Salammbô
Gaston Bussière - 1907(œuvre non localisée) |
De prime abord, la relation entre Vénus et Salammbô n'est pas évidente. Toutefois, dans la mythologie gréco-romaine, Vénus est l'homologue de la grecque Aphrodite et, selon Pierre Lévêque, Aphrodite est apparentée à Astarté « Aphrodite n'est autre que la transposition de la Phénicienne Astarté, une déesse sémitique de l'amour, des énergies vitales, fertilisantes et fécondantes, et de la mer ».
Astarté (détail) John Singer Sargent, vers 1890-95 Metropolitan Museum of Art (tableau entier) |
Astarté est également la déesse lunaire, que les Carthaginois appellent Tanit. Dans le roman de Flaubert, Salammbô s'identifie à Tanit. Par Aphrodite et Astarté, il y a donc bien une relation entre Vénus et Salammbô.
Sur le plan pictural, il existe également un lien entre Vénus et Salammbô. Aussi inattendue qu'elle soit, cette relation n'en est pas moins réelle. Pour ménager l'effet de surprise, je vais présenter les choses dans l'ordre chronologique.
Vers 1625-1630, Artemisia Gentileschi peint Vénus et Cupidon. Notez bien la courbe du corps de Vénus, depuis le sein jusqu'à la hanche droite, ainsi que la position des jambes l'une par rapport à l'autre.
La pose de la Vénus de Cabanel semble bien être inspirée du tableau d'Artemisia Gentileschi. Cabanel a multiplié les cupidons, cependant la couleur de la mer rappelle celle du drap sur lequel repose la Vénus d'Artemisia. Cabanel n'ignorait sûrement pas l'existence du tableau d'Artemisia...
Pourtant, la notice du musée d'Orsay ne parle que d'un mélange de « références à Ingres et à la peinture du XVIIIe siècle » à propos de la Vénus de Cabanel (Vénus Anadyomène d'Ingres). Notons au passage qu'il existe une réplique de la Naissance de Vénus par Cabanel au Metropolitan Museum of Art.
Ma petite histoire de la naissance d'un tableau démarre quand, après avoir lu dans un ouvrage d'Ulrich Bischoff qu'une copie de la Vénus de Cabanel aurait servi de toile de fond au tableau Le Jardin de la France de Max Ernst, je décide de mener ma petite enquête.
Comme dans la Vénus et Cupidon de Gentileschi par rapport à la Naissance de Vénus de Cabanel, la courbe du corps de la femme ainsi que la position des jambes l'une par rapport à l'autre sont analogues. Cependant, dans le tableau de Max Ernst, le serpent sur la cuisse de la Vénus de Cabanel a de quoi étonner...
Or, voila que je retrouve la même information dans le très officiel dossier de presse de l'exposition "Max Ernst, le Jardin de la France", qui a eu lieu au Musée des Beaux-Arts de Tours entre le 17 octobre 2009 et le 18 janvier 2010 :
« Le Jardin de la France. Max Ernst aurait-il su trouver titre plus charmant, plus gai pour dire son amour de la France, de la Touraine ? Ce tableau compte parmi les oeuvres les plus remarquables qui ont vu le jour dans ce paysage. En 1962, une année avant que La Naissance de Vénus de Cabanel, une des plus célèbres peintures de Salon du XIXe siècle, ne fête son centième anniversaire, Max Ernst en repeint une version qu’il avait dénichée dans un marché aux puces. L’Indre et la Loire enveloppent le corps féminin de leurs caresses liquides. »
Examinons ces deux tableaux de plus près. En dehors du serpent, avez-vous repéré la principale différence entre les deux "Vénus", celle de Cabanel et celle de Ernst ? Oui ? Non ? Regardez les pieds :
C'est très net. Les pieds de la femme, couchée entre la Loire et l'Indre dans Le Jardin de la France et ceux de la Naissance de Vénus de Cabanel ne sont pas identiques. L'histoire du tableau de Cabanel soi-disant repeint, ou copié, par Max Ernst tombe à l'eau !
