vendredi 23 septembre 2011

L'Automne à Avignon, vu par Harpignies

Contrairement à ce que la météo de l'été écoulé aurait pu nous faire croire, c'est aujourd'hui que débute officiellement l'Automne. L'occasion, ou jamais pour moi, de vous présenter une vue d'Avignon particulièrement automnale, peinte depuis l'île de la Barthelasse par Henri Harpignies.

Le Château des Papes à Avignon
Henri Joseph Harpignies
(œuvre non datée, non localisée...)
crédit photo

Les tons roux de la végétation et l'absence de personnage impriment une certaine mélancolie automnale à ce tableau. Une ambiance en accord avec le tempérament de Henri Harpignies, si l'on en croit ce qu'écrivait Gaston Schéfer dans son "Salon de 1897" :

« ...dans l'œuvre d'Harpignies, le paysage est aimé et décrit pour lui-même. M. Harpignies, héritier de la grande tradition des paysagistes de 1830, exprime sa vision de la nature avec une fermeté qui parfois confine à la dureté, mais dont on ne peut méconnaître la grandeur et la poésie. Presque tous ses paysages pourraient s'appeler Solitude, comme celui d'aujourd'hui, car l'être vivant en est absent. L'homme ou l'animal ne traversent presque jamais ses plaines ou ses halliers ; ils sont habités pourtant, mais habités par les arbres qui s'y trouvent. M. Harpignies est le peintre des arbres, qu'il pose et qu'il dessine comme des personnages ; il leur donne un caractère ; il en fait des individus qui se rapprochent ou s'éloignent en groupes significatifs ; ils ont une expression. C'est par là que les paysages déserts de M. Harpignies possèdent la vie intime et la beauté. »

Portrait d'Henri Harpignies
Photographie anonyme
notice du Louvre

Harpignies a présenté deux toiles au salon de 1897. Solitude et Bords du Rhône, cette dernière lui ayant valu la médaille d’honneur. Inexplicablement ces Bords du Rhône récompensés en 1897 sont introuvables sur internet. Ce n'est pourtant pas faute de les avoir traqués dans les replis de la toile !...

Autre reproduction du même tableau, mais en grand format
(cliquer pour agrandir l'image)
crédit photo

Nul indice non plus sur la toile concernant l'époque à laquelle cette vue d'Avignon a été peinte, ni dans quelles circonstances Harpignies a planté son chevalet sur la Barthelasse... Par contre, pour ce qui est de l'heure, compte tenu du sens des ombres, il me semble que ce tableau a été peint à la mi-journée. Michel Benoit rectifiera si je me trompe.

D'après cette biographie, on pourrait penser que Harpignies est peut-être passé à Avignon assez tard dans sa vie, quand, à partir de 1885, il a commencé à prendre l'habitude de passer l'hiver sur la Côte d'Azur. Or, il y a au musée d'Évreux une vue de Menton datée de 1850...

Vue de Menton
Henri Harpignies - 1850
Aquarelle, Musée d’Évreux, notice

Par ailleurs, Corot et Harpignies se sont connus à Barbizon et, selon certains, se seraient pris en amitié. Une chose à garder en mémoire, on en reparlera sous peu.

Toujours est-il, qu'à l'hiver de sa vie, Henri Harpignies peignait encore. Il avait quatre-vingt-douze ans lorsque le jeune Lucien Jonas l'a représenté en train de peindre dans son atelier.

Henri Harpignies peignant
Lucien Jonas - 1911
Musée des Beaux-Arts de Valenciennes
notice de la base Joconde


Henri Harpignies dans son atelier en 1904
crédit photo

Henri Harpignies dans son atelier en 1904
photographié par Paul Marsan dit Dornac
crédit photo


Né le 28 juin 1819 à Valenciennes, Henri Harpignies s'est éteint tranquillement chez lui dans sa maison de Saint-Privé, le 28 août 1916, dans sa quatre-vingt-dix-huitième année.


