1912 une année fertile à tous points de vue
August Macke
sa vie, son œuvre
(suite)
August Macke
sa vie, son œuvre
(suite)
La dernière fois, nous en étions resté au moment où fin 1911, après avoir participé à la rédaction de l'Almanach du Blaue Reiter (le programme du tout jeune Cavalier Bleu) August Macke passe les fêtes de fin d'année chez lui, à Bonn, avec Elisabeth et leur petit Walter.
Pendant ce temps, du 18 décembre 1911 au 1er janvier 1912, se tient à Munich la première exposition du Cavalier Bleu (Der Blaue Reiter) ce nouveau mouvement pictural issu des dissensions entre, d'une part Kandinsky et ses amis, et d'autre part les peintres de la Nouvelle Association des artistes munichois (NKVM) fortement contrariés par l'évolution de Kandinsky vers l'Abstraction.
La Composition V ci-dessus, est le tableau de Kandinsky que les artistes munichois de la NKVM ont refusé d'exposer parmi les leurs, soit disant pour une question de dimensions, mais en réalité parce qu'ils le trouvaient trop abstrait.
Cet exclusion a eu pour conséquence la naissance du Cavalier Bleu et la présentation au public de deux expositions en même temps à la Galerie Heinrich Thannhauser de Munich : celle de la NKVM au rez-de-chaussée et celle du Cavalier Bleu au premier étage de la galerie.
Le spectacle de danse ci-dessus est inspiré de Carnaval, un ballet créé en 1910 par Michel Fokine et repris par la compagnie des Ballets russes de Serge Diaghilev.
Ici, Macke nous place parmi les spectateurs (à l'époque les grands chapeaux n'étaient pas encore bannis des théâtres !) et il braque son projecteur pictural sur le célèbre trio de la Commedia dell'arte, Pierrot levant les bras aux ciel avec une mine désolée et Arlequin sautillant fougueusement auprès d'une Colombine sainte-nitouche aguicheuse.
Dans la chorégraphie contemporaine (cliquer pour voir la vidéo) du ballet Carnaval de Mikhail Fokine, Pierrot n'apparait pas en même temps que les pas de deux de Colombine et Arlequin. Liberté d'artiste, ou distraction de ma part en visionnant la vidéo ? je penche pour une liberté d'August Macke.
Là, je n'ai pas trouvé d'explication. Ce "Märchenerzähler" (littéralement, conteur de contes de fées) a peut-être fait partie d'un spectacle vu par Macke et sa petite famille cette année-là... ou peut-être pas.
Le tableau pourrait tout aussi bien représenter une scène sortie de l'imagination de Macke, fasciné par l'Orient depuis qu'il a vu l'exposition des chef-d’œuvres de l'art mahométan "Meisterwerke muhammedanischer kunst" qui s'est tenue à Munich en 1910.
Chose troublante, en 1925 le jeune Walter a dessiné ici, sa version des deux conteurs, peints par son père treize ans auparavant.
Dans le billet précédent, nous avons vu deux tableaux que Macke avait envoyés à Münich pour participer à la première exposition du Cavalier Bleu en décembre 1911. L'envie de passer les fêtes de fin d'année en famille n'était sans doute pas une raison suffisante pour qu'il s'abstienne de faire le voyage jusque Munich.
Déjà, les inimitiés et divergences d'opinion avec certains membres du Cavalier Bleu incitaient August Macke à se maintenir à distance d'un mouvement qui ne répondait pas à la plupart de ses idées en matière de peinture.
C'est donc à Cologne, dans les locaux du Gereonsklub, où il l'a faite venir en janvier 1912, que Macke voit la première exposition du Cavalier Bleu. C'est par manque d'intérêt de la part du public munichois, que cette expo a été obligée de fermer prématurément ses portes à Munich et d'entamer une tournée à travers les grandes villes d'Allemagne, Cologne étant la première étape d'un périple qui va se poursuivre jusqu'en 1914.
Durant ce même mois de janvier 1912, August écrit à son ami Franz Marc pour lui annoncer qu'il va faire partie du comité de travail de la Sonderbund, la grande exposition internationale qui va avoir lieu à Cologne du 25 mai au 30 septembre 1912.
La peinture ci-dessous, intitulée Rokoko, est une huile sur toile de 89 sur 89 cm. Elle est exceptionnelle dans l’œuvre de Macke, tant par son format que par sa composition.
Rokoko fait partie des cinq tableaux présentés par Macke à l'exposition "Sonderbund" de 1912 : Internationale Kunstausstellung des Sonderbundes Westdeutscher Kunstfreunde und Künstler, en français "Exposition artistique internationale de l'alliance particulière des amateurs d'art et des artistes d'Allemagne occidentale", Sonderbund (alliance particulière) étant l'abréviation du long titre original de cette exposition internationale, point de départ de l'Art Moderne.
Le titre et le thème de Rokoko évoquent la peinture Rococo des fêtes galantes. Cependant, au XVIIIe siècle en Allemagne (à quelques rares exceptions près) la peinture de style Rococo demeure cantonnée dans les églises et elle n'a pas grand chose à voir avec le Rococo français à la Watteau. Beaucoup plus sage qu'une scène de Watteau, celle de Macke parait davantage en rapport avec les fêtes données par la reine Marie-Antoinette dans son domaine de Versailles, qu'avec celles de Louis XV.
Rokoko semble être l'expression du désir de revenir à un mode de vie plus simple, plus stable, plus en accord avec la nature. Un désir partagé tant par August Macke et son ami Franz Marc dans l'Allemagne des années 1910, que par la Reine-Bergère fuyant les mondanités de la cour de Louis XVI.
Un tableau de Walter Geffken, un allemand peignant beaucoup de scènes de style néo-rococo et exposant régulièrement ses œuvres à Munich au début du XXe siècle, a peut-être servi de déclencheur pour le Rokoko de Macke...
Quant au cadre de cette scène bucolique, il se peut qu'il soit inspiré de celui du Belvédère et du Grand Rocher du Petit Trianon. Macke a pu visiter Versailles et ramener un croquis fait sur place, ou voir une lithographie de cette aquarelle...
C'est avec les couleurs de Rokoko, que l'influence de Gauguin sur August Macke est la plus évidente. Ses couleurs rappellent celles du tableau Le Talisman, l'Aven au Bois d'Amour peint par Paul Sérusier suivant les conseils de Gauguin lui suggérant l'emploi de couleurs vives.
