Matinée de Pâques Maurice Denis - 1894 Musée Maurice Denis, Saint-Germain-en-Laye (notice) |
Alleluia ! Cloches de Pâques !
C’est fini la semaine en larmes,
Le tombeau du Vendredi Saint,
Et le crucifix ceint
De violettes de Parme,
Et le plain-chant avec ses chants élégiaques !
Alleluia ! Cloches de Pâques !
Les cloches moururent un peu.
Était-ce aussi d’un coup de lance,
Comme leur dieu ?
Elles avaient dormi trois jours
Au tombeau du silence…
Chacune s’éveille à son tour,
Combien faible, combien pâlie
D’avoir été ensevelie ;
Et, comme d’un sépulcre, elle sort de sa tour !
Toutes chantent, ressuscitées,
Et l’aube en est plus argentée
À la place, dans l’air, où leur vol s’appuya…
Cloches de Pâques ! Alleluia !
Elles semblent en robes blanches,
Cloches qui s’endimanchent ;
Même celles des vieux clochers
Ont l’air d’avoir mis des tulles légers
Sur leurs jupes de bronze opaques.
Alleluia ! Cloches de Pâques !
Une procession s’organise dans l’air,
Déjà compacte et priante ;
Procession des cloches
Qui s’accélère :
Cloches qui sont des Communiantes,
Cloches comme des Croisés qui chevauchent,
Cloche grave comme l’Évêque sous le dais,
Cloches chantant comme des basses ;
Puis c’est un arrêt presque humain
De toutes les chantantes cloches en chemin,
Comme si les attendait,
À un carrefour de l’espace,
Un reposoir orné de tulle et de thuyas.
Cloches de Pâques ! Alleluia !
Ont l’air d’avoir mis des tulles légers
Sur leurs jupes de bronze opaques.
Alleluia ! Cloches de Pâques !
Une procession s’organise dans l’air,
Déjà compacte et priante ;
Procession des cloches
Qui s’accélère :
Cloches qui sont des Communiantes,
Cloches comme des Croisés qui chevauchent,
Cloche grave comme l’Évêque sous le dais,
Cloches chantant comme des basses ;
Puis c’est un arrêt presque humain
De toutes les chantantes cloches en chemin,
Comme si les attendait,
À un carrefour de l’espace,
Un reposoir orné de tulle et de thuyas.
Cloches de Pâques ! Alleluia !
Ces cloches dans l’air balancées
Sont nos robes, d’enfant, recommencées,
Toutes les candeurs que nous avons eues
Mortes ― et ressuscitées,
Comme Jésus.
Ah ! notre vie ainsi ébruitée !
C’est le passé déjà si vague
Qui s’en revient, qui se rapproche ;
Et, dans notre âme aussi, ressuscitent des cloches…
Alleluia ! Cloches de Pâques !
Georges Rodenbach Le Miroir du ciel natal "Les Cloches" (extrait) 1898.
Sont nos robes, d’enfant, recommencées,
Toutes les candeurs que nous avons eues
Mortes ― et ressuscitées,
Comme Jésus.
Ah ! notre vie ainsi ébruitée !
C’est le passé déjà si vague
Qui s’en revient, qui se rapproche ;
Et, dans notre âme aussi, ressuscitent des cloches…
Alleluia ! Cloches de Pâques !
Georges Rodenbach Le Miroir du ciel natal "Les Cloches" (extrait) 1898.
Bonnes fêtes de Pâques
à toutes et à tous
©VesperTilia,
échos-de-mon-grenier 2019
Passe de très belles fêtes de Pâques
RépondreSupprimerAmicalement
Claude
Des cloches dingue, donc ?
RépondreSupprimerbonne fête, signé ...la cloche :)))
RépondreSupprimerUn beau poème et une très gracieuse illustration avec le tableau de Maurice Denis.
RépondreSupprimerBon weekend.
des petits lapins en chocolat dans le jardin un jour de Pâques ensoleillé ont été retrouvé bien mal en point...
RépondreSupprimerde quoi avoir l'air cloche !
Bonnes fêtes Tilia
Très beau choix !
RépondreSupprimerJ'ai visité le Prieuré il y a quelques années, j'y tenais, depuis longtemps car Maurice Denis, né à Granville, compte pour nous.
RépondreSupprimerhttp://madeleinedines.com/?page_id=772
RépondreSupprimerLe musée de Saint-Lô réunit le souvenir de Maurice Denis, de Madeleine Dinès et de Jean Follain .
RépondreSupprimerhttp://www.saint-lo.fr/Culture/Musees/Musee-des-Beaux-Arts/Les-collections
RépondreSupprimerPortrait de Jean Follain de Maurice Denis
RépondreSupprimerJean Follain, enfant du pays, poète et magistrat de la Manche pose pour le maître. Madeleine Denis fille de Maurice Denis et épouse de Jean Follain offrit au musée ce tableau (huile sur carton) représentant le poète.
Une blancheur picturale si bien traduite, tout comme les comparaisons du poète.
RépondreSupprimerElles semblent en robes blanches,
Cloches qui s’endimanchent ;
Même celles des vieux clochers
Ont l’air d’avoir mis des tulles légers
Sur leurs jupes de bronze opaques.
Revenant de Bruges le nom de Georges Rodenbach a sonné à mes oreilles. En pleine lecture de "Bruges la morte" un roman à la prose bien poétique. Coïncidence du moment. Il me serait difficile de trouver un extrait joyeux dans ce livre pour en citer quelques lignes...
RépondreSupprimerJoyeux lundi de Pâques, Tilia.
Coucou Tilia.
RépondreSupprimerLa cloche, j’arrête de faire ou d’être...
Bonne Pâques..
Bonne semaine, A +
J'espère que tes Pâques se sont bien passées.
RépondreSupprimerNous, nous avons pu déjeuner dans le jardin lundi avec la petite famille.
Je ne sais ce qu'elle est devenue la grosse cloche de bétail avec laquelle mon Pépé sonnait le moment où il fallait aller chercher nos oeufs dans le jardin, là-bas dans le Berry.
Belle journée et bises grises !
J'arrive un peu tard pour te souhaiter Joyeuses Pâques. Mais j'admire la composition de ton magnifique billet son tableau et son poème. N'ayant pas distingué Marie-Madeleine, dans un premier temps, j'avais pensé aux "saintes femmes au tombeau" de l'Evangile de Marc.
RépondreSupprimerQuelle jolie surprise de les voir transformées en communiantes face aux anges.
Et puis ce beau poème de G. Rodenbach !
Comme toujours, tu nous offres un moment de beauté.
Merci Tilia !
Bises pour une bonne nuit♥
Un peu tard pour te souhaiter de très belles Fêtes de Pâques, mais il est encore temps de découvrir ton très beau billet, pour découvrir cette très belle oeuvre de Maurice Denis et ces "Cloches" si joliment écrites.
RépondreSupprimerMerci Tilia !
Bisous et pardon pour le retard...
Je ne suis pas encore allée au musée Maurice Denis à St Germains en L'Haye...
RépondreSupprimerTu sais bien sûr le pourquoi des cloches qui partent à Rome, parce que pendant la semaine sainte elles se taisent. Lorsque j'abitais près d'un clocher, je ne les entendais de toute façon plus (et maintenant j'entends l'horloge du clocher de nos petites filles qui sonnent l'angélus, surtout le soir)
Étrange, je n'ai pas commenté ce message, pourtant à Paris j'ai pensé à toi.
RépondreSupprimerJe t'embrasse.