Mais alors (me direz-vous) c'est simple, Max Ernst n'a rien copié du tout et il a peint son Jardin de la France tout seul comme un grand.
Pas si sûr... regardez plutôt
D'après le peu d'informations que j'ai pu recueillir sur la toile, Michel Richard-Putz (1868-1934) serait un peintre belge venu à Paris pour étudier la peinture auprès de Benjamin Constant et de Jean-Paul Laurens.
Quoi qu'il en soit, sa Salammbô est assurément le tableau que Max Ernst a utilisé (l'original ou une copie ? on ne le saura sans doute jamais...) pour créer Le Jardin de la France. La preuve par les pieds et l'anneau du serpent, évidemment !
Max Ernst a vécu à Huismes entre 1955 et 1963. Dans Le Jardin de la France, il a voulu représenter de manière cartographique l'esprit de la région qu'il habitait, au confluent de l'Indre avec la Loire, quand il a peint ce tableau. Ainsi, l'indolence orientale de la Salammbô de Richard-Putz s'accorde magnifiquement avec la langueur des paysages des bords de Loire. Quant au serpent, c'est l'image même du cours d'eau qui se coule dans le paysage, avec quelquefois des passages souterrains. C'est aussi l'esprit d'un autre jardin, l'Eden des origines.
La Nymphe endormie d'Arthur P. Burton vient à point pour terminer ma petite genèse du Jardin de la France, une petite digression que voudront bien me pardonner les impatients de faire la connaissance de la mystérieuse beauté du Second Empire qui, telle une diva, s'attarde encore dans les coulisses de mon grenier.
Sources
- Max Ernst, un cartographe facétieux, article absolument passionnant, qui répond parfaitement aux question que l'on peut se poser à propos du Jardin de la France, l'inversion du cours de la Loire notamment.
- Illustrations du roman Salammbô, chapitre X Le Serpent
Sur le plan pictural, il existe également un lien entre Vénus et Salammbô. Aussi inattendue qu'elle soit, cette relation n'en est pas moins réelle. Pour ménager l'effet de surprise, je vais présenter les choses dans l'ordre chronologique.
Vénus et Cupidon
Artemisia Gentileschi, 1625-1630Virginia Museum of Fine Arts, Richmond, USA (notice du musée) |
Vers 1625-1630, Artemisia Gentileschi peint Vénus et Cupidon. Notez bien la courbe du corps de Vénus, depuis le sein jusqu'à la hanche droite, ainsi que la position des jambes l'une par rapport à l'autre.
Naissance de Vénus
Alexandre Cabanel - 1863Musée d'Orsay (lire la notice du musée) |
La pose de la Vénus de Cabanel semble bien être inspirée du tableau d'Artemisia Gentileschi. Cabanel a multiplié les cupidons, cependant la couleur de la mer rappelle celle du drap sur lequel repose la Vénus d'Artemisia. Cabanel n'ignorait sûrement pas l'existence du tableau d'Artemisia...
Pourtant, la notice du musée d'Orsay ne parle que d'un mélange de « références à Ingres et à la peinture du XVIIIe siècle » à propos de la Vénus de Cabanel (Vénus Anadyomène d'Ingres). Notons au passage qu'il existe une réplique de la Naissance de Vénus par Cabanel au Metropolitan Museum of Art.
Ma petite histoire de la naissance d'un tableau démarre quand, après avoir lu dans un ouvrage d'Ulrich Bischoff qu'une copie de la Vénus de Cabanel aurait servi de toile de fond au tableau Le Jardin de la France de Max Ernst, je décide de mener ma petite enquête.
Le Jardin de la France
Max Ernst - 1962Centre Pompidou (Beaubourg), Paris (notice du musée) |
Comme dans la Vénus et Cupidon de Gentileschi par rapport à la Naissance de Vénus de Cabanel, la courbe du corps de la femme ainsi que la position des jambes l'une par rapport à l'autre sont analogues. Cependant, dans le tableau de Max Ernst, le serpent sur la cuisse de la Vénus de Cabanel a de quoi étonner...