Dernier détail à propos de Rokoko, l'instrument joué par le pâtre est un hautbois pastoral. Soit un Schalmei (ce qui correspond en français à la chalémie) soit un rauschpfeife les deux instruments étant très proches l'un de l'autre (pour écouter le son du rauschpfeife cliquez ici) .
Au lendemain de l'inauguration de l'exposition internationale de la Sonderbund à Cologne, Macke écrit de nouveau à son ami Franz Marc pour lui raconter que finalement, vu les multiples dissensions au sein du jury de l'expo, il a renoncé à en faire partie.
Dans un courrier ultérieur, il mentionne que Spaziergang auf der Brücke, l'un de ses tableaux exposés à la Sonderbund (reproduit ci-dessus) a été acheté par Franz Kluxen, un jeune collectionneur richissime à la recherche de tableaux pour meubler sa villa nouvellement construite à Wyk auf Foehr. Par la suite, Franz Kluxen a acquis le Cheval dans un Paysage de Franz Marc et bien d'autres tableaux prestigieux.
Une belle aquarelle de Macke, datée de 1913, porte le même titre que l'huile ci-dessus. Nous la verrons donc un peu plus tard. Cette petite annonce me donne l'occasion de rappeler qu'il ne faut pas oublier qu'en parallèle à ses tableaux à l'huile, August Macke a produit quantité de dessins et d'aquarelles.
Toujours dans le courant de l'année 1912, grâce aux relations que Kandinsky entretient avec l'avant-garde russo-ukrainienne, notamment deux peintres du Valet de Carreau, les frères David et Vladimir Bourliouk (qui ont rédigé un article pour l'almanach du Cavalier Bleu) Macke va exposer six tableaux à Moscou lors de l'exposition du Valet de Carreau, à laquelle participaient, outre les frères Bourliouk et le couple Kandinsky-Münter, Marc (l'ami de Macke), Delaunay, Derain, Van Dongen, Gleizes, Léger, Matisse et Picasso, entre autres.
Or, la relation d'August Macke avec la plupart des artistes du Blaue Reiter - et spécialement avec Kandinsky, son président - est très ambivalente. Alors qu'il lui arrive parfois d'être subjugué par la peinture de Kandinsky, Macke se sent en général très éloigné de ses exigences théoriques et il a du mal à supporter son autoritarisme coutumier.
La photo ci-dessus a été prise par Gabriele Münter, fin 1911 - début 1912, au 36 Ainmillerstraße à Munich. Elle réunit quelques membres de Der Blaue Reiter avec Cuno Amiet de Die Brücke. De gauche à droite : Vassily Kandinsky, Cuno Amiet, August Macke, Helmuth Macke (cousin d'August et peintre lui aussi), Anna Luder (épouse de Cuno Amiet), Heinrich Campendonk, Louis Moillet (peintre, ami d'Elisabeth et August).
Finalement, l'adhésion de Macke au Cavalier Bleu a duré à peine six mois. Elle s'achève en mars 1912, après qu'il a envoyé seize dessins à Munich pour participer au second (et dernier) salon du Blaue Reiter. Une exposition purement graphique, intitulée Schwarz-Weiss (Noir et Blanc) qui se tient du 12 février au 18 mars à la Galerie Goltz à Munich.
Au printemps 1912, Macke voyage en Hollande. Ensuite, après avoir activement participé à l'exposition de la Sonderbund au mois de Mai à Cologne (voir plus haut) courant Juin 1912, conjointement avec celles du peintre suisse Cuno Amiet (qu'il a rencontré précédemment à Cologne) il expose ses peintures à Iéna, où il a été invité par le Dr Eberhard Grisebach président du Kunstverein (association artistique).
Le 1er Juillet, Macke écrit à Franz Marc pour lui parler de l'exposition à Iéna. Il est enthousiasmé par le succès qu'il a remporté : « j'y ai vendu huit pièces en huit jours ! ». Ainsi, la galerie d'art ouverte par Eberhard Grisebach pour l'exposition de la Kunstverein est définitivement lancée et August invite Franz à venir y exposer ses œuvres l'hiver suivant.
Poursuivant sa lettre, Macke annonce à Marc qu'il va devoir effectuer une période militaire du 5 Août au 21 Septembre 1912. Après quoi, il sera de retour à Bonn.
La dernière semaine de Septembre, August est de retour à Bonn, dans son foyer et dans son atelier. Franz Marc et sa femme Anna quittent temporairement leur chalet de Sindelsdorf dans les Alpes bavaroises pour venir faire un petit séjour chez leurs amis Bonnois.
Ils vont tout d'abord mettre à profit la proximité entre Bonn et Cologne pour aller voir l'exposition internationale de la Sonderbund avant sa fermeture le 30 Septembre.
C'est durant ce séjour du couple Marc chez les époux Macke que Franz et August concrétisent leur projet de fresque peinte en commun. Ils vont conjuguer leurs talent respectifs pour faire apparaître le "Paradies" sur un pan de mur de l'atelier d'August.
En seulement quatre jours (!) la conception et la naissance d'Adam et Êve sont réalisées. D'autres informations sur cette fresque on été données au début du premier billet (cliquez sur l'image ci-dessous pour l'agrandir).
Malgré l'imminence de la "faute" qui va engendrer leur éviction de l'Eden - Adam étant en train de cueillir la pomme - ce Paradis terrestre représente pour les deux artistes l'espérance d'un monde meilleur, dans lequel les contraintes aliénantes engendrées par le passage à l'ère industrielle seraient surmontées.
C'est à partir de cette époque que l’œuvre d'August Macke prend définitivement un aspect paradisiaque.
L'étonnement des visiteurs observant les animaux du zoo
Le réconfort de l'amitié
Le plaisir d'une promenade en forêt par une belle journée ensoleillée
Le charme des lumières du soir
Le "bonheur des dames" s'attardant devant les vitrines des magasins de mode et des boutiques de chapeaux
La splendeur de l'Automne dans son jardin
Le bonheur tranquille de sa vie familiale.
Sa joie de contempler jour après jour la beauté d'Elisabeth.
