Henri Duhem (photo à gauche) à droite : détail du tableau de Charlez |
Henri Duhem, peintre douaisien
Dans le billet précédent, première partie de mon enquête à propos du tableau, signé Charlez, représentant l'endroit où la Scarpe pénètre dans la ville de Douai, nous avons vu que ce tableau appartenait au peintre Henri Duhem natif de cette ville du Nord, dont il a peint maintes fois divers aspects, dont Le Canal à l'Entrée des Eaux en particulier.
Du fait de la ressemblance de costume et d'attitude, mise en évidence par l'illustration en tête de ce billet, il est fort probable que ce soit Henri Duhem que Charlez a représenté ainsi, vu de dos, en train de peindre l'Entrée des Eaux, ce lieu si caractéristique que le peintre douaisien a peint à plusieurs reprises au fil du temps.
Canal de l'entrée-des-Eaux (avec le clocher de l'église Saint-Pierre au fond) Henri Duhem - 1912 Musée de la Chartreuse, Douai. |
Sans divulgâcher le troisième volet de mon enquête, je peux dire que Henri Duhem (1860-1941) avait une bonne vingtaine d'années de plus que Charlez et que ce dernier était issu d'un milieu social ouvrier, bien moins favorisé que celui d'Henri Duhem.
Henri, Aimé, Jules, Duhem est né dans une famille douaisienne aisée. Petit-fils de médecin, fils d'avocat, avocat lui-même à la Cour d'Appel de Douai, peintre, écrivain, mécène et collectionneur, il bénéficiait d'une certaine aisance financière, sans néanmoins posséder une immense fortune. Surtout après les souffrances endurées pendant les quatre années d'occupation allemande, dont certaines de ses peintures se firent l'écho.
Aux Sœurs de Charité Henri Duhem - Février 1916 collection privée |
L'Entrée des Eaux de Charlez
et celle d'Henri Duhem
Dans le billet précédent, nous avons également vu que le tableau de L'Entrée des Eaux par Charlez a probablement été peint au printemps 1922, soit quelques mois après celui de Duhem signé 9bre 1921. Peut-être que Charlez a observé Henri Duhem en train de peindre L'Entrée des Eaux et que l'idée de le mettre en scène lui est venue à ce moment là...
Automne (personnages près d'un canal) Henri Duhem - Novembre 1921 Collection privée : lire la notice |
Tandis que Duhem a peint son tableau dans l'atmosphère mélancolique de l'automne d'après-guerre, celui de Charlez montre le peintre sous un parasol le protégeant de la lumière trop vive d'un soleil printanier, voire estival.
Un printemps qui pourrait être l'image de la renaissance d'Henri Duhem qui, si durement éprouvé par ses deuils, a eu le courage et la persévérance de continuer malgré tout son œuvre de mise en peinture de l'histoire de Douai (cliquez sur les liens dans la légende de l'image ci-dessous pour en savoir plus).
Deutsches Haus - l'Hôtel du Grand Cerf (détruit par un bombardement allemand en 1940) Henri Duhem - Avril 1916 Musée de la Chartreuse, Douai. |
Pour en revenir au tableau de Duhem comparé à celui de Charlez, il me semble évident que si Duhem fait ressortir l'absence de la passerelle, Charlez, au contraire s'efforce de cacher cette absence (symbole des déprédations allemandes) en l'occultant presque totalement par le parasol du peintre.
Charlez a placé les blocs de pierre, décombres du pont détruit en 1918, sur la plus grande partie du premier plan de son tableau et on y voit le peintre assis sur l'un d'entre eux, le pied de son parasol coincé entre deux autres blocs. Symboliquement, s'asseoir sur quelque chose signifie considérer la chose en question comme négligeable, n'en avoir plus rien à faire et s'en moquer.
Le véritable sujet du tableau de Charlez intitulé (par le musée) Le Canal à l'Entrée des Eaux serait donc le peintre continuant à peindre sa ville après avoir tourné la page de la guerre et dans l'attente de sa reconstruction. Un sens qui peut paraître obscur de nos jours mais qui, au terme de quatre années d'occupation, devait être clair pour le spectateur douaisien.
Finalement, en toute logique, on peut penser qu'une fois fini de sécher le tableau a été acheté à Charlez par Henri Duhem, d'autant plus qu'il
s'agissait de lui-même en train de peindre. Il y aurait donc bel et bien eu contact entre les deux peintres, du moins à ce moment là...
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Après le décryptage du tableau, mon prochain billet sera, enfin, consacré aux résultats de mon enquête sur Mister Charlez, avec en prime une belle surprise .