Or, voila que je retrouve la même information dans le très officiel dossier de presse de l'exposition "Max Ernst, le Jardin de la France", qui a eu lieu au Musée des Beaux-Arts de Tours entre le 17 octobre 2009 et le 18 janvier 2010 :
« Le Jardin de la France. Max Ernst aurait-il su trouver titre plus charmant, plus gai pour dire son amour de la France, de la Touraine ? Ce tableau compte parmi les oeuvres les plus remarquables qui ont vu le jour dans ce paysage. En 1962, une année avant que La Naissance de Vénus de Cabanel, une des plus célèbres peintures de Salon du XIXe siècle, ne fête son centième anniversaire, Max Ernst en repeint une version qu’il avait dénichée dans un marché aux puces. L’Indre et la Loire enveloppent le corps féminin de leurs caresses liquides. »
Examinons ces deux tableaux de plus près. En dehors du serpent, avez-vous repéré la principale différence entre les deux "Vénus", celle de Cabanel et celle de Ernst ? Oui ? Non ? Regardez les pieds :
C'est très net. Les pieds de la femme, couchée entre la Loire et l'Indre dans Le Jardin de la France et ceux de la Naissance de Vénus de Cabanel ne sont pas identiques. L'histoire du tableau de Cabanel soi-disant repeint, ou copié, par Max Ernst tombe à l'eau !
Mais alors (me direz-vous) c'est simple, Max Ernst n'a rien copié du tout et il a peint son Jardin de la France tout seul comme un grand.
Pas si sûr... regardez plutôt
Salammbô Michel Richard-Putz, vers 1898 (peinture non localisée, crédit photo) |
D'après le peu d'informations que j'ai pu recueillir sur la toile, Michel Richard-Putz (1868-1934) serait un peintre belge venu à Paris pour étudier la peinture auprès de Benjamin Constant et de Jean-Paul Laurens.
Quoi qu'il en soit, sa Salammbô est assurément le tableau que Max Ernst a utilisé (l'original ou une copie ? on ne le saura sans doute jamais...) pour créer Le Jardin de la France. La preuve par les pieds et l'anneau du serpent, évidemment !
Max Ernst a vécu à Huismes entre 1955 et 1963. Dans Le Jardin de la France, il a voulu représenter de manière cartographique l'esprit de la région qu'il habitait, au confluent de l'Indre avec la Loire, quand il a peint ce tableau. Ainsi, l'indolence orientale de la Salammbô de Richard-Putz s'accorde magnifiquement avec la langueur des paysages des bords de Loire. Quant au serpent, c'est l'image même du cours d'eau qui se coule dans le paysage, avec quelquefois des passages souterrains. C'est aussi l'esprit d'un autre jardin, l'Eden des origines.
Nymphe endormie Arthur P. Burton 1894-1914 (collection privée) |
La Nymphe endormie d'Arthur P. Burton vient à point pour terminer ma petite genèse du Jardin de la France, une petite digression que voudront bien me pardonner les impatients de faire la connaissance de la mystérieuse beauté du Second Empire qui, telle une diva, s'attarde encore dans les coulisses de mon grenier.
Sources
- Max Ernst, un cartographe facétieux, article absolument passionnant, qui répond parfaitement aux question que l'on peut se poser à propos du Jardin de la France, l'inversion du cours de la Loire notamment.
- Illustrations du roman Salammbô, chapitre X Le Serpent
©VesperTilia, échos-de-mon-grenier 2012
Étonnant, non ?
RépondreSupprimerD'autant plus étonnant que le dossier de presse de l'expo du MBA de Tours mentionne "Texte d'après l'essai de Werner Spies". Werner Spies étant LE spécialiste de Max Ernst, à qui se fier ?!!...