Pour August Macke, l'année 1912 a été en grande partie consacrée à établir et développer des contacts et à diffuser le plus possible son art hors de sa région. Tout cela sans négliger ses pinceaux, ni sa femme et son fils pour autant.
Comme d'habitude, c'est Elisabeth qui a posé pour le nu ci-dessus. D'après la rondeur de son ventre, il y a tout lieu de penser qu'elle prépare un petit frère à Walter et que, par conséquent le tableau a été peint vers la fin de l'automne 1912 (puisque la naissance est attendue pour le mois de janvier suivant). Mais n'anticipons pas.
À la suite du séjour de Franz Marc et d'Anna chez les Macke, le 2 Octobre 1912 les deux couples partent ensemble pour Paris.
Pour August, et davantage encore pour Franz, ce voyage va amener un tournant notable dans l'évolution de leurs styles respectifs.
C'est très certainement dans les semaines qui ont suivi la rencontre ayant eu lieu à Paris au cours du voyage effectué durant la première quinzaine d'Octobre, que Macke a peint la composition ci-dessus. dans laquelle on peut voir l'explosion de l'ère industrielle totalement magnifiée.
Qui est l'inspirateur de cette éblouissante évolution de formes et de couleurs dans le style d'August Macke ?
Walterchens Spielsachen (Jouets du petit Walter) August Macke - 1912 Städel Museum, Francfort-sur-le-Main |
Pendant ce temps, du 18 décembre 1911 au 1er janvier 1912, se tient à Munich la première exposition du Cavalier Bleu (Der Blaue Reiter) ce nouveau mouvement pictural issu des dissensions entre, d'une part Kandinsky et ses amis, et d'autre part les peintres de la Nouvelle Association des artistes munichois (NKVM) fortement contrariés par l'évolution de Kandinsky vers l'Abstraction.
Composition V Vassily Kandinsky - 1911 Collection privée (huile 190 x 275 cm) |
La Composition V ci-dessus, est le tableau de Kandinsky que les artistes munichois de la NKVM ont refusé d'exposer parmi les leurs, soit disant pour une question de dimensions, mais en réalité parce qu'ils le trouvaient trop abstrait.
Cet exclusion a eu pour conséquence la naissance du Cavalier Bleu et la présentation au public de deux expositions en même temps à la Galerie Heinrich Thannhauser de Munich : celle de la NKVM au rez-de-chaussée et celle du Cavalier Bleu au premier étage de la galerie.
Russisches Ballett (Ballets russes) August Macke - 1912 Kunsthalle, Brême |
Le spectacle de danse ci-dessus est inspiré de Carnaval, un ballet créé en 1910 par Michel Fokine et repris par la compagnie des Ballets russes de Serge Diaghilev.
Ici, Macke nous place parmi les spectateurs (à l'époque les grands chapeaux n'étaient pas encore bannis des théâtres !) et il braque son projecteur pictural sur le célèbre trio de la Commedia dell'arte, Pierrot levant les bras aux ciel avec une mine désolée et Arlequin sautillant fougueusement auprès d'une Colombine sainte-nitouche aguicheuse.
Dans la chorégraphie contemporaine (cliquer pour voir la vidéo) du ballet Carnaval de Mikhail Fokine, Pierrot n'apparait pas en même temps que les pas de deux de Colombine et Arlequin. Liberté d'artiste, ou distraction de ma part en visionnant la vidéo ? je penche pour une liberté d'August Macke.
Märchenerzähler (Conteur d'histoires) August Macke - 1912 Museum Frieder Burda, Baden-Baden (notice du musée) |
Là, je n'ai pas trouvé d'explication. Ce "Märchenerzähler" (littéralement, conteur de contes de fées) a peut-être fait partie d'un spectacle vu par Macke et sa petite famille cette année-là... ou peut-être pas.
Le tableau pourrait tout aussi bien représenter une scène sortie de l'imagination de Macke, fasciné par l'Orient depuis qu'il a vu l'exposition des chef-d’œuvres de l'art mahométan "Meisterwerke muhammedanischer kunst" qui s'est tenue à Munich en 1910.
Chose troublante, en 1925 le jeune Walter a dessiné ici, sa version des deux conteurs, peints par son père treize ans auparavant.
Orientalische Frauen (Femmes orientales) August Macke - 1912 Collection privée |
Dans le billet précédent, nous avons vu deux tableaux que Macke avait envoyés à Münich pour participer à la première exposition du Cavalier Bleu en décembre 1911. L'envie de passer les fêtes de fin d'année en famille n'était sans doute pas une raison suffisante pour qu'il s'abstienne de faire le voyage jusque Munich.
Junge mit Buch und Spielsachen (Garçon avec livre et jouets) August Macke - 1912 Collection privée (lire la notice de Sotheby's) |
Déjà, les inimitiés et divergences d'opinion avec certains membres du Cavalier Bleu incitaient August Macke à se maintenir à distance d'un mouvement qui ne répondait pas à la plupart de ses idées en matière de peinture.
C'est donc à Cologne, dans les locaux du Gereonsklub, où il l'a faite venir en janvier 1912, que Macke voit la première exposition du Cavalier Bleu. C'est par manque d'intérêt de la part du public munichois, que cette expo a été obligée de fermer prématurément ses portes à Munich et d'entamer une tournée à travers les grandes villes d'Allemagne, Cologne étant la première étape d'un périple qui va se poursuivre jusqu'en 1914.
Frau des Künstlers - Studie zu einem Porträt (L'épouse du peintre - Étude pour un portrait) August Macke - 1912 Staatliche Museen, Berlin |
Durant ce même mois de janvier 1912, August écrit à son ami Franz Marc pour lui annoncer qu'il va faire partie du comité de travail de la Sonderbund, la grande exposition internationale qui va avoir lieu à Cologne du 25 mai au 30 septembre 1912.
Couverture et frontispice du Catalogue cliquez ici pour feuilleter le catalogue d'exposition de la Sonderbund 1912 |
La peinture ci-dessous, intitulée Rokoko, est une huile sur toile de 89 sur 89 cm. Elle est exceptionnelle dans l’œuvre de Macke, tant par son format que par sa composition.