EDIT du 6 Novembre :
En fait, il y aura DEUX ! belles surprises au menu du prochain billet...
Mais ce ne sera pas dans l'immédiat : les récents ennuis de santé de mon époux sont responsables de mon manque de temps et donc du retard qui s'accumule.
©VesperTilia, échos-de-mon-grenier 2021
Recherches et découvertes toujours aussi époustouflantes!
RépondreSupprimerJ'aime bien ta manière de dépasser le réalisme en proposant une interprétation symbolique... très imagée.
A quoi pouvons-nous nous attendre de plus , à présent ?
Aux principales étapes de la vie de Charlez (entre 0 et 36 ans) basées sur son état civil et militaire, ses bourses d'études, un recensement et quelques autres informations dont une absolument irréfutable. Mais ensuite je perds sa trace avec pour seuls jalons jusqu'à la date de son décès (à l'âge de 85 ans) les actes de mariage, décès et filiation de son frère et de sa sœur, ainsi que les actes de décès de son père et de sa mère.
SupprimerCoucou Tilia.
RépondreSupprimerQuelle qualité d'observation!
La première image est bluffante...
Aucun doute c'est bien le même personnage.
Très bon dimanche A ++
Hello Daniel
SupprimerRavie de voir que mon hypothèse tient la route ;-)
Bonne fin d'octobre, avec ou sans friandises d'Halloween :D
Beaucoup de charme dans ces tableaux délicats. Merci.
RépondreSupprimerMerci à toi, Manouche, pour ta fidélité au grenier
Supprimertu m'épates toujours, je bisse la commentaire de Miss_Yves !
RépondreSupprimerbonne journée sous le soleil d'automne Tilia
bises
Miss_Yves est directement concernée par ma recherche, puisque c'est elle qui m'as mise sur la piste de Charlez !
SupprimerJ’espérais mettre fin au suspens sous peu, mais je viens de prendre une semaine de retard : mon époux a chuté sur le derrière la semaine dernière et s'est sérieusement abimé une vertèbre lombaire. Du coup, je suis son infirmière à domicile. Enfin, ça commence à aller un peu mieux.
Bonne soirée Halloween, Josette, bisous
Désolée pour toi et ton époux à qui je souhaite un prompt rétablissement.
SupprimerLa relation entre les deux peintres doit être sans doute beaucoup plus importante qu'il n'y paraît...
RépondreSupprimerC'est possible, mais pour l'instant je n'ai aucun élément qui le prouve...
SupprimerDonc d'après ta réponse à Miss Yves Charlez aurait bien existé.
RépondreSupprimerJ'attends la suite de ton enquête.
Quel travail tu fais !
Belle journée et bises d'automne.
Bien sûr que Charlez a existé ! c'est indubitable.
SupprimerPour ce qui est du retard de mon enquête, voir plus haut ma réponse à Josette.
Bises et bonne soirée d'Halloween
J'aime la lumière douce et le pinceau impressionniste d'Henri Duhem. Mais j'aime aussi le trait plus simple, vigoureux et les couleurs franches du tableau de Charlez.
RépondreSupprimerOn peut imaginer Charlez comme un élève reconnaissant rendant hommage à son maître par cette mise en abyme picturale (le terme est-il approprié ?)
Tu images bien que nous attendons tous avec impatience le dénouement de ton enquête.
Charlez a étudié aux "école académiques" ancien nom des Beaux-Arts et Henri Duhem était bien plus âgé que lui, il avait cinquante ans lorsque Charlez a fait son service militaire.
SupprimerPour le retard pris par mon enquête, voir plus haut ma réponse à Josette.
Belle et bonne soirée d'Halloween, Fifi, je t'embrasse
Notre petite fille de quatre ans est en vacances chez papy mamy, son frère prendra la relève la semaine prochaine. Les journées sont bien remplies entre jeux, promenades, lecture d'histoires et intendance.
RépondreSupprimerBonne soirée et bonne nuit, chère Tilia.
Je t'embrasse.
A bientôt !!
Merci, à bientôt Fifi ♥
SupprimerLe tableau au chapeau de Charlez est en tout cas parfaitement composé avec une certaine joliesse des maisons et des arbres et en même temps des formes simples et vastes augurant du cubisme (pierres parasol)
RépondreSupprimerLa vie de Durheim me fait penser à ma grand mère et à d'autres de ce temps là qui pouvait toucher un peu à tout (ce qui ne peut se faire de nos jours quoique de nos jours on est capable de tâter à des vies totalement différentes et se reconvertir)
Il me faudrait te montrer (en le photographiant) un médaillon dessiné dans le livre d'or de ma grand mère par un ami peintre de sa jeunesse auprès de qui elle a beaucoup travaillé en extérieur : ils sont de dos assis sur un pliant, elle porte une robe longue et un chignon, lui est en costume et a un chapeau tel celui de Charlez
Bises, Tilia !
