Jeune femme à sa fenêtre, avec une chandelle allumée Gerrit Dou, env. 1660 Museo Thyssen-Bornemisza, Madrid - notice du musée |
Voici un an (déjà !) j'ouvrais ce grenier où j'aime à entreposer maintes choses qui m'enchantent. Des trésors de peinture, bien sûr. Mais aussi des images insolites et des textes amusants (ou l'inverse), ainsi que quelques photos, pas toujours très réussies ! ayant de gros progrès à faire dans le maniement de mon APN. Sans oublier quelques savoureuses poésies et des musiques diverses et variées.
Illustration pour l'ouverture de ce blog le 5 juillet 2010 |
L'image de départ de ce blog est issue de l'une des fresques de la salle capitulaire de la Cappella Migliorati de l'église San Francesco de Prato, peintes par Niccolò di Pietro Gerini (avec la collaboration de son fils Lorenzo di Niccolò Gerini et d'Agnolo Gaddi, dixit Wikipédia).
Niccolò Gerini - vers 1380 Cappella Migliorati - Église San Francesco, Prato crédit photo : Museo Virtuale Pratese |
D'après la note accompagnant la reproduction ci-dessous, cette fresque est d'ordinaire considérée comme une représentation de marchands, ou de banquiers italiens (un exemple dans cet article).
L'appel de saint Matthieu fresque de Niccolò Gerini vers 1380 Cappella Migliorati - Église San Francesco, Prato crédit photo |
Mais en réalité, la fresque représente la vocation d'un certain Lévi, publicain de son état, autrement dit collecteur d'impôt, ou plutôt douanier pour le compte des Romains, dans la petite ville de Capharnaüm, en Galilée. Ce Lévi est le futur saint Matthieu qui fut appelé par le Christ, lui demandant de tout quitter pour devenir l'un de ses disciples. Il est écrit qu'il se leva sur l'heure et abandonna sa charge pour le suivre. Un épisode biblique relaté par Matthieu lui-même (IX, 9-13) ainsi que par Luc (V, 27-32) et Marc (II, 13-17) dans leurs évangiles respectifs qui, contrairement à Matthieu, l'appellent Lévi.
La vocation de saint Matthieu a fait l'objet de plusieurs tableaux.
Le plus célèbre d'entre eux étant sans aucun doute celui que Le Caravage à terminé de peindre en 1600 pour la chapelle Contarelli consacrée à la vie de saint Matthieu dans l'Église Saint-Louis-des-Français à Rome.
La vocation de saint Matthieu Le Caravage - 1600 Église St Louis des Français, Rome article de Wikipédia sur ce tableau |
Le Caravage ayant fait école, sa Vocation de saint Matthieu en a inspiré d'autres. Le tableau de Jan Van Bijlert (ci-dessous) fait partie de ceux où l'influence caravagesque est la plus flagrante.
Roeping van Mattheus (L'appel de Matthieu) Jan Van Bijlert - vers 1625 Museum Catharijneconvent, Utrecht |
Dans le courant du caravagisme, l’École caravagesque d'Utrecht (dont Van Bijlert fait partie) occupe une place prépondérante. Un de ses chefs de file, Hendrick ter Brugghen, a peint au moins trois versions de l'Appel de saint Matthieu.
L'appel de saint Matthieu Hendrick ter Brugghen - 1616 Magyar Szépmüvészeti Múzeum, Budapest (notice du musée) |
Visiblement passionné par son sujet, Hendrick ter Brugghen multiplie les prises de vues. Mis à part le geste du Christ, par son nombre de protagonistes élevé - huit, sans compter le chien - sa version de 1620 (ci-dessous) est beaucoup plus proche de celle du Caravage que celle de 1616.
La vocation de saint Matthieu Hendrick ter Brugghen - 1620 Musée des Beaux-Arts, Le Havre - voir la notice |
L'année suivante Hendrick ter Brugghen revient à une scène plus réduite, avec "seulement" six personnages et un cadrage plus resserré.