Rokoko fait partie des cinq tableaux présentés par Macke à l'exposition "Sonderbund" de 1912 : Internationale Kunstausstellung des Sonderbundes Westdeutscher Kunstfreunde und Künstler, en français "Exposition artistique internationale de l'alliance particulière des amateurs d'art et des artistes d'Allemagne occidentale", Sonderbund (alliance particulière) étant l'abréviation du long titre original de cette exposition internationale, point de départ de l'Art Moderne.
Rokoko (Rococo) August Macke - 1912 Musée national de l'Art, de l'Architecture et du Design, Oslo |
Le titre et le thème de Rokoko évoquent la peinture Rococo des fêtes galantes. Cependant, au XVIIIe siècle en Allemagne (à quelques rares exceptions près) la peinture de style Rococo demeure cantonnée dans les églises et elle n'a pas grand chose à voir avec le Rococo français à la Watteau. Beaucoup plus sage qu'une scène de Watteau, celle de Macke parait davantage en rapport avec les fêtes données par la reine Marie-Antoinette dans son domaine de Versailles, qu'avec celles de Louis XV.
Rokoko semble être l'expression du désir de revenir à un mode de vie plus simple, plus stable, plus en accord avec la nature. Un désir partagé tant par August Macke et son ami Franz Marc dans l'Allemagne des années 1910, que par la Reine-Bergère fuyant les mondanités de la cour de Louis XVI.
Un tableau de Walter Geffken, un allemand peignant beaucoup de scènes de style néo-rococo et exposant régulièrement ses œuvres à Munich au début du XXe siècle, a peut-être servi de déclencheur pour le Rokoko de Macke...
Quant au cadre de cette scène bucolique, il se peut qu'il soit inspiré de celui du Belvédère et du Grand Rocher du Petit Trianon. Macke a pu visiter Versailles et ramener un croquis fait sur place, ou voir une lithographie de cette aquarelle...
C'est avec les couleurs de Rokoko, que l'influence de Gauguin sur August Macke est la plus évidente. Ses couleurs rappellent celles du tableau Le Talisman, l'Aven au Bois d'Amour peint par Paul Sérusier suivant les conseils de Gauguin lui suggérant l'emploi de couleurs vives.
Dernier détail à propos de Rokoko, l'instrument joué par le pâtre est un hautbois pastoral. Soit un Schalmei (ce qui correspond en français à la chalémie) soit un rauschpfeife les deux instruments étant très proches l'un de l'autre (pour écouter le son du rauschpfeife cliquez ici) .
Spaziergang auf der Brücke (Promenade sur le pont) August Macke - 1912 Collection privée |
Au lendemain de l'inauguration de l'exposition internationale de la Sonderbund à Cologne, Macke écrit de nouveau à son ami Franz Marc pour lui raconter que finalement, vu les multiples dissensions au sein du jury de l'expo, il a renoncé à en faire partie.
Dans un courrier ultérieur, il mentionne que Spaziergang auf der Brücke, l'un de ses tableaux exposés à la Sonderbund (reproduit ci-dessus) a été acheté par Franz Kluxen, un jeune collectionneur richissime à la recherche de tableaux pour meubler sa villa nouvellement construite à Wyk auf Foehr. Par la suite, Franz Kluxen a acquis le Cheval dans un Paysage de Franz Marc et bien d'autres tableaux prestigieux.
Spaziergänger am See -1- (Promeneurs au bord du lac) August Macke - 1912 Collection privée |
Une belle aquarelle de Macke, datée de 1913, porte le même titre que l'huile ci-dessus. Nous la verrons donc un peu plus tard. Cette petite annonce me donne l'occasion de rappeler qu'il ne faut pas oublier qu'en parallèle à ses tableaux à l'huile, August Macke a produit quantité de dessins et d'aquarelles.
Toujours dans le courant de l'année 1912, grâce aux relations que Kandinsky entretient avec l'avant-garde russo-ukrainienne, notamment deux peintres du Valet de Carreau, les frères David et Vladimir Bourliouk (qui ont rédigé un article pour l'almanach du Cavalier Bleu) Macke va exposer six tableaux à Moscou lors de l'exposition du Valet de Carreau, à laquelle participaient, outre les frères Bourliouk et le couple Kandinsky-Münter, Marc (l'ami de Macke), Delaunay, Derain, Van Dongen, Gleizes, Léger, Matisse et Picasso, entre autres.
Kinder im Garten (Enfants dans le jardin) August Macke - 1912 Städtisches Kunstmuseum, Bonn |
Or, la relation d'August Macke avec la plupart des artistes du Blaue Reiter - et spécialement avec Kandinsky, son président - est très ambivalente. Alors qu'il lui arrive parfois d'être subjugué par la peinture de Kandinsky, Macke se sent en général très éloigné de ses exigences théoriques et il a du mal à supporter son autoritarisme coutumier.
Le seul qui ne regarde pas l'appareil (manipulé par la compagne de Kandinsky) c'est August Macke... Il semblerait que la rupture entre Macke et le Cavalier Bleu soit déjà dans l'air ! |
La photo ci-dessus a été prise par Gabriele Münter, fin 1911 - début 1912, au 36 Ainmillerstraße à Munich. Elle réunit quelques membres de Der Blaue Reiter avec Cuno Amiet de Die Brücke. De gauche à droite : Vassily Kandinsky, Cuno Amiet, August Macke, Helmuth Macke (cousin d'August et peintre lui aussi), Anna Luder (épouse de Cuno Amiet), Heinrich Campendonk, Louis Moillet (peintre, ami d'Elisabeth et August).
Finalement, l'adhésion de Macke au Cavalier Bleu a duré à peine six mois. Elle s'achève en mars 1912, après qu'il a envoyé seize dessins à Munich pour participer au second (et dernier) salon du Blaue Reiter. Une exposition purement graphique, intitulée Schwarz-Weiss (Noir et Blanc) qui se tient du 12 février au 18 mars à la Galerie Goltz à Munich.
Spaziergang in Blumen (Promenade dans les fleurs) August Macke - 1912 Staatliche Museen, Berlin |
Au printemps 1912, Macke voyage en Hollande. Ensuite, après avoir activement participé à l'exposition de la Sonderbund au mois de Mai à Cologne (voir plus haut) courant Juin 1912, conjointement avec celles du peintre suisse Cuno Amiet (qu'il a rencontré précédemment à Cologne) il expose ses peintures à Iéna, où il a été invité par le Dr Eberhard Grisebach président du Kunstverein (association artistique).