SupprimerBonjour,
Supprimerjuste pour vous informer qu'une enquête similaire avait déjà été faite en 2011 sur le blog "appeau vert"
|http://ap.over-blog.org.over-blog.org/article-comme-un-collier-rompu-81107180.html]précédé de deux autres articles "en ce jardin 1 [http://ap.over-blog.org.over-blog.org/article-cas-banal-du-bas-canal-1-41006918.html]et en ce jardin 2 [http://ap.over-blog.org.over-blog.org/article-cas-banal-du-bas-canal-2-41051861.html].
bien à vous.
Bonjour,
SupprimerJ'ai lu votre enquête avec intérêt, étant moi-même très curieux-fanatique du jardin de la France (point de départ pour moi d'une fiction artistique).
J'ai un article (en allemand) de Ferenc Jadi (dans Kunst & Whan, Kunstforum, Vienne, 1997) qui fait le rapprochement de ces deux tableaux (Putz et Ernst), le connaissez-vous ?
Sinon, nous nous sommes peut-être déjà rencontré vu que j'ai habité Avignon pendant 20 ans (jusqu'en 2011).
Bonjour Tilia, j'ai toujours été envouté par ce tableau surréaliste "jardin de France". J'ai copié les jambes de la Loire de Mar Ernst dans un tableau qui représente la Loire qui coule près de chez moi à Nantes. On peut le voir ici http://lucmrezegalerie.blogspot.fr/2011/11/sous-le-pont-de-pirmil-coule-la-loire.html
RépondreSupprimerSous le pont de Pirmil coule la Loire est un beau tableau d'un pont qui, au naturel, n'a rien d'exceptionnel. Comme quoi, en art le style fait tout.
SupprimerLa référence au Jardin de la France est discrète, mais les flèches vont dans le bon sens, ce qui est plus "réaliste".
Bravo à la "détective" du Grenier ! Tu nous mènes l'enquête tambour battant, et c'est un plaisir de se laisser emporter par le fil de l'histoire.
RépondreSupprimerUne histoire de pieds, de jambes, de serpent...
Les peintres à l'époque n'hésitaient pas à se "copier" les uns les autres !
Tous les petits détails vus par le bout de ta lorgnette éclairée deviennent évidents, alors qu'on n'y aurait même pas songé !
Biseeeeeeeeeeeeeeees de Christineeeeeeeeeeeeee
Merci Christineeeeee, pour tes applaudissements. Quand j'étais gamine, je voulais être détective, comme Alice !
SupprimerBisouuuuuuuuuuuus, à bientôt
J'aimais bien lire les "Alice" aussi ! (qui venait après les séries "club des 5" et "fantômette" !!!
SupprimerBonjour Tilia
RépondreSupprimerIl se pourrait que la Nymphe de Cabanel ait une crampe du gros orteil gauche !!!
Je plaisante.
Jusqu' à la quatrième illustration, ça va, par contre le jardin de France n'est pas mon jardin à moi, d'autant que si on veut regarder le tableau dans le sens du cours de la Loire, le tableau est encore plus curieux.
C'est pas beau de copier les uns sur les autres.
J'admire tes investigations pour nous présenter des posts de qualité.
Bonne journée et bises.
Hello Claude !
SupprimerLe Jardin de la France n'est pas ton jardin, dis-tu. Soit, mais tu n'habites pas loin de cette région.
L'article Max Ernst, un cartographe facétieux (indiqué en lien dans les sources de mon billet) donne une explication de l'inversion du sens du courant de la Loire dans ce tableau.
Bises et bon après-midi, Claude, à bientôt
Tous les prétextes sont bons pour peindre une femme nue et alanguie dans toute la splendeur de son corps, comment dire ? Plantureux est exagéré, aux formes généreuses, à la peau nacrée.
RépondreSupprimerIci la pose est la même, il faut dire qu'elle est avantageuse. L'art n'est qu'un éternel recommencement. Il reste que ton rapprochement est judicieux et j'aime beaucoup la fraîcheur de la Salammbô de Gaston Bussière. Bravo Tilia !
Merci Françoise, pour ton appréciation favorable.
