Quand je l'ai trouvé un petit matin,
il m'attendais depuis cent vingt ans.
Il demeure, assis au fond du jardin,
abîmé dans ses pensées moroses,
ignorant la fraîcheur du crépuscule,
indifférent au parfum des roses,
sans même voir la belle renoncule.
En le découvrant ainsi ce jour là,
visage sombre et muscles épanouis,
tel qu'il est, encore et toujours, depuis,
son charme insidieusement me parla.
Dans un recoin bien caché de mon âme
son image s'imprima durablement.
Pour lui il se pourrait que je me pâme
s'il pouvait me redonner mes vingt ans.
Mon beau Dæmon - ©VesperTilia
Mikhaïl Vroubel - Démon assis dans un jardin
Mikhaïl Aleksandrovich Vroubel a peint ce tableau, premier d'une série consacrée au thème du Démon, en 1890. Le 22 mai de cette année là, il écrit à sa soeur Anna. En lui parlant de son tableau en cours d'exécution, il lui explique qu'il y a déjà un mois qu'il y travaille et que ce n'est plus le démon monumental qu'il pensait peindre jusqu'alors, mais plutôt une simple figure démoniaque.
Plus tard, à propos de ses illustrations pour le poème de Lermontov, il dira que cette représentation du démon n'a pas été comprise, car confondue avec le Malin, le diable cornu, alors que le démon qu'il a peint c'est le Dæmon grec. Celui de Socrate, ce double de l'âme que l'on appelle aussi génie.
Plus tard, à propos de ses illustrations pour le poème de Lermontov, il dira que cette représentation du démon n'a pas été comprise, car confondue avec le Malin, le diable cornu, alors que le démon qu'il a peint c'est le Dæmon grec. Celui de Socrate, ce double de l'âme que l'on appelle aussi génie.
De même que Vroubel, le poète Mikhaïl Lermontov ne se sentait pas à l'aise parmi ses semblables. Rien d'étonnant donc à ce que Mikhaïl le peintre ait illustré Le Démon de Mikhaïl le poète.
Dans L'étrange destin de Lermontov, Henry Troyat écrit : « De l'œuvre de Dieu, seule la partie inhumaine lui était chère. Il méprisait la foule des vivants, mais la nature, avec ses pierres, ses arbres, son ciel, ses eaux, ses bêtes sauvages et libres lui apportait, aux heures de crise, le réconfort dont il avait besoin. »
Vroubel (1856-1910), Lermontov (1814-1841), deux noms à ajouter à la longue liste des "artistes maudits" du dix-neuvième siècle, en compagnie de Gérard de Nerval (1808-1855) et de Vincent Van Gogh (1853-1890).
Dans L'étrange destin de Lermontov, Henry Troyat écrit : « De l'œuvre de Dieu, seule la partie inhumaine lui était chère. Il méprisait la foule des vivants, mais la nature, avec ses pierres, ses arbres, son ciel, ses eaux, ses bêtes sauvages et libres lui apportait, aux heures de crise, le réconfort dont il avait besoin. »
Vroubel (1856-1910), Lermontov (1814-1841), deux noms à ajouter à la longue liste des "artistes maudits" du dix-neuvième siècle, en compagnie de Gérard de Nerval (1808-1855) et de Vincent Van Gogh (1853-1890).
© VesperTilia, echos-de-mon-grenier 2010
De très jolies couleurs dans ce tableau champêtre. Quel beau génie et tout en muscles!!! Je le placerais bien dans mon jardin pour un petit coup de main! Hum!... Je veux dire que les génies du potager chez nous s'appellent papillon, coccinelle, libellule, lézard vert ou vipère et s'ils sont aussi très beaux (à part le crapaud) leur aide n'est pas toujours très efficace.
RépondreSupprimerÊtre le démon de quelqu'un...
RépondreSupprimerIl n'y a que ça de vrai !
@cheminezenlair
RépondreSupprimerQuelle vilaine réputation que celle du crapaud !... Il est pourtant bien utile au jardin et pas si laid que ça.