©VesperTilia, échos-de-mon-grenier 2011

21 commentaires :

  1. Merci pour cette flamboyante découverte, le style est certes classique, la facture est douce, mais quel bel oeil ! J'aime beaucoup ton Grenier qui n'a pas fini de nous étonner et de nous ravir.

    Belle nuit !

    Bisous

    Nathanaëlle

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  2. Je ne connaissais pas, merci et son œuvre est très belle.


    Bonne journée. Bises

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  3. Quel beau visage il a ce Monsieur Henri!

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  4. Ha ! Harpignies, bonne idée. Au mois plus rare que les faux Corot qui trônent un peu partout (pas à Avignon, j'espère !). Peint sur le motif en fin d'après-midi (cf ombres portées). Je crois bien avoir vu quelque part les "Bords du Rhône", au Petit Palais (expo temporaire ??) peut-être. Je chercherai.
    PS. La photo mystère, pas facile: je cherchais un visage. Car en fait il s'agissait d'un montage. La "déformation" ne concernait donc pas le sujet principal...

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  5. chère magnifique Tilia, j'adore les tableaux de HARPIGNIES -l'orange brulé de l'automne de nos mémoirs.
    Ca devrait etre si beau d'avoir ton paysage d'Avignon, honoré par les grands artistes du monde....

    bises

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  6. classique Harpignies ? euh pas vraiment - de la race de Corot en effet, des peintres de Barbizon, de la peinture de plein air du début du 19ème, et un beau peintre, sans effet, une peinture honnête (pas une qualification réductrice)

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  7. Un peintre que je ne connais pas! je me dis que les arbres qu'il a peints sont certainement les mêmes que l'on voit sur la promendae de la Barthelasse en face du Pont et du Rocher des Doms. Mais ils ont grandi! Ils sont d'ailleurs magnifiques.

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  8. Bonjour Tilia.
    J'aime ta façon de nous faire découvrir Avignon en peintures ainsi que les artistes.
    J'aime beaucoup ces couleurs automnales.
    Ce fut une très bonne idée du peintre que de montrer Avignon de sur une pile au milieu du fleuve. J'aime bien cette perspective.

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  9. Je suis revenue voir pour essayer de comprendre le pourquoi de la dernière partie de ton com chez moi.
    Je voulais dire île et non pas pile. Il faut me pardonner, j'ai la tête comme une pastèque, j'ai attrapé un mauvais rhume à Paris

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  10. De belles couleurs mais en vrai l'automne a laissé la place à l'été (que pour quelques jours ;))

    Je ne connaissais pas non plus bien que j'ai dû voir ici et là une ou deux de ses œuvres. Belle découverte en tout cas.

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  11. Une belle découverte, j'aime beaucoup la toile et Avignon avec ses belles teintes automnales.
    Quant au peintre je trouve qu'il a un très beau visage !

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  12. En réponse à Bridgetoun : Harpignies n'est pas un peintre Classique, ce n'est pas ce que j'ai voulu dire, mais l'heure indue à laquelle j'ai posté a limité mon vocabulaire lol, (cela m'apprendra à poster tard ! lol) je voulais dire que cette oeuvre était "sage". Bien sur, des similitudes avec Corot, mais Corot était un peu précurseur des impressionnistes, Harpignies n'est pas loin, mais ce qui m'a touchée c'est la lumière, voilà pourquoi j'ai qualifié le sujet de "classique" sans y porter un jugement, je ne me parmettrais pas. Mais quel artiste à l'extraordinaire longévité active !

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  13. Les ombres portées et les couleurs très orangées laissent à penser qu'il s'agit d'une fin d'après-midi et pourtant ça ne colle pas : il n'y a qu'au coeur de l'hiver que le soleil se couche aussi loin vers le sud. La direction des ombres indique plutôt un début d'après-midi mais dans ce cas elles sont un peu trop longues. Liberté d'artiste, n'en faisons pas une affaire. Ce qui est plus étonnant c'est qu'il est difficile d'imaginer vraiment où le peintre a posé son chevalet. Quelque part dans le fond de ce qui est maintenant le camping Bagatelle ou la piscine de la Palmeraie.