SupprimerLa Salammbô de 1907 de Gaston Bussière (l'autre étant celle de 1920) a de quoi surprendre, vu qu'elle ne correspond à aucune description dans le roman de Flaubert.
Je me suis beaucoup interrogée à son sujet. Mais je n'ai pas trouvé d'information la concernant, même pas le lieu de la conservation de cette peinture.
Il se pourrait que la Salammbô de 1907 soit le portrait d'une cantatrice ayant interprété le rôle de Salammbô, mais ce n'est qu'une simple hypothèse de ma part.
J'adhère au commentaire de Fardoise.
RépondreSupprimerJ'ai passé plus de temps ici à regarder des femmes nues qu'à écrire un commentaire !
Il est vrai que tu es le roi du commentaire condensé :)
SupprimerIntéressant Tilia.
RépondreSupprimerPresque impossible à rédiger ces lettres.
Tu veux parler des lettres du captcha, je suppose ?
SupprimerC'est comme la ceinture en voiture, ennuyeux à mettre et à supporter, mais bien utile pour la sécurité.
Quand la formule proposée est trop difficile à déchiffrer, il faut penser à faire "tourner la roue" pour voir une autre formule, en cliquant sur la flèche en forme de cercle qui se trouve à côté de la case à remplir.
Au besoin, cliquer plusieurs fois sur cette flèche circulaire jusqu'à faire apparaître une formule lisible.
Une passionnante enquête du commissaire Tilia! Merci à vous de nous la présenter!
RépondreSupprimerCommissaire d'exposition dans mon modeste grenier ;-)
SupprimerMerci à vous, Chri
Ah oui ! Mais c'est bien sûr ! Le Jardin de France, le vrai ! celui qui ressemble de très loin au mien, j'ai un petit cours d'eau qui passe juste en limite de chez moi et qui coule dans le sens. Sorry, j'ai du mal avec ce genre d'oeuvres.
RépondreSupprimerBon wouik et bises.
Bonjour Tilia,
RépondreSupprimerAprès quelques absences loin du grenier je suis toujours aussi admiratif devant tout le travail de recherches et de mises en liens que vous y accomplissez.
C'est un bonheur de lire les extraits du roman de Flaubert, dont l'écriture si fluide et si parfaite engendre à chaque phrase une image, un tableau! Puis de voir les dits tableaux.
Et puis cette histoire de Salammbô en nouvel avatar de Vénus. Bravo! La manière dont vous avez ficelé votre enquête, de Cabanel à Max Ernst est magistrale.
Cela a évoqué pour moi un souvenir d'école et un vieux maître très sévère et très cultivé qui m'avait fait aimer du même coup l'étymologie et les lettres classiques : Il initiait des jeux du type "Quel rapport entre une kyrielle et le mot aumône"? La réponse étant Kyrie Eleison, répété à la messe, et à l'origine du mot kyrielle, et le mot grec eleison, à l'origine du mot aumône en passant par le latin almosna...
Vénus, Salammbô,Max Ernst, et Cabanel... même combat.
Respect!
Et amitiés.
Bonjour Hazlo,
SupprimerVotre maître d'école enseignait la connaissance en remontant aux origines des choses. Une méthode qui a fait ses preuves et la meilleure qui soit, à mon avis.
Quand on suit la progression de la genèse du "Jardin de la France", telle que j'ai tenté de la retracer, cela donne Astarté-Tanit, puis Aphrodite et Vénus pour la mythologie. Picturalement, partant de la Vénus d'Artemisia, on revient vers la Salammbô (Tanit) de Michel Richard-Putz et la boucle est bouclée. C'est "le serpent qui se mord la queue"... le serpent de Salammbô !
Amitiés en retour et merci de votre fidélité, Hazlo.
Coucou Tilia !