Voici une excellente description de l'animal et de ses moeurs, plus terrestres qu'aquatiques, couac on en dise.
Quelques fois, il faut savoir reconnaître le prince sous l'apparence du crapaud : le prince charmant en action.
Avignon, tu parles d'or.
RépondreSupprimerAvoir son propre daemon, ça ne doit pas être mal non plus !
Je ne connais pas "The golden compass"...
RépondreSupprimerPas de compas sur ton navire,
RépondreSupprimerCapitaine Avignon ? ;-)
Tu ne connais pas La Boussole d'Or ?
J'ai adoré la première trilogie de "À la croisée des mondes" et ça me fait penser qu'il faudrait que je lise la seconde.
Le démon comme le diable est bien plus troublant que l'ange, trop lisse trop prévisible.
RépondreSupprimerIl y a tant d'humain en lui, tant de beauté en son regard, tant de souffrance aussi.
@Jeandler
RépondreSupprimerPour René Clair, c'est Gérard Philippe qui incarne La Beauté du Diable.
Quant à l'origine de l'expression, elle viendrait d'un vieux proverbe "le Diable était beau quand il était jeune" signifiant que la beauté est inhérente à la jeunesse.
Ou bien le diable vole-t-il la beauté de la jeunesse pour mieux attirer ses victimes ? C'est le cas de celui du tableau. Les démons, tels qu'ils sont le plus souvent représentés, ne risqueraient pas de tenter qui que ce soit.
RépondreSupprimerCela fait partie de l'esprit "romantique" que d'être maudit, comme une sorte d'aura.
@Fardoise
RépondreSupprimerMais qui croit encore au diable, en tant qu'esprit tentateur, de nos jours ? j'ai bien peur que le diable soit humain, trop humain... et pas très séduisant malgré sa Rolex.
LE DIABLE ???
RépondreSupprimerMAIS C'EST UNE INVENTION DE CURETONS !!!
À propos, non, je ne connais pas La boussole d'or.
RépondreSupprimerIl faut croire que chez moi, la boussole dort.
Avignon, j'adore tes coups de gueule. Au moins ça réveille, que diable !
RépondreSupprimerOui Avignon je confirme, le diable c'est une sale invention des curetons.
RépondreSupprimerJ'aime bien ce démon-là, il me semble à moi bien calme au fond, et le vert lui sied au teint.
Est-ce une portion du tableau ou est-il ici entier ?
Le vert, oui, comme une robe que l'on choisirait dans les rues d'Avignon...
RépondreSupprimer;)
Mon mot de vérif est "unoticu"...
Nathalie, le tableau est reproduit dans son intégralité, mais la teinte varie selon les sources.
RépondreSupprimerJe trouve ce démon plus séduisant en vert (et contre tous) ;-)
Avignon, le vert est ma couleur préférée, mais il y en a peu que je déteste.
RépondreSupprimerToi, tu préfères le rouge et le blanc, je parie ? ;-)
Ben non.
RépondreSupprimerMa couleur préférée est le bleu, à cause de ses infinies nuances maritimes et célestes. J'aime les turquoises et les outremers profonds que l'on trouve dans les calanques et les ciels des soirs d'été.
As-tu bien regardé mon avatar ?
Rouge et blanc... est-elle taquine...
Ceci dit, nous serons très bientôt en pays catalan. Et en ce moment, il vaut mieux y être vêtu en rouge et blanc !
Bien sûr que je te taquines Avignon ! En principe les Poissons aiment le bleu et tu ne fais pas exception.
RépondreSupprimerQuant à moi c'est le ciel vert de la forêt qui m'enchante, de même que le vert des eaux de la Sorgue.
Que veux tu dire par "nous serons très bientôt en pays catalan" ? Le diable serait-il catalan ?...
Nous allons traverser les Pyrénées en plein durant les fêtes de Bayonne. On nous a même conseillé des bouchons d'oreilles pour les nuits !!!
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