L'appel de saint Matthieu Hendrick ter Brugghen - 1621 Centraal Museum, Utrecht - notice du musée |
Un autre peintre de l’École caravagesque d'Utrecht, Matthias Stom (ou Stomer) a lui aussi peint la scène où le Christ appelle un nouvel apôtre. Et là aussi l'influence du maître saute aux yeux, Stom reprenant les mêmes coiffures que Le Caravage pour Matthieu et pour le jeune homme au béret à plume, ainsi que la fine auréole au dessus de la tête du Christ.
L'appel de saint Matthieu Matthias Stomer - vers 1629 Palais californien de la Légion d'Honneur, San Francisco (photo courtoisie) |
Un siècle après La Vocation de saint Matthieu par Le Caravage, un autre peintre hollandais, Arnold Houbraken, a repris ce thème, toujours dans la veine caravagesque, avec toutefois une ouverture dans le fond du tableau. L'ouverture vers le ciel est très rare dans la peinture du Caravage. Recherches faites, il semble que la nature en arrière plan n'apparaît que dans "Le repos pendant la fuite en Égypte" et "Le sacrifice d'Isaac".
La vocation de saint Matthieu Arnold Houbraken - vers 1710 Dordrechts Museum, Dordrecht - notice du musée |
La notice du musée étant en néerlandais, voici l'information intéressante (traduite par Google) qu'elle contient : cette peinture a été réalisée en vue d'une édition illustrée des Évangiles, dans laquelle de nombreuses gravures bibliques conçues par Houbraken ont été incluses.
Voici une autre dame à la chandelle.
Vieille femme à la chandelle Matthias Stomer - 1640 Musée de l'Ermitage, Saint-Pétersbourg - notice du musée |
Plus âgée que la jeune femme du début, elle pourrait être sa grand-mère. Elle semble préoccupée par ses maigres ressources et elle n'est pas la seule ! Celle qui figure au musée de Grenoble sous le titre "L'avarice" n'a pas l'air plus fortunée...
L'avarice Matthias Stomer - vers 1650 Musée des Beaux-Arts, Grenoble (photo courtoisie) |
©VesperTilia, échos-de-mon-grenier 2011
Heureux anniversaire cher blog de Tilia, et merci pour ces passionnantes et merveilleuses lumières. Bises
RépondreSupprimerNathanaëlle
@ NATHANAËLLE
RépondreSupprimerFait au dernier moment ! Comme souvent, j'ai changé de sujet en cours de route. Celui-ci me paraissant plus adapté à la circonstance. Mais ce dont je t'ai parlé ne perd rien pour attendre.
Je viens de contempler tes clairs de lune pour la seconde fois et j'ai enfin pu trouver le temps pour te laisser un petit commentaire.
Bisous, à bientôt
Dans mon enfance délitée, les chauve-souris me consolèrent souvent ans ce grand grenier ou nichaient parfois un couple de Grands Ducs. C'est ce mot qui m'a donné d'entrer d'entrer dans ton monde à l'opposé du mien.
RépondreSupprimerLa peinture et le rêve qu'elle me procure m'ont réparé jour après jour et rendu à la fin du parcours, j'en ai toujours besoin. Cette halte me prépare une journée plus sereine, sans doute, grâce à toi.
Je t'en remercie..
Roger
joyeux anniversaire chère magnifique Tilia, je suis tellement contente d'avoir rencontré la flamme de ton esprit.
RépondreSupprimerbises et je te souhaite une magnifique continuation
mais une autre chose chère Tilia est-ce que tu as trouvé mon fedora haha?
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je voulais dire la flamme splendide de ton esprit...
RépondreSupprimerLe musée des Beaux Arts de Grenoble semble contenir des trésors... J'y ai trouvé aussi le "Saint Jérôme" de Georges de la Tour dont la palette est bien proche de celle de Matthias Stomer. D'ailleurs ils étaient contemporains. Se sont-ils connus?..
RépondreSupprimerUn bon anniversaire au Grenier et un bel été à sa propriétaire!
Un an déjà ! Que ce blog magnifique poursuive son chemin pour notre plus grand plaisir.
RépondreSupprimerEntre les deux âges de la vie et celle d'une chandelle qui va s'éteindre mais qui se rallumera, une somptueuse galerie est réunie. Comme de coutume, une note soigneusement mise en scène.
Merci, Tilia de ce plaisir donné.
Bon grenierversaire, mes vœux les plus sincères !