Gartenrestaurant (Le restaurant du jardin) August Macke - 1912 Kunstmuseum, Berne (vidéo du musée) |
Le 1er Juillet, Macke écrit à Franz Marc pour lui parler de l'exposition à Iéna. Il est enthousiasmé par le succès qu'il a remporté : « j'y ai vendu huit pièces en huit jours ! ». Ainsi, la galerie d'art ouverte par Eberhard Grisebach pour l'exposition de la Kunstverein est définitivement lancée et August invite Franz à venir y exposer ses œuvres l'hiver suivant.
Poursuivant sa lettre, Macke annonce à Marc qu'il va devoir effectuer une période militaire du 5 Août au 21 Septembre 1912. Après quoi, il sera de retour à Bonn.
Elisabeth und Walterchen (Elisabeth et le petit Walter) August Macke - 1912 Städtisches Kunstmuseum, Bonn |
La dernière semaine de Septembre, August est de retour à Bonn, dans son foyer et dans son atelier. Franz Marc et sa femme Anna quittent temporairement leur chalet de Sindelsdorf dans les Alpes bavaroises pour venir faire un petit séjour chez leurs amis Bonnois.
Ils vont tout d'abord mettre à profit la proximité entre Bonn et Cologne pour aller voir l'exposition internationale de la Sonderbund avant sa fermeture le 30 Septembre.
Franz und Maria Marc im Atelier (Franz et Maria Marc dans l'atelier d'August) August Macke - 1912 Städtische Galerie im Lenbachhaus, Munich |
C'est durant ce séjour du couple Marc chez les époux Macke que Franz et August concrétisent leur projet de fresque peinte en commun. Ils vont conjuguer leurs talent respectifs pour faire apparaître le "Paradies" sur un pan de mur de l'atelier d'August.
En seulement quatre jours (!) la conception et la naissance d'Adam et Êve sont réalisées. D'autres informations sur cette fresque on été données au début du premier billet (cliquez sur l'image ci-dessous pour l'agrandir).
Paradies (Paradis) - 400 x 200 cm August Macke et Franz Marc - 1912 LWL-Museum für Kunst und Kultur, Münster (notice) |
Malgré l'imminence de la "faute" qui va engendrer leur éviction de l'Eden - Adam étant en train de cueillir la pomme - ce Paradis terrestre représente pour les deux artistes l'espérance d'un monde meilleur, dans lequel les contraintes aliénantes engendrées par le passage à l'ère industrielle seraient surmontées.
C'est à partir de cette époque que l’œuvre d'August Macke prend définitivement un aspect paradisiaque.
Dorénavant, toute la peinture de Macke est imprégnée de la
Joie de Vivre
Joie de Vivre
Zoological Garden I (Jardin zoologique 1) August Macke - 1912 Städtische Galerie im Lenbachhaus, Munich |
Inlassablement, il peint
les plaisirs simples de la vie de tous les jours
les plaisirs simples de la vie de tous les jours
L'étonnement des visiteurs observant les animaux du zoo
Kleiner Zoologischer Garten in Braun und Gelb (Petit jardin zoologique en brun et jaune) August Macke - 1912 Museum Frieder Burda, Baden-Baden (notice du musée) |
Le réconfort de l'amitié
Vier Mädchen (Quatre filles) August Macke - 1912 SMKP - Museum Kunstpalast, Düsseldorf (notice du musée) |
Le plaisir d'une promenade en forêt par une belle journée ensoleillée
Paar im wald (Couple dans la forêt) August Macke - 1912 Collection privée |
Le charme des lumières du soir
Abend (Soir) August Macke - 1912 Collection privée |
Le "bonheur des dames" s'attardant devant les vitrines des magasins de mode et des boutiques de chapeaux
Großes Helles Schaufenster (Grande vitrine lumineuse) August Macke - 1912 Sprengel Museum, Hanovre (notice du musée) |
La splendeur de l'Automne dans son jardin
Garten mit Bassin (Jardin avec bassin) August Macke - 1912 Collection privée |
Le bonheur tranquille de sa vie familiale.
Sa joie de contempler jour après jour la beauté d'Elisabeth.
Akt, liegend (Nu couché) August Macke - 1912 Kunstmuseum, Bonn |
Pour August Macke, l'année 1912 a été en grande partie consacrée à établir et développer des contacts et à diffuser le plus possible son art hors de sa région. Tout cela sans négliger ses pinceaux, ni sa femme et son fils pour autant.
Comme d'habitude, c'est Elisabeth qui a posé pour le nu ci-dessus. D'après la rondeur de son ventre, il y a tout lieu de penser qu'elle prépare un petit frère à Walter et que, par conséquent le tableau a été peint vers la fin de l'automne 1912 (puisque la naissance est attendue pour le mois de janvier suivant). Mais n'anticipons pas.
À la suite du séjour de Franz Marc et d'Anna chez les Macke, le 2 Octobre 1912 les deux couples partent ensemble pour Paris.
Pour August, et davantage encore pour Franz, ce voyage va amener un tournant notable dans l'évolution de leurs styles respectifs.
Farbige Komposition (Composition colorée) - Hommage à Bach August Macke - 1912 Wilhelm Hack Museum, Ludwigshafen am Rhein, Allemagne (notice du musée) |
C'est très certainement dans les semaines qui ont suivi la rencontre ayant eu lieu à Paris au cours du voyage effectué durant la première quinzaine d'Octobre, que Macke a peint la composition ci-dessus. dans laquelle on peut voir l'explosion de l'ère industrielle totalement magnifiée.
Qui est l'inspirateur de cette éblouissante évolution de formes et de couleurs dans le style d'August Macke ?
C'est ce que nous verrons dans le prochain billet
Texte ©VesperTilia, échos-de-mon-grenier 2015
Des analyses toujours aussi complètes , qui mettent en valeur les différentes tendances picturales de l'époque.
RépondreSupprimerSonia Delaunay?
RépondreSupprimernon , je pense à robert delaunay...!?
Supprimersuperbe analyse et description ... d'une vie..
RépondreSupprimerdans les dernières peintures, le cubisme...transpire!
et on voit l'autre chemin chemin d'abstraction de kandinsky...que j'aime beaucoup...biz
Un cubisme.. orphique.
SupprimerL'abstraction ne sera qu'une courte expérience dans l’œuvre d'August Macke.