RépondreSupprimerQuelle enquête ! Bravo, tu as l'oeil et le bon ! lol
Incontestablement, la "Vénus" du tableau d'Ersnt est un quasi "copié-collé" de celle de Richard-Putz ! Soit c'est un hommage, soit c'est..Ben... On ne peut accuser un artiste tel que Ernst de plagiat mais c'est pourtant le mot...
En tous cas, ton itinéraire d'Astarté à Salammbo en passant par Vénus, est fantastique.
Bien entendu, Cabanel ne devait ignorer la Vénus de Gentileschi...
Quant à Ingres, j'ai toujours trouvé que sa Vénus Anadyomène ressemblait étrangement à sa "Source" lol
http://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier:JEAN_AUGUSTE_DOMINIQUE_INGRES_-_El_Manantial_(Museo_de_Orsay,_Par%C3%ADs,_1820-56._%C3%93leo_sobre_lienzo,_163_x_80_cm).jpg
Travailait-il plusieurs toiles en même temps avec une seule pose de modèle ? Nul ne sait lol
Mille mercis pour ce passionnant billet que j'ai pris grand plaisir à lire, tu es géniale Tilia !
Bisous et bon dimanche,
Nath.
Coucou Nath,
SupprimerTu as parfaitement raison pour La Source d'Ingres, elle ressemble vraiment trop à sa Vénus Anadyomène ! La posture du torse et la position de la tête sont quasiment identiques, seules celles des bras et des jambes diffèrent quelque peu. Curieusement, la notice du musée d'Orsay ignore cette ressemblance. Pourtant Ingres a terminé la Vénus Anadyomène douze ans avant la date de finition de La Source...
Pour la Salammbô de Richard-Putz, de deux choses l'une, soit Ernst à copié les jambes et le sein qui apparaissent dans son tableau, soit il a peint sur une copie du tableau de Richard-Putz (voire sur l'original même, dont personne n'a l'air de savoir où il peut bien se trouver)...
Ce qui me choque le plus dans cette histoire, ce n'est pas un éventuel plagiat de la part de Ernst, mais que Werner Spies accrédite l'hypothèse d'une copie de la Naissance de Vénus par Cabanel qui aurait servi de base pour Le Jardin de la France, alors que c'est visiblement faux ! Après ça on ne sait plus à qui se fier (voir ma réponse au premier commentaire).
Merci pour le compliment Nath, mais arrête un peu de dire que je suis géniale, sinon je ne vais plus pouvoir rentrer dans mes bottines :))
Bisous et bon dimanche à toi aussi
PS : J'adore la Salammbo de Gaston Bussière ainsi que les couleurs de l'Astarté de Sargent, un bijou d'harmonies ! Superbe !
RépondreSupprimerL'astarté de Sargent a été une belle surprise pour moi. Je recherchais des représentations picturales de la déesse Astarté (dont il n'existe guère d'exemples, soit dit en passant) quand j'ai découvert celle de Sargent. Ce fut une révélation ! Les angelots (?) qui l'entourent semblent dérouler un voile autour d'elle. Ainsi parée, on dirait vraiment Tanit enveloppée du Zaïmph, le fameux voile sacré dérobé par Mâtho (qui voulait l'offrir à Salammbô) dans le roman de Flaubert.
SupprimerSont-ce bien des "angelots" ? lol Car Astarté était plutot du coté sombre lol, maitresse du démon. Il me semble (loupe à l'appui lol) voir des "angelots" à plusieurs bras, comme le Bodhisattva ou Kàlî (ce n'est pas la même culte mais c'est pour mieux te décrire ce que je vois). Tanit et Astarté (pour les Egyptiens) sont la même déesse, elle est aussi Isthar pour les Babyloniens. Je ne me souvenait plus du nom du voile, ton article précédent, déjà, me l'a remémoré..ooops lol
SupprimerBisous et bon WE.
Souvenais avec S et pas avec T pardon... Pourquoi je ne me relis pas ? lol
SupprimerEffectivement, il ne s'agit pas d'angelots tels que l'on peut en voir dans l'Assomption. J'ai employé ce terme à défaut d'un autre.