    En tout cas ce tableau est magnifique. Merci poru tes recherches et les photos du peintre Henri Harpignies. Je ne le connaissais pas.

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  14. ..j'ai peint un tableau de harpigniés..
    paysage avec un lac..noté GB 19ème.. je pensais à great-britain? suis heureuse de savoir plus sur ce peintre!

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  15. On parle de "Bords du Rhône" dans L'illustration du 29 mai 1897.
    Je viens de reprendre quelques recherches sur Jongkind: trouvé la présence, pendant quelque temps, d' une épicerie englobée dans la droguerie du Portail Matheron. Elle était là où se trouvait la sortie de la librairie Amblard. L'indication portée sur l'aquarelle que j'avais signalée n'était donc pas le seul fruit de l'imagination du peintre. Je dois encore aller chercher du côté de Sorgues...
    Sur le passage d'Harpignies à Avignon, toujours rien trouvé...

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  16. Merci Tilia pour le lien sur les traces des oiseaux sur les carreaux, C'est très impresionnant.

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  17. Bonjour Tilia, toi qui a un réverbère en avatar et un arbre en pseudo. Je te trouve enfin pour avoir croisé un de tes commentaires chez Claude. Tilia, le tilleul, je le sais depuis cette année car il y a un restaurant de ce nom à Joux (69) près d’où habitent notre fille et sa petite famille. C’est mon arbre préféré mais je le narre ICI où, comme tu aimes les souvenirs partagés et l'or de l'automne, tu iras voir .J’y ouvre aussi ma boîte aux trésors.

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  18. Souvent je compte sur les recherches sur internet mais en réalité on y trouve parfois des renseignements précieux mais ce sont la plupart du temps des redites et il faut savoir ce que l’on cherche. Je me suis fait comme religion de noter pour ne pas avoir à compter sur des résultats aléatoires. Ou de tâcher de prendre les photos moi-même pour moi-même ce qui fut le cas lors de ma dernière visite au Louvres qui portait sur les fleurs et les paysages.

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  19. @ À TOUT LE MONDE

    Merci pour vos appréciations et contributions. Tout à fait d'accord avec celles et ceux qui trouvent Harpignies bien sympathique.

    Pour l'heure à laquelle le tableau a été peint, Nathalie a bien analysé la question. On va dire début d'après-midi et basta !

    Si Lou Ravi peut trouver des infos sur Bords du Rhône, ce fameux tableau présenté et récompensé au Salon des Champs-Élysées de 1897, je serai... ravie !

    Encore merci et à bientôt

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  20. @ CERGIE

    Quel plaisir de t'accueillir dans mon modeste grenier !
    Le tilleul de Bernardin de Saint-Pierre que tu m'as indiqué est magnifique, merci pour le lien.

    Le tilleul débité en allumettes... la chose m'a étonnée. Je pensais que c'était plutôt le peuplier qui est employé pour ça. Mais tu as raison, les allumettes font partie des multiples utilisations du bois de tilleul. Et du coup, j'ai relevé une information qui m'avait échappée jusqu'ici, ou que j'avais totalement oubliée (avec ma mémoire à trous rien d'étonnant), à savoir, que dans l'art sacré orthodoxe, le tilleul est le seul bois autorisé comme support des icônes. Par contre, je savais depuis longtemps qu'avant l'invention du papier on écrivait sur du liber de tilleul.

    Pour ce qui est des recherches par internet, j'applique la méthodes des journalistes : prendre les informations à la source officielle. Ou sinon, bien vérifier leur véracité en les recoupant (croiser les informations et les trier pour n'en retenir que les plus crédibles).

    Fleurs et paysages du Louvre... un sacré boulot, chapeau Cergie !

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  21. Merci pour nous faire découvrir ce peintre et cette vue d'Avignon. Rien ne dit qu'elle fut peinte sur le motif et non pas dans l'atelier d'après des croquis à l'aquarelle. L'ambiance colorée des soirs d'automne et surtout d'hiver est bien rendue, même si elle est un peu forcée.

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