Merci pour ton gentil commentaire, Tilia et ton haïku ♥♥♥
RépondreSupprimerL'or des feuilles en cette saison, nous dédommage un peu du manque de lumière. 17 heures 40, il fait déjà nuit :-(
J'aime l'automne, une saison apaisante et belle.
J'espère que tu pourras bientôt reprendre tes promenades et profiter de belles journées ensoleillées.
A bientôt.
Je t'embrasse
Coucou ma chère Tilia. J'espère que les soucis de santé de ton homme vont rapidement s'en aller. Je te/vous le souhaite de tout coeur. Prends le temps qu'il faut, les blogs attendront. Quant à ton billet, en regardant les tableaux de Monsieur Henri, j'ai l'impression que ce n'est pas le même peintre. Comme quoi, le style évolue. J'ai trouvé la remarque de Cergie très pertinente sur les blocs du tableau de Charlez. On sent effectivement le cubisme arriver. Je trouve qu'ils prennent beaucoup de place dans le tableau, comme pour montrer les destructions passées. Mais après les destructions, il y a la reconstruction. Bises alpines et prends bien soi de toi/vous.
RépondreSupprimerTrès intéressante, cette enquête sur les routes secondaires de l'histoire de l'art : il y a matière à découvrir.
RépondreSupprimerJ'ai trouvé cette enquête passionante.
RépondreSupprimerEn dix jours ton mari a, je l'espère, surmonté ses ennuis de santé et toi tes soucis à son égard. Nous sommes de merveilleuses petites machines qui parfois se dérèglent hélas. La vie qui va dépasse le blog, c'est frustrant mais il faut se faire une raison et hiérarchiser les priorités
RépondreSupprimerJe viens de photographier les pages du livre d'or de ma grand mère dont je t'avais parlé. La VOICI. Cela date du début du siècle dernier ou même peut être de la fin du siècle précédent. Mon frère m'a donné un tableau du profil de ma grand mère que nous appelions "l'arlésienne" et qui était au mur je ne sais plus où. Je suis très contente mais je ne sais pourquoi ma belle-soeur ne trouve pas de place pour lui.
(Avec toutes ces erreurs d'accord de genre en français comment veux tu que je maîtrise bien l'italien auquel je m'adonne en ce moment tous les jours ?)
SupprimerEn attendant que tu nous dévoiles tes découvertes, je me régale des scènes de ville qu'a peintes Henri Duhem. Lors de notre séjour récent à Epinal, j'ai photographié certaines façades ou lieu qui ont marqué mon enfance et mon adolescence. Ce sont les occupants des lieux et leur affectation surtout qui changent.
Bonne fin de semaine, Tilia,
Bises
Hélas, Cergie, la vertèbre tassée (cassée) de mon époux nécessite entre six et huit semaines pour se consolider, autrement dit pas avant Noël.
SupprimerPour l'instant il peut tout juste se déplacer dans l'appartement et c'est moi qui assure le ravitaillement avec mes jambes !
Donc guère de temps à passer devant l'ordi.
Merci pour tes encouragements et pour tes échos toujours si sympathiques.
Bises et amitiés
Coucou Tilia, un ennui comme celui-là, laisse peu de place aux recherches et autres visites internet. Le "ravitaillement à pied" est une lourde charge. Je comprends d'autant mieux tes réticences quant à la neige !!
RépondreSupprimerTon oeil de lynx a vu les vilaines taches noires sur le joli doré des feuilles. Moi non, je n'y ai vu "que du feu", que du flamboyant automnal :-)
J'ai été un peu rassurée par le lien qui informe: "Maladie peu grave, sauf en pépinières."
Merci pour ton regard attentif et la "monnaie diabolique" toute en poésie.
Je t'envoie un colis bien ficelé d'ondes amicales, positives et guérisseuses pour ton mari !
Je t'embrasse.
Colis bien reçu, Fifi, je t'en remercie grandement. Pour les feuilles je vais te répondre sur ton fil. Quant à la suite du mystère Charlez, je m'y attèle malgré tout et pense pouvoir la publier d'ici une huitaine de jours.
SupprimerGrosses bises et encore merci pour pour ta bienveillance à mon égard
il y a un pour de trop ! faudrait que je me couche plus tôt :D
SupprimerNous attendrons! Meilleure santé à votre époux...
RépondreSupprimerMerci Chri, pour Charlez cela ne saurait plus guère tarder. Pour mon époux, ce n'est pas encore le cas.
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