SupprimerLe tableau de Sargent est fascinant, tellement il présente de ressemblance avec les représentations de la Vierge, debout sur un croissant de lune et foulant au pied le serpent responsable de l'éviction d'Adam et Êve du paradis terrestre, selon la description de l'Apocalypse de Jean.
Le serpent étant évidemment en lien avec celui de Salammbô, l'amalgame entre Tanit-Astarté et la Vierge chrétienne, voila qui semble être de la part de Sargent une tentative de conciliation des différentes croyances, peut-être un syncrétisme vers une nouvelle religion qui serait la synthèse de toutes les autres...
Copier les uns sur les autres, je crois bien que les artistes ne reniaient pas le travail de leurs prédécesseurs même très anciens et aimaient beaucoup se rendre dans les musées ou même interpréter de façon différente un même thème, c'est des intérêts du travail en atelier, c'est ainsi que l'on progresse.
RépondreSupprimerJ'ai vu au museum Ludwig à Cologne il y a peu (dix jours ?) des toiles de Max Ernst dont la vierge Marie corrigeant l'enfant Jésus.
http://www.aparences.net/art-moderne/dada/
La copie (ou l'utilisation) du tableau de Richard-Putz par Max Ernst pour peindre son Jardin de la France ne me trouble pas outre mesure. Comme il ne me viendrait pas à l'idée de reprocher à Cabanel de s'être inspiré de la Vénus et Cupidon d'Artemisia Gentileschi pour la pose de sa Naissance de Vénus !
SupprimerNon, ce que je ne comprends pas, c'est l'histoire d'une soi-diant copie de la Vénus de Cabanel par Max Ernst pour son Jardin de la France et que cette hypothèse (que l'on retrouve un peu partout sur la toile) soit accréditée par Werner Spies le plus grand spécialiste de Max Ernst...
Ce que tu me dis de ta visite récente au musée de Cologne est une incroyable coïncidence ! Il se trouve que j'ai failli faire figurer à la fin de ce billet La vierge Marie corrigeant l'enfant Jésus, car ce tableau me semble pas mal inspiré d'un autre tableau d'Artemisia Gentileschi.
Qu'en penses tu ?...
Me voici enfin, Tilia !
SupprimerLa vierge d'Artemisia Gentileschi s'amuse avec son joufflu bambin, elle lui fait miroiter un joli pendentif, c'est tout de même moins iconoclaste que de fesser un petit derrière rougi sous l'outrage !.... Sinon, il y a de ça... Cela ne me gêne pas que les thèmes soient repris ou les compositions ou même la manière, ce n'est jamais le même tableau de toutes les façons.
En langage de peinture, on ne devrait pas dire "copier" mais "s'inspirer" :D
RépondreSupprimerIl ne suffit pas d'être bon en recherche mais de savoir transmettre toutes ces trouvailles en ordre chronologique de la manière la plus attractive possible. Ce qui semble être le cas dans ce grenier. Encore une fois un beau billet, à garder au fond de chaque grenier ;)
Effectivement, tu as parfaitement raison. En général, un peintre ne copie pas, il s'inspire. Ou alors c'est une "copie d'après un tel" et c'est bien spécifié.
SupprimerPour tout savoir sur les copies, les répliques et autres répétitions, lire cet excellent article.
Merci pour ton avis sur le grenier :)
trop beau ton billet pour le survoler.. ici mme wifi ne me laisse pas le temps.. je me le réserve pour plus tard...
RépondreSupprimerDésolée de te savoir dans les ennuis de connexion. Rien de + énervant que ça ! stressant même, parfois... quand le manque se fait sentir :(
SupprimerQuelles merveilles! Et quelle enquête passionnante
RépondreSupprimerMerci Miriam, pour ton opinion favorable et pour ta fidélité au grenier.
SupprimerUn billet passionnant. Comme je regrette de ne pas avoir eu le temps d'aller voir l'expo d'Artémisia lors de mon séjour à Paris.