Bizbiz
Sonia ou Robert ? Arghh...!
RépondreSupprimerEt pourquoi pas Picasso ?
Ou Braque ?
Ou même un peintre ?
Parce que !..
Supprimertu le sauras la prochaine fois :-)
Quel billet!
RépondreSupprimerEn fait cette "derniere" periode est celle que je prefere avec toutes ces couleurs qui vibrent avec cet anonymat des visages, a part pour ses portraits bien sur, qui me seduit tant. Comme j'aimerais reproduire cet anonymat dans les photos...
Que de belles courbes dans le tableau Rokoko! On tombe sous le charme
P.S. Le lien "Le cheval dans le paysage"ne fonctionne pas pour moi mais je l'ai trouve ici,
Tu nous fais vraiment aimer Auguste Macke et on n'a plus qu'une envie: rencontrer ces tableaux face a face comme par exemple a Munich en ce moment au Kunstbau.
Encore bravo Tilia!
Macke n'a pas fini de nous en faire voir de toutes les couleurs.. pour notre plus grand plaisir !
SupprimerComme tu as pu le constater, je suis également sous le charme de "Rokoko". Jusqu'à preuve du contraire, je suis persuadée que Macke s'est inspiré du site du belvédère du domaine de la Reine à Versailles.
Le lien vers la page du musée ne fonctionnant effectivement pas, je l'ai remplacé. Merci pour le compliment.
Pour ce qui est de l'éloge de l'industrialisation, je pense à Fernand Léger.
RépondreSupprimerPour les formes et les couleurs, je reviens à Sonia (peut-être à Robert Delaunay)
En fait, c'est moi qui voit une apothéose de l'ère de l'industrielle dans le tableau de Macke. Sa composition a pour sous titre "Hommage à JS Bach" ; pour ma part, je penserais plutôt à Wagner, ou a une symphonie de Mahler.
SupprimerPour Sonia, je suis plutôt d'accord avec toi par rapport à cette composition colorée de Macke. Mais c'est Robert qui a littéralement subjugué August.
Oui, c'est Robert Delaunay qui influença August Macke, mais déjà son "virage" vers les joyeuses couleurs de 1912 que tu nous fait si habilement remarquer pointait déjà vers une petite évolution.
RépondreSupprimerJe suis ravie de découvrir toutes ces oeuvres de Macke, je ne les connaissais pas toutes, et à vrai dire, je connais peu Macke.
Tu n'as pas trouvé son tableau "Caricature du Cavalier Bleu" de 1913 ? (Cartoon des Blauen Reiters).
J'aime beaucoup le tableau du ballet Carnaval. J'ai visionné ta vidéo, et j'ai finalement regardé le ballet entier. Alors effectivement, le pas de deux où Arlequin exécute ce genre de pas de valse très significatif de son personnage, apparait dans ta vidéo sans Pierrot, mais ce même pas revient à la fin du ballet où Pierrot est présent (tu peux le voir sur la partie 6/6 de cette vidéo de Carnaval) . Mais il aurait alors fallu que Macke fasse figurer le corps de ballet derrière les 3 personnages de la Comédia Dell Arte, donc je penche comme toi pour une liberté qu'il a prise par rapport à la choré et à la mise en scène du ballet, soit lors du pas de deux, soit lors de la scène finale, en omettant les autres danseurs, pour une meilleure composition sans doute. A vrai dire, on devine bien quelque chose sur le coté droit du tableau... Serait-ce donc bien la scène finale ?
Et je vois, en cliquant sur ton lien, que son fils Walter ne vécut pas très longtemps non plus : 1910 - 1927... 17 ans...
En tout cas, merci Tilia pour tes recherches, pour ce billet complet extrêmement bien documenté.
Je suis toujours ravie de "monter" dans ton Grenier lol il est passionnant...
Gros bisous et doux weekend Tilia
Et moi je suis ravie de ce commentaire si bien détaillé :-)
SupprimerLa caricature du Blaue Reiter figure dans un des ouvrages que je possède. Elle est si méchante que j'ai renoncé à la publier, ayant déjà pas mal fait ressortir l'animosité que Macke ressentait envers certains, Kandinsky en particulier.
J'ai l'impression (mais ce n'est qu'une impression basée sur des documents traduits de l'allemand) qu'avec lui c'était tout ou rien. Soit il aimait une personnalité, soit il la détestait. La tiédeur n'était pas dans son caractère. Et ça se voit dans sa peinture ;-)
Grand merci pour avoir si bien analysé la vidéo du ballet carnaval, tu sais combien je suis passionnée par les interactions entre la peinture et les autres arts, danse et musique en particulier.
Walter est mort subitement (d'une angine ulcéreuse) quelques jours après la photo du lien. Quel dommage ! un si beau garçon et déjà si talentueux...
Le destin d'Elisabeth a été effroyable. Non seulement elle a perdu l'amour de sa vie puis son fils aîné treize ans après, mais douze ans plus tard un troisième deuil est venu la frapper : son second mari (un camarade de classe d'August) a été arrêté et il est mort en 1939 dans un camp de concentration. En outre, la maison où elle vivait avec son second mari à Berlin a été détruite en 1943 lors d'un attentat. Malgré tous ses malheurs, elle a vécu jusque 90 ans. Elle est décédée en 1978, heureusement entourée par les deux enfants qu'elle a eu de son second mari.
Encore merci, chère Nathanaëlle, pour ta visite au grenier.
Bisous chaleureux (ça gèle fort cette nuit !) et belle fin de semaine
Merci encore Tilia pour ce travail de recherche impressionnant et le résultat sur ton blog. Moi non plus je ne connaissais pas vraiment Macke et son œuvre prouve que cette lacune était inexcusable, une grande cohérence, sans doute à cause de son caractère, d'après ce que tu en dis, sans concessions. Oui, on monte avec plaisir dans ton grenier.
RépondreSupprimerBises, Françoise
Le jour où j'ai aperçu l'ouvrage d'Anna Meseure sur August Macke dans un Maxi-Livres, à côté de celui de Susanna Partsch sur Franz Marc (tous deux édités par Taschen) avant même de les avoir ouverts, rien qu'à voir leurs illustrations de couvertures, je savais que j'allais les acheter ! Et depuis, mon engouement pour ces deux peintres n'est jamais retombé. En outre, dans le cas de Macke, j'ai été émue par son histoire d'amour avec Elisabeth Gerhardt. Tout cela pour expliquer que je me sois lancée dans cette longue biographie à l'occasion du centenaire de sa disparition.