RépondreSupprimerFaudra-t-il économiser les bouts de chandelle ?
bon anniversaire à ton blog. Je vais regarder mes timbres venant d'autres pays. J'ai beaucoup de tableaux de ce genre...;
RépondreSupprimerbelle journée. Bises
Coucou Tilia,
RépondreSupprimerJe suis un peu le même systhème, je commence un truc et je dérape sur un autre, et du coup, nous voici sur les Glasgow Boys au lieu de la parade du bleu... qui ne perd rien pour attendre..(si : un ou deux docs de plus à chercher)
Merci pour ta chandelle, je t'en souhaite plein d'autres à feter.
Kissous
Nath.
Au fil de tes intéressants billets un an s'est passé très vite, bonne continuation pour la découverte d'autres trésors dans ce grenier.
RépondreSupprimerJe n´oublie pas de venir te lire.
RépondreSupprimerPassionnant le sujet, tes recherches.
Belle semaine et bonnes vacances Tilia
Alba
Déjà un an! C'est passé si vite!
RépondreSupprimerIl est vrai que chaque article est très fourni en information et j'ai plaisir à découvrir tous les tableaux que tu présentes.
Alors au travail pour la suite!
et je concentrais sur la flamme c'est hypnotique, merci pour ta merveilleuse plume magique et vos merveilleuses photos pleine d'inspiration,et vos mots analytiques,et vos magnifiques emails et votre amitié chaleureuse
RépondreSupprimerbises
Bon anniversaire à ton blog que j'aime visiter tellement j'apprends de choses intéressantes en m'arrêtant quelque peu dans ton grenier!
RépondreSupprimerCe billet est encore représentatif des trésors que l'on trouve la-haut sous les toits...
Un très bon anniversaire à ton blog, découvert il y a peu, mais qui est vite devenu l'un de mes petits jardins virtuels propices à la rêverie autant qu'à la culture. Merci pour ces articles fouillés teintés de poésie et d'humour. Une très longue continuation aux échos de ton grenier, pour notre grand plaisir.
RépondreSupprimerBon anniversaire, adoncques !!!
RépondreSupprimerJ'adore Caravaggio, un peintre absolument sublime (normal, vu que signe d'air, lol !), dont une seconde version de Saint Mathieu (plus tardive, et donc plus sombre) existe aussi dans le musée de Milan...
Ceci dit, de même que le compositeur Gesualdo de la même époque, Caravaggio a dû être le seul peintre à s'être rendu coupable d'avoir tué quelqu'un !
Sauf que Gesualdo (qui a tué sa femme) était de la noblesse, et n'a donc jamais été poursuivi... Alors que Caravaggio a passé sa vie à fuit dans toute l'Italie, snif !
Excuse-me, je me suis trompé !
RépondreSupprimerEn fait, je voulais parler d'un tableau assez proche (mais géantissime, lui aussi), "Le Dîner d'Emmaus", dont Caravggio a effectivement fait deux sublimes versions : la toute première à Londres, et la seconde à Milan...
A voir absolument, qu'il s'agisse d'un ou de l'autre !
@ LE CHEMIN DES GRANDS JARDINS
RépondreSupprimerBonjour Roger et bienvenue ici, je suis enchantée de faire un peu connaissance. Le grenier de mon enfance était si vaste qu'il occupait les deux tiers de l'étage où nous vivions, mes parents et moi. Il n'abritait sans doute pas de chauve-souris, mais j'aurais préféré leur présence à celle du vampire dont on me menaçait pour me faire filer droit !
Merci de ta visite qui me fait grand plaisir.
@ MIRAE
RépondreSupprimerMerci chère merveilleuse Mirae, tes commentaires sont adorablement gentils et spirituels à la fois.
Ton Fédora (private joke) était l'autre jour sur mon balcon. Je me suis approchée pour le voir de plus près, mais un coup de vent l'a emporté au loin. Je lui ai crié de te donner le bonjour quand il sera de retour dans ta lointaine contrée. M'a-t-il seulement entendue? je ne sais...
Je le soupçonne d'avoir emprunté des plumes au Caravage pour voler plus vite ;-)
Bises, à bientôt chère Mirae.