RépondreSupprimerPassionnée par les énigmes picturales, je suis :))
SupprimerAs-tu lu Artemisia, d’Alexandra Lapierre ? J'ai ce roman dans ma bibliothèque depuis des lustres et j'avoue ne pas encore avoir pris le temps de le lire ! (sans doute parce que je connais grosso-modo son histoire).
Et dire que mes ennuis internet ont failli me priver de ce billet!
RépondreSupprimerJe suis sans voix et admirative quel travail!
Je serais incapable de faire une telle recherche,souvent un peu trop prise par le temps
Je ne sais pas si tu te souviens d'une exposition qui avait eu lieu il y a quelques année à Orsay sur Max Ernst
Bonne journée
L'expo du musée d'Orsay portait uniquement sur les collages, je crois. Cette partie de l'œuvre de Max Ernst, si intéressante soit-elle, correspond moins à ma sensibilité qui privilégie la couleur.
SupprimerJ'espère que tes problèmes informatiques sont à présent totalement résolus et qu'ils ne réapparaitront pas de sitôt. Actuellement, il y a beaucoup de gens qui ont des ennuis de connexion. Les boîtes magiques semblent ne pas être aussi merveilleuses que les publicités des fournisseurs d'accès nous le chantent ! Pour ma part je n'ai jamais abandonné mon bon vieux routeur et, au vu des déboires constants de certains abonnés, je ne peux que m'en féliciter.
Bonne chance chez toi et à bientôt
Étudiants aux Beaux-Arts, nous détestions les cours d'Histoire de l'Art. Beaucoup plus tard, j'en ai découvert les richesses. J'ai beaucoup apprécié cette page et ton savoir en la matière.
RépondreSupprimerMerci Tilia et à bientôt.
Roger
L'an passé, j'ai emprunté le Gombrich à ma fille avec l'intention de le lire, mais j'avoue très humblement n'avoir pas beaucoup avancé dans ma lecture !
SupprimerMon savoir est entièrement basé sur mes recherches dans les dédales de la toile. Et mes recherches sont totalement motivées par mon attrait inné pour l'art pictural, conjugué avec une curiosité qui s'est éveillée au fil du temps et qui culmine à présent que j'ai atteint l'âge où je peux enfin consacrer du temps à la satisfaire :)
Merci pour ta fidélité, Roger et à bientôt
Ce billet est tout simplement passionnant mêlant l'art du suspens avec ses rebondissements inattendus à une érudition picturale parfaite, on vous suit avec délice.
RépondreSupprimerMerci Tilia.
Merci à toi, Marisol, pour ta fidélité. La suite de ce billet ne saurait tarder...
SupprimerEncore un merveilleux reportage ,plaisir sans fin de rebondir ainsi de découvertes en découvertes
RépondreSupprimerEt Bravo pour cette recherche passionnante qui a été j'imagine la même pour vous
je viens souvent et cela me laisse sans voix
Un livre s'impose !!! ? suis preneur
A Bientôt
Arlette
"Passionnante" c'est bien le mot ! d'autant plus que je suis en train de mettre la dernière main à la suite de ce billet.
SupprimerAlors, à très bientôt, Arlette :)
Merci pour le bravo et pour votre suggestion (c'est une idée à creuser..)
Un article qui m'avait échappé. Curieux non ?
RépondreSupprimerAussi curieux que l'inversion des cours de la Loire et l'Indre chez Ernst. Tableau par ailleurs admirable, ce jardin de la France blotti entre les bras des deux fleuves, doublement irrigué. Le jardin est femme.
Cette curieuse inversion du cours de la Loire est expliquée de manière "topéroticographique, une sorte de carte Mélusine, à mi-chemin entre rêve et réalité" dans cet excellent article.
SupprimerQuel que soit son mode fonctionnement, l'imaginaire de Max Ernst a produit là un authentique chef-d'œuvre. Peu importe si le fond en est (ou non) une copie du tableau de M. Richard-Putz, pour moi c'est un assemblage génial.
Je suis en latin
RépondreSupprimer