SupprimerMerci d'apprécier mon travail et de le dire
Bises en retour
Je comprends pourquoi tu as mis du temps pour peaufiner ton billet. Je n'ai pas encore tout lu, juste "survolé" les tableaux, et je reviendrai pour en apprécier les détails.
RépondreSupprimerBiseeeeeeeeeeeeees de Christineeeeeeeeeee
En plus des recherches, j'ai dû attendre d'avoir l'inspiration pour rédiger le texte, choisir les reproductions et mettre le tout en forme, alors que je ne l'étais pas vraiment (en forme) ;-)
SupprimerBiiiiises, à bientôt Chrisitineeeeee
Super intéressant ce billet. J'ai vu des oeuvres qui me plaisent, contrairement à ce que tu penses. Je vais prendre un papier et les noter et je reviens après une seconde visite.
RépondreSupprimerBises
Quand je n'ai pas de papier sous la main, j'ouvre le Bloc-notes de Windows, ou bien WordPad ;-)
SupprimerJ'aime bien le pâtre et ses trois moutons, cela me rappelle le temps où je fis bergère.
RépondreSupprimerLes jouets du petit Walter ont un ôté très enfantin, ce qui est niormal d'ailleurs.
Ballets russes : sur la vidé Colombine ressemble à Colombine avec sa jolie robe, sur le tableau on dirait une danseuse de cabaret avec ses bas noirs, d'ailleurs Pierrot a l'air complètement dépité.
J'aime assez les Femmes Orientales, la Promenade sur le pmont et celle dans les fleurs (très beau tableau), Elisabeth et le Petit Walter, Quatre Filles.
Si je devais suspendre un des tableaux que je viens de citer, lequel crois-tu que je chosirais ?
Rebises.
Les bas noirs de Colombine m'avaient aussi frappée, c'est pourquoi je l'ai qualifiée de "sainte-nitouche aguicheuse" ;-)
SupprimerJe pense que c'est comme ça que Macke a vu le manège de Colombine et que les bas noirs sont la concrétisation de son jugement personnel sur le personnage... Liberté d'artiste, une fois de plus :-))
Pour répondre à ta question, vu que tu qualifies la "Promenade parmi les fleurs" de très beau tableau, je penses que tu choisirais celui-là. Pour ma part je trouve qu'il y a trop de rouge dans cette Promenade et mon favori, c'est "Rokoko" !
Bisebise (une sur chaque joue :-))
Oui c'est bien celui-là. Il est aussi rouge que les Orientales sont bleues.
SupprimerBises frisquettes mais ensoleillées.
Tilia heureusement que ton grenier recèle de tels trésors... je me régale toujours et j'en apprends énormément sur ce peintre. cette période est si riche et la peinture explose ne tout sens de formes, de couleurs c'est un grand bonheur.
RépondreSupprimerJ'ai découvert ce ballet et si Pierrot n'est pas présent j'estime que l'artiste à tous les droits donc celui d'ajouter ce que son imagination lui dicte;
Dans le dernier tableau que tu présentes je vois à gauche le toit d'une usine...le monde moderne se fait présent petit à petit.
j'aime aussi voir le belvédère sur ce tableau rokoko
je ne saurai choisir ma toile préférée...j'aime le couple dans la forêt.
Merci de prendre autant de ton temps pour tes billets et d'y ajouter de précieux lien.
bonne journée et bises très fraîches.
Le Pierrot de Macke rehausse la scène avec pertinence. Je pense que Macke l'a ajouté pour faire ressortir le jeu pervers de Colombine, qui se rit des espoirs (toujours déçus) et du désespoir de Pierrot. Une impression personnelle qui me semble confirmer par les bas noirs de Colombine, comme je l'ai dit à Claude ci-dessus.
SupprimerParfaitement d'accord avec toi pour Rokoko et la "Composition colorée".
Si tu aimes le couple dans la forêt, je pense que tu seras séduite par un autre que Macke a peint en 1913 et qui figurera dans le billet suivant.
Bises et belle semaine, Josette, merci d'avoir pris le temps de détailler tes impressions
Ravie de poursuivre avec toi la vie et le travail de ce peintre que j'aime beaucoup tout en restant figuratif ses dernières toiles que tu présentes ' Soir, Le bonheur des dames et surtout Hommage à Bach ) frôlent l'abstraction
RépondreSupprimerKandinski est passé par une autre voie de recherches avec son alphabet trop complexe et théorique Tu connais certainement l'histoire du tableau à l'envers qui "tenait " mieux et qui déclencha chez lui l'ouverture à l'abstraction et la suite trop intellectualisée Ils ne se comprenaient pas
J'aime beaucoup la joie et le bonheur de vivre qui se dégage des oeuvres de Macke et de Marc à suivre avec plaisir plusieurs pistes sur l'évolution de sa peinture
Merci Tilia
Merci Arlette, je suis ravie de voir que nos goûts s'accordent en grande partie. Tu analyses parfaitement le problème entre Kandinsky, trop "spirituel" et Macke qui, trop près du réel et de la nature, ne peut absolument pas suivre Kandinsky dans cette voie. Un voie qui, à mon avis, est pratiquement sans issue, vu qu'à l'heure actuelle il n'y a quasiment plus de peintres abstraits, ou du moins, aucun de grand renom.
SupprimerCela dit, ma prédilection pour Macke ne m'empêche nullement d'apprécier certains tableaux de Kandinsky, un vrai maître en matière d'abstraction.
"Hommage à Bach" (comme je l'ai dit à MissYves plus haut dans les échos) me semble plutôt un hommage à Wagner, ou mieux, à Mahler.
Si on réunit tes trois billets sur l'évolution de la peinture de Auguste Macke que tu as écrits, je me trouve devant un vrai cours de l'histoire de la peinture ! Quel travail tu as effectué ! Chapeau !!!
RépondreSupprimerCe que je vois aujourd'hui, c'est l'explosion de la couleur !!! C'est remarquable !
Bises et bon dimanche à toi !