@ HAZLÓ
RépondreSupprimerD'après un article du site de l'Académie de Grenoble, le "Legs Agutte Sembat" (rechercher ce titre de paragraphe dans cette page) aurait placé le musée de Grenoble au premier rang des musées d'art moderne en France.
Bel été chez vous aussi... avec néanmoins assez de pluie pour combattre la sécheresse et prévenir les feux de forêt.
@ JEANDLER
RépondreSupprimerMerci à toi, Jeandler, pour ce compliment si bien tourné.
Alors en gros il faut faire des économies de bout de chandelles, ou alors brûler la chandelle par les deux bouts, parce que sinon, soit on finit vieille à compter ses sous, soit on se retrouve appelé par une mission divine.... mhhhhhhhhm, merci la Fée Electricité, moi je dis :-)
RépondreSupprimerEt bon anniversaire de blog, youhou \o/
(ou alors j'ai rien compris, ce qui, vu mon niveau de fatigue, serait une possibilité plus que probable)
RépondreSupprimer@ AVIGNON
RépondreSupprimerMerci Avignon.
Oui, les économies de bouts de chandelles sont de rigueur. Je suis persuadée que le monde ne se sortira pas de la crise sans décroissance. La chasse au gaspi des années soixante-dix est d'ores et déjà relancée.
@ PATRIARCH
RépondreSupprimerIl va falloir que je surveille tes billets de plus près ;-)
Bises et beau temps chez toi (pas trop chaud surtout).
@ NATHANAËLLE
RépondreSupprimerOups ! je n'ai pas encore trouvé le temps d'aller admirer tes Glasgow Boys. J'y vais dès que j'ai fini de répondre aux commentaires.
Bisous, à tout de suite.
@DETAILS
RépondreSupprimerMerci pour ton gentil message. Je vais essayer de ne pas trop faiblir ;-)
@ ALBA
RépondreSupprimerPas de vacances pour moi cet été. Enfin, je veux dire que je ne quitte pas mon coin. Mais je m'absenterai sans doute à l'automne.
Bonnes vacances pour toi, si tu pars
@ CHEMINEZENLAIR
RépondreSupprimerEh oui, comme le temps passe, n'est-ce pas !
La suite est sous le coude. Il faut juste que je trouve le temps (toujours le temps !) de m'y mettre.
@ ENITRAM
RépondreSupprimerC'est vrai que j'ai tendance à accrocher beaucoup de tableaux sur les murs de ce grenier. Mais que veux-tu, les tableaux m'attirent comme l'aimant la limaille !
J'ai eu un coup de cœur pour un portrait de femme dernièrement, je pense le publier prochainement.
@ CATHY B
RépondreSupprimerMerci Cathy. J'admire aussi beaucoup tes photos, que je ne manque pas d'aller admirer sur ton blog, même si je commente peu. Tu as vraiment le talent de mettre en valeur la beauté des plantes toutes simples et des insectes qui les visitent. Bravo.
@ VINCENT
RépondreSupprimerMerci pour les informations concernant "Le Repas d'Emmaüs". Je préfère la seconde version, celle de Milan. Beaucoup moins théâtrale et plus empreinte de spiritualité.
La version de Londres est outrée, je serais tentée d'y coller des bulles, si ce n'est déjà fait :D
C'EST déjà fait !!
@ ANGEL
RépondreSupprimerOn peut voir ça comme ça ;-)
La Fée Électricité a du bon (internet par exemple).
Mais les éclairages aux bougies, ou à la lampe à huile ont bien plus de charme.
Avec quelques jours de retard... joyeux premier anniversaire à ton blog! Au plaisir de faire d'autres belles découvertes dans ton beau grenier : )
RépondreSupprimerBon weekend,
à bientôt
@ ANNALIVIA
RépondreSupprimerMerci. Pas de souci pour le léger retard, mes visites dans les blogs amis ne sont pas très régulières non plus. On ne peut être présent partout tout le temps, l'essentiel étant de passer de temps en temps remonter le temps.
À tantôt dans tes Carnets, Anna-Livia
Mais je me rends compte que je ne t'avais pas souhaité un bon anniversaire! Bravo à ton blog riche et plaisant pour tous les amoureux de l'art dont je fais parti.
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