2011 année internationale des forêts
La dernière forêt
Max ErnstMusée d'Art Moderne de Saint-Etienne |
Décrétée par l'ONU, l'année internationale des forêts en 2011 devra mettre en lumière l'importance des forêts primaires, leur rôle essentiel dans la lutte contre les changements climatiques ainsi que dans la survie des communautés humaines et des animaux dont le mode vie dépend essentiellement de la forêt. Elle devra surtout mettre en avant la nécessité de plus et mieux protéger les forêts, toutes les forêts.
Renard bleu-noir
Franz Marc - 1911Von der Heydt-Museum, Wuppertal |
Pour limiter la casse et protéger les forêts qui restent encore intactes, il va falloir s'attaquer aux producteurs et industries de l'huile de palme et à leurs lobbies qui, non contents d'avoir envahi notre alimentation, sont en train d'accaparer le marché des carburants "verts".
Depuis le début du siècle, l'huile de palme est devenue un produit consommé dans le monde entier. Ses applications sont multiples. Elle entre dans la composition de près de la moitié des produits proposés en supermarchés : les plats tout préparés, les biscuits, mais aussi des produits non alimentaires tels que savons, gels douche, cosmétiques et détergents. En France, la graisse de palme est très peu utilisée dans la cuisine par les ménages. En revanche, elle est couramment employée dans la restauration collective, en raison de son coût inférieur à celui des autres matières grasses.
L'essor des surfaces plantées en palmiers à huile se fait généralement aux dépens des forêts primaires des régions tropicales de la planète : pour planter les palmiers, on détruit les forêts et, du même coup, toute la biodiversité qu'elles abritent.
Dans nos assiettes, l'huile de palme est une tueuse à petit feu, car son taux d'acides gras saturés dépasse celui du saindoux. Nos ancêtres campagnards qui utilisaient la graisse de porc pour cuisiner s'activaient du matin au soir, leur mode vie était donc plus sain que celui des citadins sédentaires d'aujourd'hui ce qui compensait les dangers de leurs alimentation trop riche en matières grasses animales.
Les acides gras saturés de l'huile de palme ont pour effet d'augmenter les risques de maladie cardiaque en contribuant à la formation des dépôts qui bouchent les artères. Parmi les acides gras saturés qui présentent un risque cardio-vasculaire, l’acide palmitique est un des pires. Vous souhaitez en savoir plus sur les méfaits de l'huile de palme dans votre assiette ? Cliquez ici.
Vous êtes soucieux de la santé de votre coeur et de celle de notre planète ? Lisez cet article.
Afin de limitez l'abattage des forêts au profit de la culture des palmiers à huile, boycottez systématiquement l'huile de palme pour qu'elle n'entre ni dans votre cuisine, ni dans votre salle de bains, ni dans le réservoir de votre véhicule.
EDIT :
La Forêt Vierge
Sur le sol convulsif l’homme n’était pas né
Qu’elle emplissait déjà, mille fois séculaire,
De son ombre, de son repos, de sa colère,
Un large pan du globe encore décharné.
Dans le vertigineux courant des heures brèves,
Du sein des grandes eaux, sous les cieux rayonnants,
Elle a vu tour à tour jaillir des continents
Et d’autres s’engloutir au loin, tels que des rêves.
Les siècles ont coulé, rien ne s’est épuisé,
Rien n’a jamais rompu sa vigueur immortelle ;
Il faudrait, pour finir, que, trébuchant sous elle,
Le terre s’écroulât comme un vase brisé.
Ô forêt ! Ce vieux globe a bien des ans à vivre ;
N'en attends point le terme et crains tout de demain,
Ô mère des lions, ta mort est en chemin,
Et la hache est au flanc de l'orgueil qui t'enivre.
Sur cette plage ardente où tes rudes massifs,
Courbant le dôme lourd de leur verdeur première,
Font de grands morceaux d'ombre entourés de lumière
Où méditent debout tes éléphants pensifs ;
Comme une irruption de fourmis en voyage
Qu'on écrase et qu'on brûle et qui marchent toujours,
Les flots t'apporteront le roi des derniers jours,
Le destructeur des bois, l'homme au pâle visage.
Il déracinera tes baobabs superbes,
Il creusera le lit de tes fleuves domptés ;
Et tes plus forts enfants fuiront épouvantés
Devant ce vermisseau plus frêle que tes herbes.
Mieux que la foudre errant à travers tes fourrés,
Sa torche embrasera coteau, vallon et plaine ;
Tu t’évanouiras au vent de son haleine ;
Son œuvre grandira sur tes débris sacrés.
Plus de fracas sonore aux parois des abîmes ;
Des rires, des bruits vils, des cris de désespoir.
Entre des murs hideux un fourmillement noir ;
Plus d’arceaux de feuillage aux profondeurs sublimes.
Mais tu pourras dormir, vengée et sans regret,
Dans la profonde nuit où tout doit redescendre :
Les larmes et le sang arroseront ta cendre,
Et tu rejailliras de la nôtre, ô forêt !
La Forêt Vierge (extraits)
"Poèmes barbares"
Charles Leconte de Lisle
texte complet du poème sur Wikisource"Poèmes barbares"
Charles Leconte de Lisle
Halleluiah Max Ernst - 1948 The Art Institute of Chicago |
© VesperTilia, echos-de-mon-grenier 2011