Ce qui me séduit vraiment dans la peinture d'August Macke, c'est sa sincérité, son goût des plaisirs simples et le lien très fort qui l'unit à la nature qu'il traduit justement dans cette explosion de couleurs.
SupprimerMerci pour le "chapeau" je l'adopte avec plaisir :-)
Bises en retour et belle semaine, Enitram
Enitram a raison, c'est réellement une explosion de couleurs, mais qui parfois me ....
RépondreSupprimerMais en plus de la promenade dans les fleurs, il y e un autre que j'aime bien. Je vois une légère différence dans son style,(je ne parle pas des derniers) pourtant certains tableaux sont de la même année.. Est-ce du à son état d'âme du moment, ou à son état tout court, il y a des tableaux qui, für mich, sont plus élaborés que d'autres.
Après tout ça, tu ne vas pas me dire que je ne m'intéresse pas du tout à la peinture de Augoust Mackoeu.
Bises
"une explosion de couleurs, mais qui parfois me...." gonfle ?... ;-))
Supprimer"il y e un autre que j'aime bien" Lequel ?...
Les tableaux sont tous de la même année... mais j'ai dû les placer au pifomètre, vu que Macke n'a pas précisé, ne serait-ce que le mois dans lequel il les a peint (ce qui est bien dommage !).
Grand merci pour ton intérêt envers mon dada, je suis contente de voir que malgré tout tu parviens à apprécier une partie de l’œuvre de ce peintre que j'affectionne particulièrement.
Bises et amitiés
"me gonfle" n'est pas le terme que j'aurais employé, mais j'avoue que que pour moi ,ce n'est pas assez soft. C'est bizarre la couleur me plait sur certains et pas sur d'autres.
SupprimerJ'aime bien aussi les Quatre Filles pour son style et ses jolies couleurs.
Je suis toujours plus fan de ton post (quel travail!) que des oeuvres de Macke.!!!
RépondreSupprimerJ'échange tout Macke contre un portrait de Soutine ou un paysage de De Staël...
C'est grave?
Ça dépende dans quel sens on accroche le tableau ;-))
SupprimerPerso, j'échange tous les Staël contre les paysages de Soutine. Mais surtout pas contre ses carcasses de boucherie ! :-D
@ Tilia Pour les carcasses, je suis d'accord!
RépondreSupprimerTiens, mais ça me rappelle certaines oeuvres de Munch, aussi...
RépondreSupprimerEn dehors du fait que Munch est considéré comme le père de l'Expressionnisme, je ne vois pas trop la ressemblance.
SupprimerMunch était un dépressif qui souffrait d'hallucinations, tout le contraire de Macke.
Le seul point commun que j'ai trouvé entre eux, c'est qu'ils ont tous les deux représenté plusieurs scènes montrant des personnages sur un pont (beaucoup plus pour Munch que pour Macke).
En effet, je me souviens des thèmes abordés par Munch très inspirés par les déboires de sa famille (exposition au musée Pompidou). Ce qui m'a surtout beaucoup plu chez lui ce sont ses sujets tenant du photo journalisme (d'ailleurs il faisait de la photo), ses cadrages >
Supprimerhttps://cieljyoti.files.wordpress.com/2011/10/munch-15.jpg
Ta distraction en regardant la vidéo me fait penser à la mienne lorsque j'ai visionné des documentaires par ailleurs passionnants en sortant de l'expo consacrée à Sonia Delaunay au musée d'art moderne de Paris : deux fois j'ai loupé à la fin ce qu'elle disait / le seul tableau d'elle qu'elle considérait comme fini
RépondreSupprimerAu même musée lors d'une expo consacrée aux œuvres d’Helene Schjerfbeck, artiste finlandaise, j'ai noté :
RépondreSupprimer"Il manque toujours la touche finale à une oeuvre d'art. Tout ce qui est achevé est mort".
Je trouve ces mots très beaux, et justes...
Merci pour la découverte de cette artiste finlandaise. J'aime bien ses premières peintures celle-ci en particulier. Elles sont plus "achevées" que celles qu'elle a produites après 1900, et pourtant je les trouvent beaucoup plus vivantes !
SupprimerToutes ces couleurs fraîches, ces a-plats me sautent aux yeux ! Je fais le parallèle alors avec Sonia Delaunay, je me dis qu'ils ont été contemporains. Que serait devenu Macke s'il avait vécu ?
RépondreSupprimerDans certaines de ses toiles on devine l'influence du cubisme... Que de mouvement dans toutes. Le flûtiste que tu as mis en exergue bien à propos me fait penser au mythique dieu Kokopelli
http://fr.wikipedia.org/wiki/Kokopelli
Bien vue, la corrélation avec Kokopelli :-)
SupprimerJ'ai retrouvé ma connexion. Ouf ! Et je découvre ta nouvelle page sur Macke. Plein de coups de coeur dans les tableaux que tu nous présentes : "les quatre filles", "le restaurant du jardin", "la promenade dans les fleurs", "la promenade sur le pont","le jardin zoologique, " Rokoko"...Tous ces tableaux me semblent être une autre version du "Paradis".
RépondreSupprimerJe reviendrai, il y a tellement de choses à glaner. Tes billets sont un plaisir qui dure et c'est bon !
A plus tard, Tilia !
Ne me parle surtout pas des pannes de connexion, ça me file des boutons ! Contente que tes ennuis soient finis.
SupprimerMacke avait l'art et la manière de peindre les petits bonheurs de la vie quotidienne. L'optimisme faisait sans doute partie de sa nature. On peut également l'imaginer comme une parade au pressentiment de la catastrophe qui devait l'emporter...
Bises et à bientôt, Fifi
En fait c'était une connexion intermittente que j'avais retrouvée mais cela a été réparé cet après-midi. Il a fallu changer le câble extérieur qui faisait le lien avec la maison. Maintenant je pense que c'est bon pour de bon. Vraiment pénible quand nos belles installations ne répondent plus :-(
RépondreSupprimerMerci Tilia pour tous tes liens, je me réjouis de les découvrir l'un après l'autre. Il me faudra un peu de temps pour rattraper mon retard et revenir vers toi dans ton grenier poursuivre ma découverte de Macke, que sans toi, je n'aurais probablement pas eu l'occasion de connaître.
Je t'embrasse !
Encore une fois un très bon et intéressant billet ! Merci.
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