journées propices à l'enrichissement des connaissances architecturales, la chapelle de l'Oratoire était dans mes priorités.

La chapelle de l'Oratoire en 1991
avant son toilettage de 2004
(photo personnelle)

Pour moi cette chapelle est une vieille connaissance, car j'ai habité l'impasse de l'Oratoire durant un quart de siècle. Quand je dis "vieille connaissance", je veux parler de l'extérieur de la chapelle. Sa silhouette, si particulière, est gravée dans ma mémoire ad vitam eternam. Par contre, de son intérieur à peine entrevu en de rares occasions, je ne connaissais quasiment que des photos.

L'une d'elles, publiée en 2007 dans Flickr, avait tout de suite retenu mon attention par son étrangeté. Il s'agit d'un détail peu visible à l'oeil nu, mais que le zoom de la photographe a fort bien débusqué.

Une main,
(cliquez sur le lien pour la voir)
paraissant former le geste que l'on fait familièrement aux enfants pour les sommer de se taire, est perchée sur le rebord de la corniche encerclant la coupole !

La main, à l'aplomb du choeur de la chapelle
(photo personnelle)

Cette sculpture est tellement incongrue dans une église que l'on se demande illico en la voyant ce qu'elle peut bien signifier. Mon interprétation première étant : elle est là pour demander le silence à l'assemblée des fidèles.

Une interprétation très subjective, basée sur le seul aspect gestuel de la sculpture. Renseignement pris (par personne interposée), aucune explication plausible. Je restais donc sur ma faim, mon insatiable curiosité me taraudant chaque fois que je voyais la chapelle en photo ou que j'en entendais parler.

Vous dire que j'allais sauter sur l'occasion des Journées du Patrimoine pour tenter d'élucider le mystère me paraît superflu ! Le 18 septembre, après avoir quitté mes amis blogueurs, j'ai pris le chemin de l'Oratoire. À peine entrée dans les lieux, j'ai repéré la personne chargée de l'accueil et, en m'emparant d'un exemplaire des brochures concernant la chapelle disposées devant elle, je lui ai posé LA question. N'ayant pas de réponse à me fournir, elle me conseilla de m'adresser à l'abbé distribuant une revue à l'extérieur de la chapelle. Allais-je enfin savoir ?...

Foin de suspense, voici ce qu'il me répondit : "La main tient entre ses doigts un anneau. On suppose que dans le passé cet anneau soutenait une chaîne à laquelle on suspendait la lampe du sanctuaire".
La lampe du sanctuaire, cette lumière rouge qui signale qu'une hostie consacrée se trouve dans le tabernacle (ou l'ostensoir) et que le silence et la retenue, voire l'adoration à genoux, sont requis.

L'abbé ajouta que cette explication est la plus probable. Les autres hypothèses, parmi lesquelles on trouve une éventuelle vengeance de l'architecte mécontent de n'avoir pas été rémunéré comme convenu, ne sont pas à retenir sérieusement.

Sur ce point ma curiosité était enfin satisfaite et j'étais assez contente de mon intuition, la main était bien là pour demander le silence, pas par son geste, mais par l'intermédiaire de la lampe rouge.

Maintenant, il me reste à élucider une autre question concernant la chapelle de l'Oratoire, question que je me suis posée récemment en fouillant dans mes vieux documents. Que sont devenues les trois petites cloches que l'on distingue au bord du toit du vestibule (au dessus du portail de droite) sur la carte postale ci-dessous ?

La chapelle de l'Oratoire au début du XXe siècle
(collection personnelle)


Ce trio de petites cloches a disparu...
Quelqu'un aurait-il une idée ?

Je l'espère, sinon je vais devoir retourner d'ici peu à Avignon pour enquêter !!!

© VesperTilia, echos-de-mon-grenier 2010
texte et photos

9 commentaires :

  1. Quel "suspense"!

    La main de Dieu au-dessus des fidèles...

    Pour les cloches, notre ami Michel, grand amateur de cartes postales anciennes d'Avignon, doit bien avoir une idée en réserve.

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  2. J'ai fréquenté cette chapelle durant des années... Étant scouts, nous avions même notre local derrière (dans l'impasse) à côté de la sacristie. J'y ai fait communion, confirmation... Y fut enfant de chœur. Elle m'est donc également gravée dans la mémoire... Mais je ne connais pas l'histoire de ce lieu !
    Cette explication de suspension est tout à fait cohérente pour justifier la main.
    Quant aux cloches... tout reste à faire !
    À suivre...

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  3. Je pourrais proposer une piste : peut-être que les cloches ont été données au palais du Roure pour enrichir la collection de Jeanne de Flandreysy ?

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  4. Jeandler : merci ! c'est rectifié.

    Michel a effectivement une bonne idée.

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  5. Avignon : je reconnais bien là ta perspicacité.

    Me reste plus qu'à aller questionner le conservateur du Roure...

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  6. J'étais entrée rapidement dans cette église et je n'ai pas remarqué cette main, étrange sculpture en effet. J'ai vérifié mes photos, et elle n'apparait pas.
    Pour les cloches, Michel a sans doute raison. Ou bien elles ont été fondues durant la guerre comme beaucoup de sculptures de la ville.

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  7. Fardoise : il faut des jumelles pour la dénicher à une telle hauteur.

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  8. Extraordinaire, l'histoire de cette main ! Bravo au photographe qui en fait ce gros plan épatant. Merci pour ce récit au suspense haletant !

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  9. Nathalie : merci !
    Pleinement d'accord avec toi pour dire bravo à Pascale qui a su repérer et si bien photographier la main de la chapelle.
    Selon son profil, elle est avignonnaise...

    Et bravo à toi pour tes superbes photos de la Sorgue, je vois que contrairement à moi tu ignores le vertige ;-)

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